Un des deux diacres de notre paroisse, Jean-Claude CUMBO, a célébré, au côté de son épouse Gilda, les 25 ans de son ordination le 20 juin dernier. Rencontre avec un couple heureux, chez eux aux abords de l’église Sainte Marie-Madeleine à Tresserve.
Loïc et Sébastien : Bonjour à tous les deux. Merci de nous accueillir, et toutes nos félicitations. Est-ce que la célébration de ton jubilé était réussie ?
G&JC CUMBO : Oui. Gilda et moi avons été très touchés. Nous ne nous attendions pas à une telle assemblée alors que nous l’avions annoncé seulement dix jours avant. Nous avons reçu tant de marques de sympathie et d’amour fraternel ce jour-là…c’était une très grande joie d’autant plus qu’il règne une très bonne ambiance au sein de la communauté chrétienne aujourd’hui. Tant avec les prêtres, Rémi DOCHE, Emile ALLARD et Thierry NAPOU, mon frère diacre Bernard DANEROL, les fidèles, les équipes, les groupes, les relations sont au beau fixe et c’est un grand bonheur. Après 25 ans au service des gens, 53 ans de mariage avec Gilda, 16 années sur Tresserve, tout cela fait de moi un diacre HEUREUX !!
Et pourtant, comme tout un chacun, ma famille, ma femme et moi-même traversons des épreuves parfois difficiles mais grâce à Dieu rien ne vient entacher la joie commune à notre couple.
Loïc et Sébastien : C’est ce que nous voyons ! A ce propos, peux-tu nous rappeler ce qu’est le diaconat permanent et quel est le rôle d’un diacre ?
G&JC CUMBO : Un diacre, dans l’Eglise, est un serviteur. Il est ordonné pour servir l’Eglise et tous les hommes. Il est signe d’Eglise ouverte à tous et proche des plus pauvres. Il célèbre des baptêmes, prépare et béni des mariages ou préside des funérailles. Il peut également lors des célébrations, proclamer l’Evangile et parfois en assurer l’homélie. Par toute sa vie, il est appelé à témoigner de la Bonne Nouvelle de l’Evangile pour le monde d’aujourd’hui. Il est signe de l’Eglise PARMI LES HOMMES, et peut exercer une activité professionnelle. Ses paroles et ses actes engagent donc l’Eglise tout entière et c’est une grande responsabilité.
On ne peut pas parler des diacres sans parler de leurs épouses et de leurs familles : le diaconat est une affaire de couple et de famille. Le fait de vivre ENSEMBLE, Gilda et moi, notre mission de baptisés, aide beaucoup, car elle a toujours été à mes côtés. Quant à nos enfants et nos petits-enfants, ils ont toujours respecté nos choix et notre vie comme nous avons toujours respecté les leurs, parfois bien différents des nôtres (Rires).
Enfin, on ne peut pas oublier de parler de la relation des diacres et des prêtres. En 25 ans, tant avec René PICHON, qu’aujourd’hui avec Rémi DOCHE j’ai été et je suis un diacre comblé. Co-célébrer avec Thierry NAPOU, Emile ALLARD (qui a fêté le 7 juillet ses 50 ans de sacerdoce) et Norbert GAUDERON est toujours une grande joie. Je n’oublie pas mon frère diacre Bernard, avec qui je crois nous formons un bon duo de serviteurs de la paroisse. J’ai la grande chance, la très grande chance de vivre mon diaconat dans ces conditions. Je me répète, mais je suis un diacre, un époux, un père et un grand-père heureux !
Loïc et Sébastien : Toi et Gilda êtes d’une grande disponibilité. Tes semaines doivent être bien chargées. Comment arrivez-vous à concilier vie de famille et le diaconat ?
G&JC CUMBO : Le planning, c’est la spécialité de Gilda ! et c’est une spécialité difficile : le mot important dans le diaconat c’est « service » et être au service de l’Eglise et des hommes exige de savoir accueillir et donc de savoir s’oublier, donc inévitablement de faire passer souvent les besoins d’un frère avant les nôtres. Ce n’est pas toujours facile, nous pouvons recevoir des visites dès 7h30 le matin.
