ÉVANGILE « Le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu » (Lc 19, 1-10)

En ce temps-là, entré dans la ville de Jéricho, Jésus la traversait. Or, il y avait un homme du nom de Zachée ; il était le chef des collecteurs d’impôts, et c’était quelqu’un de riche. Il cherchait à voir qui était Jésus, mais il ne le pouvait pas à cause de la foule, car il était de petite taille. Il courut donc en avant et grimpa sur un sycomore pour voir Jésus qui allait passer par là. Arrivé à cet endroit, Jésus leva les yeux et lui dit : « Zachée, descends vite : aujourd’hui il faut que j’aille demeurer dans ta maison. » Vite, il descendit et reçut Jésus avec joie. Voyant cela, tous récriminaient : « Il est allé loger chez un homme qui est un pécheur. » Zachée, debout, s’adressa au Seigneur : « Voici, Seigneur : je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens, et si j’ai fait du tort à quelqu’un, je vais lui rendre quatre fois plus. » Alors Jésus dit à son sujet : « Aujourd’hui, le salut est arrivé pour cette maison, car lui aussi est un fils d’Abraham. En effet, le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. »

HOMELIE

31° dimanche ordinaire- C– homélie

Depuis nos premières années de catéchisme nous connaissons tous l’histoire de ce petit bonhomme de Jéricho qui grimpe sur un arbre pour voir passer Jésus, qui se dissimule dans le feuillage pour ne pas affronter le regard méprisant de tous ces hommes qui se croyaient justes dont nous a parlé la parabole de dimanche dernier. Et pourtant cette rencontre qui va soulever tant de récrimination et de désapprobation en même temps que tant d’espérance, n’est rapporté que par l’évangile de saint Luc. Saint Luc, l’évangéliste de la miséricorde, l’évangile qui nous a accompagnés tout au long de cette année,  année liturgique qui va s’achever le 20 novembre prochain, le dimanche de la fête du Christ roi.

Jésus traverse Jéricho, c’est la dernière ville- étape sur la route de Jérusalem avant d’attaquer la longue et rude montée vers la ville sainte à travers le désert de Judée. C’est aussi pour Jésus la dernière étape de sa vie avant son entrée triomphale à Jérusalem qu’on célèbre le jour des rameaux et qui se continue par les événements tragiques de la semaine sainte.

Deux mots sur Jéricho : c’est une des plus vieilles villes du monde, habitée depuis 7000ans avant Jésus-Christ, détruite des dizaines de fois, elle est encore debout aujourd’hui en Palestine. C’est la première ville que les Hébreux arrivant d’Egypte à travers le désert ont rencontré, ville aux fortifications imposantes qui les ont effrayés et découragés. Et pourtant les murailles se sont écroulées au chant de leur prière. Cette ville reste pour tous les exclus de la terre, tous les esclaves du monde, la certitude que les murs du mépris, de la haine, de l’oppression ne peuvent que s’écrouler. C’est ce que chantaient entre autre les esclaves noirs d’Amérique dans le fameux gospell « Jéricho ». Et  en effet, à Jéricho, Jésus va casser le mur du mépris et du rejet qui enfermait Zachée.

« Zachée cherchait à voir qui était Jésus ». « Arrivé à cet endroit, Jésus leva les yeux ». « Voyant cela tous récriminaient ». Voilà trois regards bien différents. Tout est dans les yeux, les yeux du corps, les yeux du cœur, les yeux de la foi et justement avant cette rencontre avec Zachée, à l’entrée de la ville Jésus vient d’ouvrir les yeux d’un aveugle mendiant  au bord du chemin, et cet homme se met à le suivre, ses yeux se sont ouverts à la foi, lui l’aveugle sait voir en Jésus ce que les voyants ne voient pas.

« Zachée cherchait à voir Jésus », regard de curiosité sans doute mais aussi regard de désir. Il veut voir ce rabbi dont on dit qu’il ne parle pas comme les scribes ou les docteurs de la loi. Démarche vraie mais  timide.

« Arrivé à cet endroit, Jésus leva les yeux ». Jésus  ne voit pas un pécheur rejeté de tous mais un enfant de Dieu, un homme qui n’a pas encore compris que Dieu l’aime tel qu’il est et croit en la possibilité de sa conversion.

« Voyant cela tous récriminaient » regard qui juge et qui exclut. Regards de certains hommes qui étaient convaincus d’être justes et qui méprisaient les autres, à qui Jésus a adressé la parabole du pharisien et du publicain.

Cette rencontre avec Zachée illustre un thème cher à saint Luc : la seule présence attentive et aimante de Jésus suffit à faire jaillir ce que personne n’attendait plus, pas même les intéressés qui ne se croyaient pas capables, pas dignes et qui se découvrent  eux aussi

«  fils d’Abraham » Elle est réjouissante cette histoire de Zachée, réjouissante pour les pécheurs que nous sommes. Elle nous rappelle que l’histoire de Dieu et des hommes, l’histoire de notre foi est une histoire d’alliance où Dieu a l’initiative de la rencontre. Elle nous rappelle le regard de Dieu qui n’enfonce jamais, n’enferme jamais. L’avenir n’est jamais bouché, demain est toujours possible. « La miséricorde sera toujours plus grande que le péché, et nul ne peut imposer une limite à l’amour de Dieu qui pardonne » 3- lisait-on dans la présentation du jubilé.

Il y a un autre aspect important dans cette rencontre de Jéricho, c’est l’aspect de la justice. Zachée va réparer les torts qu’il a causés et si notre démarche de conversion est vraie, elle doit suivre le même chemin. « Qui se trompe devra purger sa peine, mais ce n’est pas le dernier mot, c’est le début de la conversion » 21- «  En face d’une justice comme simple observance de la loi qui divise entre justes et pécheurs, Jésus indique le don de la miséricorde qui va à la recherche  des pécheurs pour leur offrir le pardon et le salut …. Justice et miséricorde ne sont pas deux aspects contradictoires, mais les deux dimensions d’une même réalité qui se développe progressivement jusqu’à atteindre son sommet dans la plénitude de l’amour »20-  Ce sont des passages  du « visage de la miséricorde » que je viens de citer, cette miséricorde à laquelle nous croyons et à laquelle nous sommes invités pour juger de la vérité de notre foi.

« Je me tiens à la porte et je frappe, dit le Seigneur au livre de l’apocalypse. Si quelqu’un entend ma voix, s’il m’ouvre, j’entrerai chez lui, je prendrai mon repas avec lui et lui avec moi »

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