ÉVANGILE « Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis » (Jn 10, 11-18)

En ce temps-là, Jésus déclara : « Moi, je suis le bon pasteur, le vrai berger, qui donne sa vie pour ses brebis. Le berger mercenaire n’est pas le pasteur, les brebis ne sont pas à lui : s’il voit venir le loup, il abandonne les brebis et s’enfuit ; le loup s’en empare et les disperse. Ce berger n’est qu’un mercenaire, et les brebis ne comptent pas vraiment pour lui. Moi, je suis le bon pasteur ; je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent, comme le Père me connaît, et que je connais le Père ; et je donne ma vie pour mes brebis. J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cet enclos : celles-là aussi, il faut que je les conduise. Elles écouteront ma voix : il y aura un seul troupeau et un seul pasteur. Voici pourquoi le Père m’aime : parce que je donne ma vie, pour la recevoir de nouveau. Nul ne peut me l’enlever : je la donne de moi-même. J’ai le pouvoir de la donner, j’ai aussi le pouvoir de la recevoir de nouveau : voilà le commandement que j’ai reçu de mon Père. »

Homélie

Chaque année, pour le 4° dimanche de Pâques nous avons rendez vous avec la parabole du bon pasteur, ce qui fait de ce dimanche la journée mondiale de prières pour les vocations. On devrait plutôt dire : le dimanche de la vocation chrétienne car nous sommes tous concernés, nous avons tous à nous interroger sur notre vocation et à répondre à l’appel de notre baptême, à notre vocation de baptisé. C’est notre vocation commune que nous soyons laïcs engagés dans la vie professionnelle, familiale ou dans la vie religieuse ou que nous soyons appelés à un ministère particulier, un service dans le clergé comme diacre, prêtre ou évêque.  Mais ce dimanche de prière pour les vocations  met en évidence chez nous, j’insiste bien chez nous parce que ce n’est pas vrai dans toutes les régions du globe, met en évidence chez nous l’énorme et dramatique déficit des vocations cléricales : diacre et prêtre. La cause est sans doute à rechercher dans la convergence d’une multitude  de raisons que les sociologues nous expliqueront. Mais la raison principale, me semble-t-il est d’abord la perte de la foi et chez un certain nombre de croyants la perte du sens de l’Eglise, d’un peuple rassemblé et solidaire. Le libéralisme ambiant centré sur l’individu fait que chacun s’organise selon sa petite idée, se retrouve par affinité selon sa sensibilité dans un  groupe qui se suffit à lui même autour d’une spiritualité, d’un gourou, d’un berger. C’est ce qu’on appelle le communautarisme, danger pour l’Eglise comme pour la société. Aussi ce dimanche du bon pasteur est une bonne occasion pour nous redire ce qu’est l’Eglise, quels sont ses besoins et quelle est notre place.  L’écriture nous donne tout un arsenal d’images, selon les mots du cardinal Garonne pour parler de l’Eglise. Ce dimanche nous avons trois images, une dans chaque lecture. Dans l’évangile il s’agit de la bergerie dont le Christ est le berger. Dans le passage des actes des apôtres Pierre parle de pierres vivantes autour de la pierre d’angle, la clef de voute qu’est le Christ. Et la lettre de saint Jean nous parle de la famille de Dieu dont nous sommes les enfants, un peuple de frères et de sœurs. C’est autour du Christ le bon pasteur, la clef de voute, le fils aîné que se construit l’Eglise. Cette Eglise que le Christ a confié au collège des apôtres, groupe dont les évêques sont collégialement,  c’est-à-dire ensemble, les successeurs. C’est donc autour de l’évêque que se construit l’Eglise. Il est personnellement responsable d’un diocèse et collégialement responsable de l’ensemble de l’Eglise. Ce service de l’Eglise il le partage avec ses frères diacres et prêtres qu’il appelle pour tel ou tel service, charge, vocation, appel qui n’a de sens qu’en communion avec l’évêque. On n’est pas diacre ou prêtre à son compte. C’est donc autour du ministère ordonné que se construit l’Eglise.  Demain combien restera –t-il de ministres ordonnés en Savoie, Je ne le sais pas plus que vous mais on peut prévoir une période difficile. N’en resterait il qu’un seul qui serait l’évêque, l’Eglise ne sera catholique que si elle s’organise en communion avec lui.  En disant tout cela, je ne veux pas dévaloriser la vocation des laïcs sur qui reposent tant de responsabilités qui nous sont propres à tous en tant que baptisés, laïcs qui en plus  pallient si généreusement et courageusement au manque de ministres ordonnés. Mais en faisant face au mieux à la situation telle qu’elle se présente, il faut nous dire qu’il n’est pas normal que nos communautés ne fassent pas émerger des hommes (pour le moment c’est comme ça !) que l’Eglise pourrait appeler à être diacre ou prêtre. Les ministres ordonnés ne tombent pas du ciel, ils viennent de communautés de baptisés qui vivent leur vocation de baptisés, qui la vivent joyeusement. Il nous faut vivre le dynamisme toujours nouveau de l’évangile,  aimer cette Eglise, notre famille dont le Christ est le frère aîné et où chacun prend soin de chacun, cet édifice dont nous sommes les pierres vivantes et le Christ la pierre angulaire, cette bergerie dont le Christ est le bon pasteur attentif à  chacun.

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