Vendredi 2 février à 14h30 et 20H00, nous avons l’honneur et la joie de recevoir M.Emmanuel Gabellieri pour une conférence intitulée : « Travailler et s’engager, pourquoi faire ? ».
Penser Simone Weil
Philosophe français né à Nice en 1957, Emmanuel Gabellieri a consacré la plus grande partie de ses travaux et publications à la pensée de Simone Weil qu’il a découvert adolescent par l’intermédiaire de Gustave Thibon et son ouvrage « La pesanteur et la Grâce ». En effet, la philosophe morte à 34 ans, a laissé derrière elle une multitude d’écrits sous forme de cahiers, laissant à d’autres le soin de la comprendre.
Comme beaucoup, Emmanuel Gabellieri a été « happé » par la profondeur de sa pensée mais là ou certains sont tentés de la résumer à ses écrits politiques, ou d’autres à ses écrits spirituels, Emmanuel Gabellieri a vu très tôt que la pensée de Simone Weil ne pouvait pas être divisée et constituait un bloc unifié. Il a perçu immédiatement en la philosophe, l’auteur la plus à même d’unifier philosophie et christianisme, notamment en soulignant le principe que « travail et contemplation sont les deux pôles de la pensée » donc que l’action et la contemplation étaient aussi importante l’une que l’autre.
Penser la philosophie
Les recherches d’Emmanuel Gabellieri consistent donc à articuler phénoménologie (l’étude systématique et l’analyse de l’expérience vécue) et métaphysique (recherche rationnelle ayant pour objet la connaissance de l’être, des causes de l’univers et des principes premiers de la connaissance). Il cherche également à approfondir le lien entre philosophie et christianisme. Et là ou beaucoup de spécialistes (non-croyants) de Simone Weil ne savent que faire de son rapport au christianisme, pensent qu’elle n’est pas chrétienne, qu’elle est hérétique, gnostique ou mystique sauvage, Emmanuel Gabellieri voit que ces accusations ont trop souvent empêché de lire Simone Weil pour elle-même, masquant sa pensée et sa profession de foi fondamentale mais aussi le prophétisme d’une mystique de « l’amour divin dans la création » et d’une mystique de l’action.
Penser le travail
Sur le travail, la pensée de Simone Weil peut apparaître paradoxale : d’une part nul n’a d’avantage qu’elle, à partir de son expérience directe de la condition des ouvriers des années 30, analysé et dénoncé l’aliénation au travail, mais d’autre part, aucun autre philosophe n’a sans doute affirmé autant la valeur humaine et spirituelle du travail authentique et la possibilité réelle d’élaborer une « civilisation » et une « spiritualité » du travail. Emmanuel Gabellieri s’est employé à accentuer ce trait de la pensée de Simone Weil pour développer une juste critique de la modernité et montrer comment la philosophe valorise un travail à sa juste mesure : don de soi du point de vue du service social qu’il opère et don mutuel du point de vue de l’intersubjectivité.
« La finalité du travail n’est ni la puissance, ni le culte de l’œuvre, ni la production mais le don de soi corps et âme, un dévouement modèle de tout héroïsme et de toute abnégation »
Ouvrages :
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- GABELLIERI, Emmanuel (2023). Être et Grace. Simone Weil et le christianisme. Paris : Editions du Cerf, 288 p.
- GABELLIERI, Emmanuel, MEATTINI, Serena (2020). Il senso del lavoro. Tra impresa e arte. Frano Angeli, 149 p.
- GABELLIERI, Emmanuel (2019). Le phénomène et l’entre-deux, Essai pour une metaxologie. Paris : Hermann, 285 p.
- GABELLIERI, Emmanuel (2017). Penser le travail avec Simone Weil. Bruyères-le-Châtel : Ed. Nouvelle Cité, 166 p.
- GABELLIERI, Emmanuel (2003). Être et don. Simone Weil et la philosophie. Leuven : Peeters Publishers, 582 p.
- GABELLIERI, Emmanuel (2001). Simone Weil. Paris : Ellipses, 72 p.
- GABELLIERI, Emmanuel, L’YVONNET, François (dir.) (2014). Simone Weil. L’Herne, 407 p.
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