La contrepartie pour nous, notre récompense, ce sont les nombreuses rencontres que nous avons la chance de faire. Elles sont véritablement le moteur de notre vie et alimentent notre joie d’être au service du Seigneur. Des jeunes de l’Aumônerie au début de mon diaconat, aux catéchumènes, aux moins jeunes, aux ainés, aux mariés, aux parents de baptisés, aux familles en deuil, aux malades des maisons de retraite comme Arc-en-Ciel ou le Tiers-Temps, l’ensemble de celles et ceux que le Seigneur met sur notre route rythment nos semaines et comblent notre vie.
Je dis combler, car ces rencontres sont parfois de véritables grâces. Par exemple, il y a quelques années, un jeune couple m’a demandé si deux de leurs amis, une femme rabbin et un imam pouvait intervenir lors de la cérémonie. Ils ont pris en charge la prière universelle en Français, en Hébreu et en Arabe ! Ce fut un grand moment d’universalité et d’œcuménisme. Mais le meilleur, c’est, lorsque nous partagions le moment que nous venions de vivre, quand ils m’ont confié être mariés ! Une juive et un musulman, religieux de surcroit, MARIES ! Comme quoi l’amour rend tout possible, même l’impossible.
Il y a quelques mois, un sans domicile fixe, Jean-Jacques, bien connu des habitants de la Paroisse, est mort de froid, dans une solitude que les circonstances de la vie l’ont amené à choisir. Alors que je pensais que l’église serait vide, nombre d’amis, de gens de la rue, de représentants d’associations, d’anonymes, émus par cette disparition sont venus pour l’entourer. Ce fut un grand moment de solidarité et de fraternité. A cette occasion, comme il jouait de l’harmonica en l’échange d’une pièce à la sortie des églises, j’ai joué de cet instrument au pied de son cercueil. C’était un grand moment d’amour fraternel.
Loïc et Sébastien : Avec le recul, 25 ans après, est que c’était un bon choix ?
G&JC CUMBO : A plusieurs reprises, nous nous sommes posé cette question. Nous nous sommes demandé si nous ne devions pas vivre un peu plus pour nous, pour notre famille. Alors nous en discutons ensemble. J’ai 75 ans passés, et ce genre de question est naturelle. Nous repensons ensemble aux grands évènements de vie que représentent les baptêmes ou les mariages, aux besoins immenses qu’ont les familles endeuillées, aux jeunes, aux moins jeunes du MCR (Mouvement de Chrétiens retraités), au mouvement des jeunes familles, à « Ze Group » un groupe d’anciens catéchumènes que nous suivons encore car des liens forts nous ont tous unis lors de leur parcours. En tant que responsables du catéchuménat, nous sommes au contact de tous les « nouveaux cathos » et nous sommes optimistes pour l’avenir. Ce que l’Eglise a perdu en nombre de fidèles, elle le gagne par la grande qualité des nouveaux entrants. Et finalement nous arrivons tous les deux à la conclusion que c’était et c’est encore un très bon choix.
Un très bon choix, oui, car ma plus belle rencontre est celle avec Dieu. Avec Dieu, dans la prière. Et depuis quelques années celle-ci prend une dimension encore plus grande, encore plus intense car je consacre beaucoup plus de temps à la prière. Tous les matins, très tôt, je prie, sereinement, dans la confiance, avec mes manques et mes richesses. Je vis une relation intense avec le Seigneur, malgré les difficultés et les inévitables épreuves de la vie. La prière m’aide à demeurer dans la joie de le servir, dans la joie de l’amour, dans la joie de l’amour de Dieu.
FÊTER un anniversaire important, Pour les uns comme pour les autres, c’est dire la fidélité et le service, la prière et la joie. C’est aussi le merci qui leur est ADRESSÉ pour leur présence, et mission dans l’Eglise.
Rémi DOCHE