Moïse devant le buisson ardent (1960-1966) – Marc Chagall (1887-1985)
Musée Marc Chagall, Nice.
La collection intitulée « le cycle du message biblique » est exposée au Musée Marc Chagall à Nice. Elle avait pour objectif initial de rendre vie à la Chapelle du Calvaire, à Vence, où vivait l’artiste entre 1949 et 1966.
Le cycle comporte douze tableaux illustrant La Genèse et l’Exode, les deux premiers livres de la Bible, et un ensemble de cinq peintures évoquant Le Cantique des Cantiques.
Parmi les douze premiers, Chagall choisit d’illustrer, avec une grande précision par rapport au texte biblique, les épisodes qui mettent en valeur les relations entre l’homme et Dieu.
Moïse devant le buisson ardent est l’un des douze tableaux de cette collection et parle de la relation entre l’homme et Dieu.
Au chapitre 3, versets 1 & 2 du livre de l’Exode il est dit : « Moïse était berger du troupeau de son beau-père Jéthro, prêtre de Madiane. Il mena le troupeau au-delà du désert et parvint à la montagne de Dieu, à l’Horeb. L’ange du Seigneur lui apparut dans la flamme d’un buisson en feu. Moïse regarda : le buisson brûlait sans se consumer.
Moïse contemple le buisson ardent et l’ange de Dieu dans un halo de lumière. Le buisson est embrasé par un Feu qui ne consume pas. La partie de droite du tableau est la plus large et le représente tombant à genoux. Il rayonne de lumière. Des rayons sortent de sa tête, comme deux cornes. En hébreu, le mot qui signifie rayonner signifie aussi « porter des cornes ». (Michel Ange a sculpté Moïse avec deux cornes). Ici Chagall tranche ce vieux débat d’interprétation en donnant à Moïse des cornes de lumière.
Au sommet de la toile, dans l’arc en ciel signe de l’alliance, un ange, au-dessus du buisson ardent, donne à Moïse la mission de libérer le peuple hébreu et de le conduire hors d’Egypte. Il ouvre grand les bras, sourit et annonce l’ouverture de la mer.
A gauche, la promesse se réalise et le peuple Hébreu passe la mer Rouge. La tête de Moïse rayonne toujours, il regarde les tables de la Loi. Il entraîne après lui comme dans un manteau le peuple sauvé de la fureur de Pharaon par le miracle de la mer qui se referme sur les chars et les guerriers. C’est le peuple qui est entrainé vers Moïse dont le visage est lumière. Le peuple poursuivi et persécuté monte vers la vie. Tout cela alors que le ciel est parcouru d’oiseaux et d’anges.
Dernier point : effrayés et bousculés, les chars et les chevaux essaient en vain d’échapper à la vague qui les submerge. Regardez comme se ressemblent le buisson en flammes et les corps tourmentés des guerriers dont les bras rouges s’élèvent comme des branches en feu.
Que dit cette œuvre de la relation des hommes avec Dieu ? Ceux qui écoutent et servent Dieu en vérité se mettent à rayonner de cette même lumière qui provient d’un feu qui ne consume pas. Vous en avez croisé, j’en suis sur. Peut-être même que l’un d’entre eux, s’appelle Alvaro. Il est prêtre et il rayonne. Tellement que la lumière qu’il porte ne peut pas ne pas être partagée avec nos frères. Alors nous rendons grâce aujourd’hui pour sa présence et pour sa future mission.
Nous fêtons la Transfiguration du Seigneur. Écoutons la Parole et découvrons qui est le Feu qui fait rayonner. Avec Moïse, comme avec Elie qu’on surnommait « la torche vivante », nous avons des témoins de la présence de Dieu. Avec Jésus, aujourd’hui, nous voyons son visage, Fils bien aimé, homme et Dieu.
« Qui regarde vers lui resplendira, sans ombre ni trouble au visage » : le psaume 33 que nous chantons parfois fait écho à la transfiguration du Seigneur. Soyez-tous les bienvenus, vacanciers, curistes, touristes de passage dans notre région. Au mois d’août, la lumière est magnifique et transfigure le lac, la nature et les paysages. Alors aujourd’hui, laissons nous transfigurer à notre tour par la lumière du Feu qui ne s’éteindra jamais, le feu ardent de notre espérance, et rendons grâce au Seigneur notre Dieu.
Sébastien Philippe