Dimanche 3 mai 2020
« Je suis venu pour que les brebis aient la vie. »
L’évangile du bon pasteur est traditionnellement l’occasion de prier pour les vocations. Prenons cette expression au sens large et non étroit de la seule vie religieuse… Vous, qui lisez ce message, Dieu vous appelle aussi à la vie !
Ce dimanche, demandons à l’Esprit Saint de nous éclairer sur notre vocation pour répondre le plus pleinement possible à l’appel du Christ et devenir chaque jour un peu plus vivant, même si nous sommes confinés pour un peu de temps encore. Portons dans notre prière le pape François, les évêques, les prêtres plus spécialement Rémi et Thierry et les nouveaux Vincent, Alvaro et Jean-Claude qui arriveront dans le doyenné en septembre…, nos diacres Jean-Claude et Bernard… et toutes les personnes qui ont reçu une mission pastorale dans l’Église.
Ce dimanche est aussi un jour de fête pour l’église et la communauté de Saint Simond (version contractée de Si-gis-mond) qui honore son Saint patron, Sigismond (fêté le 1er mai et pour nous le dimanche suit). Quelle fut sa vocation ? celle d’un converti au catholicisme, d’un roi à l’écoute de son peuple, d’un repenti, d’un martyr…
Sigismond fils du roi des Burgondes (cousin de Clotilde, la femme de Clovis), épouse la fille du roi d’Italie. Ceci explique nos attaches avec le monastère de St Maurice en Valais, patron de la Maison de Savoie. Les Francs sont devenus catholiques avec le baptême de Clovis ; les Burgondes restent adeptes de la religion arienne, déclarée hérétique par le Concile de Nicée.
En 514, impressionné par le prestige de Clovis et les paroles de saint Avit, évêque de Vienne, relevant du royaume Burgonde, Sigismond se converti à la foi catholique, mais sa vie dans un milieu où, père, frères et conseillers les plus proches ne partagent pas sa foi est difficile.
Il s’intéresse à la construction de la cathédrale St Pierre de Genève. Il fonde une abbaye à Agaune (Valais Suisse). Cependant une création monastique se conçoit avec le plein accord de l’Eglise. Sigismond associé au pouvoir avec son père, réside à Genève, et sent là sa vocation.
Un drame religieux, le massacre de la légion Thébaine (légion romaine ayant refusé de renier sa foi chrétienne) avait eu lieu dans la vallée du Rhône, en amont du Léman, à Agaune. La résignation à la mort de ces hommes pleins de force, leur refus de s’incliner devant les dieux de l’Empire romain avaient intensément frappé les esprits. Dans son homélie, le jour anniversaire du martyre de saint Maurice et de ses compagnons, St Avit fait l’éloge d’un prince qui vient de se surpasser en instituant la louange continuelle, que les moines inaugurent ce même jour dans l’abbaye, alors que partout la louange divine est reprise à heures fixes.
A la mort de son père, Sigismond monte sur le trône. Il gouverne un Etat unifié catholique, mais fragile, entre Rhin et Rhône, Alpes et Massif Central. Le centre du royaume est Lyon, Vienne en Dauphiné sa plus belle ville, Genève sa capitale secondaire.
Sigismond rend aux évêques le droit de se réunir en concile (Épaone 517), agrandit et enrichit le monastère de St-Maurice-en Valais qui semble le plus ancien d’Europe ici dans les Alpes.
Si le règne de Sigismond commence sous les meilleurs auspices, il va très vite connaître des couleurs tragiques. Devenu veuf, Sigismond qui avait un fils de son premier mariage, se remarie. Mais la nouvelle reine prend en haine le prince héritier, ne reculant devant rien pour le faire disparaître afin que son fils monter un jour sur le trône…
La sécurité du royaume est en jeu… Pour plaire à sa seconde épouse, Sigismond n’hésite pas à faire tuer son propre fils. Quand il apprend la conspiration inventée de toutes pièces, il est trop tard ! La calomnie de la reine a atteint son but, l’héritier du royaume a été supprimé. Anéanti devant ce qu’il vient de faire, Sigismond quitte la cour royale, s’enferme au monastère d’Agaune et supplie Dieu de le châtier.
Infatigable, Sigismond visite son peuple. De grandes routes solidement pavées, permettent de gagner villes et bourgades. L’une reliait Genève à Chambéry (Lemenc) par Annecy, le Val de Fier, Albens et Aix. En souvenir d’un passage remarqué, le nom de Sigismond fut laissé à un hameau d’Aix, avec au cours des siècles, la naissance d’une paroisse. La Croix érigée en 1879 sur la place de Saint Sigismond, lors d’une Mission, rappelle l’emplacement de cette première église du quartier de Saint Simond.
Par souci de bonne justice et de bonne administration, son père avait fait consigner par écrit les lois de son peuple, adaptées aux usages locaux, pour qu’elles s’appliquent à tous les habitants du royaume. A ce vaste Code, dit de la loi Gombette s’ajoutent par Sigismond, deux suppléments. Malgré ces mesures législatives donnant des droits identiques à une population composée de nombreux immigrés vivant aux côtés des Gallo-Romains et des Burgondes, le glas de l’indépendance sonne déjà.
En 523, Clodomir, l’un des fils de Clovis sentant l’affaiblissement de la Bourgogne, déclare la guerre à Sigismond. Celui-ci doit fuir, mais il est vaincu et fait prisonnier par les soldats du roi des Francs. Il finira tristement à Saint-Péravy-la-Colombe, près d’Orléans, jeté dans un puits avec femme et enfants. Ce puits qui porte le nom de ‘’puits St Simond’’ devient un lieu de pèlerinage.
Plus tard, l’abbé d’Agaune obtient l’autorisation de récupérer les restes de Sigismond et le fait enterrer dans le chœur de St Maurice d’Agaune jusqu’à ce que Charles IV les fasse transférer à Prague.
La sainteté de Sigismond, comme celle de nombreux saints, fut une passion qui provoqua de rudes conflits. Son titre de martyr lui vient du fait qu’il fut mentionné par Grégoire de Tours dans son De Gloria martyrum et dans son Histoire des Francs.
L’eau du puits était réputée pour guérir les fièvres. On priait Sigismond contre la fièvre des marais, le paludisme, qui sévissait dans le Valais, avant la régulation du lit du Rhône.
Allez dans l’église lire toute l’histoire de l’église de Saint Simond, construite à l’initiative de ses paroissiens et du curé Lansard. Le classeur est sur la margelle du puits ! (NC)