ÉVANGILE « Marthe le reçut. Marie a choisi la meilleure part » (Lc 10, 38-42)

En ce temps-là, Jésus entra dans un village. Une femme nommée Marthe le reçut. Elle avait une sœur appelée Marie qui, s’étant assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole. Quant à Marthe, elle était accaparée par les multiples occupations du service. Elle intervint et dit : « Seigneur, cela ne te fait rien que ma sœur m’ait laissé faire seule le service ? Dis-lui donc de m’aider. » Le Seigneur lui répondit : « Marthe, Marthe, tu te donnes du souci et tu t’agites pour bien des choses. Une seule est nécessaire. Marie a choisi la meilleure part, elle ne lui sera pas enlevée.

HOMELIE

L’hospitalité, l’empressement d’Abraham comme celui de Marthe pour bien accueillir à leur tables des hôtes de passage, nous rappelle d’abord que chaque dimanche nous sommes les invités de Dieu. Dieu nous reçoit à sa table, à la table de la parole comme à la table de l’eucharistie. Dieu nous offre l’hospitalité.

C’est en effet un repas que Jésus nous a laissé comme signe de sa présence parmi nous : «  Prenez et mangez…Prenez et buvez …Faites ceci en mémoire de moi. » Même si aujourd’hui ce repas est bien symbolique, c’est toujours le repas du Seigneur ou la fraction du pain, selon l’expression des actes des apôtres, c’est le repas qui nous rassemble et qui des individus que nous sommes, fait l’Eglise, une communauté. Malgré les contraintes d’une vie plus dispersée, c’est bien toujours la table qui rassemble la famille au moment des fêtes,  des moments forts de la vie, des vacances, comme c’est la table qui rassemble nos communautés pour les fêtes de village. Mais il faut des Marthe qui s’inquiètent  et qui s’agitent pour que tout se passe bien. On connaît le travail des bénévoles pour que la fête réussisse, on connaît le travail des bénévoles pour que vivent nos communautés, pour que vive l’Eglise. Alors pas de fausse pudeur, mettons en valeur le travail de Marthe, de toutes les Marthe de nos communautés, de nos communes, de nos associations.

Et surtout n’opposons jamais Marthe et Marie. Nous avons fait des deux sœurs, deux symboles, deux attitudes de foi, deux manières de vivre et de croire. Dans un entretien aux sœurs de la visitation, saint François de Sales  leur dit : « Que Marthe soit active, mais qu’elle ne contrôle pas Marie. Que Marie contemple mais qu’elle ne méprise point Marthe, car notre Seigneur prendra la cause de celle qui sera méprisée » Une façon de dire combien elles sont complémentaires et aussi comment nous devons être à la fois l’une et l’autre, même si dans nos vies où il y a des périodes où nous nous reconnaissons plus en Marthe et d’autres plus en Marie selon les obligations et les âges de la vie. Pour expliquer cette complémentarité, dans une homélie du 15 août, Saint François de Sales compare Notre Dame aux deux sœurs : «  Marthe représente Notre dame quant aux soins que cette vierge sacrée pris de son divin fils en cette vie mortelle  et Marie par l’écoute de parole qu’elle gardait dans son cœur. Notre Dame fit admirablement bien en cette vie l’exercice de l’une et de l’autre des deux sœurs » 1618. Et pourquoi séparerait-on prière et travail, c’est la règle que saint Benoît donne à ses moines. Et n’oublions pas  que le partage du pain et du vin au dernier repas de Jésus est précédé du lavement des pieds, le geste du serviteur, geste qui donne sa noblesse à la tâche la plus humble.

Hospitalité, accueil, noblesse du service dans les textes de ce dimanche. Mais bien plus encore : Dieu vient chez nous, Dieu s’invite chez nous. C’est la grande découverte que les croyants font à travers l’ancien et le nouveau testament. Mieux encore, Dieu s’est fait l’un de nous en Jésus Christ, il s’est compromis dans l’histoire humaine. Aujourd’hui Dieu passe à proximité de nos vies, de notre campement, saurons – nous élargir l’espace de notre tente,  l’élargir à la dimension du cœur de Dieu, n’est- ce pas le grand défi d’aujourd’hui fait au monde et en particulier aux chrétiens dont la tentation est de se réfugier derrière des murailles identitaires. Plus facile à dire qu’à faire mais souvenons nous de cette phrase de l’épître aux Hébreux : «  N’oubliez pas l’hospitalité, elle a permis à certains, sans le savoir,  de recevoir chez eux des anges »  13/2.

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