ÉVANGILE « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle » (Jn 6, 60-69)

En ce temps-là, Jésus avait donné un enseignement dans la synagogue de Capharnaüm. Beaucoup de ses disciples, qui avaient entendu, déclarèrent : « Cette parole est rude ! Qui peut l’entendre ? » Jésus savait en lui-même que ses disciples récriminaient à son sujet. Il leur dit : « Cela vous scandalise ? Et quand vous verrez le Fils de l’homme monter là où il était auparavant !… C’est l’esprit qui fait vivre, la chair n’est capable de rien. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et elles sont vie. Mais il y en a parmi vous qui ne croient pas. » Jésus savait en effet depuis le commencement quels étaient ceux qui ne croyaient pas, et qui était celui qui le livrerait. Il ajouta : « Voilà pourquoi je vous ai dit que personne ne peut venir à moi si cela ne lui est pas donné par le Père. » À partir de ce moment, beaucoup de ses disciples s’en retournèrent et cessèrent de l’accompagner. Alors Jésus dit aux Douze : « Voulez-vous partir, vous aussi ? » Simon-Pierre lui répondit : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. Quant à nous, nous croyons, et nous savons que tu es le Saint de Dieu. »

HOMELIE

« SEIGNEUR, À QUI IRIONS-NOUS ? TU AS LES PAROLES DE VIE ÉTERNELLE »

Une fois, des amis ont invité un couple à dîner chez eux. Ce couple, au jour convenu, a pris la voiture en direction de la maison de leurs amis. Le mari conduisait la voiture. Lorsqu’ils arrivèrent près de la maison des amis, la femme dit à son mari : « Va à gauche car c’est là-bas la maison des amis ». Le mari a répondu : « Non, d’après les instructions qu’ils m’ont données, je suis sûr que leur maison est de l’autre côté. Le mari est entré du côté droit, a fait le tour plusieurs fois et n’a pas trouvé la maison de ses amis. Le mari, gêné par son entêtement, regarda sa femme… et elle souriait. Alors le mari dit à sa femme : « Quand Je t’ai dit que la maison était de l’autre côté, pourquoi n’as-tu pas insisté sur moi ? La femme a répondu : « Je n’ai pas insisté sur toi parce que si j’avais insisté nous nous disputerions tous les deux, et notre dîner serait très désagréable. Donc, J’ai dû faire un choix. Entre avoir raison ou être heureuse, j’ai choisi d’être heureuse ».

La liturgie de ce dimanche nous parle d’options. Elle nous rappelle que notre existence peut être consacrée à la poursuite de valeurs éphémères et stériles, ou à parier sur ces valeurs éternelles qui nous mènent à la vie définitive, à la pleine réalisation. Chaque homme et chaque femme doit faire son choix, jour après jour.

Dans la première lecture, Josué invite les tribus d’Israël réunies à Sichem à choisir entre « servir le Seigneur Dieu » et servir d’autres dieux. Le Peuple choisit clairement de « servir le Seigneur », comme il l’a vu, dans l’histoire récente de la libération de l’Égypte et du voyage à travers le désert, comment seul Dieu peut donner à son Peuple la vie, la liberté, le bien-être et la paix.

L’Évangile de ce dimanche pose clairement la question des choix que nous, disciples de Jésus, sommes invités à faire… Chaque jour nous sommes interpellés par la logique du monde, au sens de fonder notre vie sur les valeurs de pouvoir, de réussite , ambition, biens matériels, mode, le « politiquement correct » ; et chaque jour nous sommes invités par Jésus à construire notre existence sur des valeurs d’amour, de service simple et humble, de partage avec nos frères et sœurs, de simplicité, de cohérence avec les valeurs de l’Evangile… Il est inutile de cacher notre  tête dans le sable : ces deux modèles d’existence ne peuvent pas toujours coexister et s’excluent souvent. Nous devons faire notre choix, sachant qu’il aura des conséquences sur notre mode de vie, notre relation avec nos frères et sœurs, la façon dont le monde nous voit et, bien sûr, la satisfaction de notre faim de bonheur et de vie pleine. Nous ne pouvons pas essayer de plaire à Dieu et au diable et vivre une vie « tiède » sans exigences, en essayant de concilier l’inconciliable. La question est la suivante : sommes-nous ou non disposés à adhérer à Jésus et à le suivre sur le chemin de l’amour et du don de la vie ?

Les « nombreux disciples » mentionnés dans le texte qui nous est proposé n’ont pas eu le courage d’accepter la proposition de Jésus. Attachés à leurs rêves de richesse facile, d’ambition, de pouvoir et de gloire, ils ne voulaient pas emprunter la voie du don total de soi au profit de leurs frères. Ce groupe représente ces « disciples » de Jésus trop attachés aux valeurs du monde, qui fréquentent peut-être même la communauté chrétienne, mais qui dans leur quotidien sont obsédés par l’expansion de leur compte bancaire, la réussite professionnelle à tout prix, avec l’appartenance à l’élite qui assiste aux fêtes sociales, sous les applaudissements de l’opinion publique… Pour eux, les paroles de Jésus « sont des paroles dures » et sa proposition de radicalisme est une proposition inadmissible. Cette catégorie de « disciples » n’est pas aussi rare aujourd’hui… A des degrés divers, nous ressentons tous, parfois, la tentation d’atténuer la radicalité de la proposition de Jésus et de construire notre vie avec des valeurs plus cohérentes avec une vision « légère » de l’existence. Nous devons être continuellement vigilants sur les valeurs qui nous guident, afin de ne pas risquer de « tourner le dos » à la proposition de Jésus.

Les « Douze » sont restés avec Jésus, convaincus que lui seul à « des paroles qui communiquent la vie éternelle ». Ils représentent ceux qui ne se conforment pas à la banalité d’une vie bâtie sur des valeurs éphémères et qui veulent aller plus loin ; ils représentent ceux qui ne veulent pas passer leur vie sur des chemins qui ne mènent qu’à l’insatisfaction et à la frustration ; ils représentent ceux qui ne veulent pas mener leur vie au gré de la paresse, de l’auto-indulgence, de l’installation ; ils représentent ceux qui adhèrent sincèrement à Jésus, s’engagent dans son projet, accueillent dans leur cœur la vie que Jésus leur offre et s’efforcent de vivre en harmonie avec l’option pour Jésus qu’ils ont fait le jour de leur baptême. Attention : cette option de suivre Jésus doit être constamment renouvelée et constamment surveillée, afin que le niveau de cohérence et d’exigence soit maintenu.

Dans la deuxième lecture, Paul dit aux chrétiens d’Éphèse que l’option pour le Christ a aussi des conséquences au niveau de la relation familiale. Pour le disciple de Jésus, l’espace de la relation familiale doit être le lieu où se manifestent les valeurs de Jésus, les valeurs du Royaume. Avec leur partage d’amour, avec leur union, avec leur communion de vie, le couple chrétien est appelé à être signe et reflet de l’union du Christ avec son Église.

Abandonner la Foi, c’est s’éloigner de l’Amour que nous portons en nous. Quitter l’amour est un terrain glissant. Mais même si nous abandonnons Dieu, Il ne nous abandonne jamais. La faiblesse, l’infidélité, l’abandon sont obsolètes ; l’amour est éternel. Les PAROLES de Jésus sont plus puissantes que nos faiblesses. Si nous n’allons pas à Lui, où pouvons-nous aller ?

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