Évangile « Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres » (Jn 13, 31-33a.34-35)

Au cours du dernier repas que Jésus prenait avec ses disciples, quand Judas fut sorti du cénacle, Jésus déclara : « Maintenant le Fils de l’homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui. Si Dieu est glorifié en lui, Dieu aussi le glorifiera ; et il le glorifiera bientôt. Petits enfants, c’est pour peu de temps encore que je suis avec vous. Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. »

HOMELIE

Au livre du lévitique, un des 5 livres fondateurs qui constitue la loi, la torah pour un juif, on lit au chapitre 19 : «  je suis le Seigneur, tu n’auras pas de haine pour ton frère….Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Vous garderez mes lois. ». Il est bien connu de tous en Israël ce passage de l’écriture. Souvenez- vous lorsqu’un légiste demande à Jésus pour l’embarrasser : « Maitre que dois je faire pour avoir la vie éternelle ? » et que Jésus lui dit : qu’y a-t-il dans la loi ? Il répond sans hésiter : « Tu aimeras le seigneur ton Dieu de tout ton cœur…. (c’est un passage du deutéronome) et il ajoute ce passage du lévitique : tu aimeras ton prochain comme toi-même » Alors comment Jésus peut-il dire qu’il est nouveau ce commandement ?  « Comme je vous ai aimés, aimez- vous les uns les autres » Comme je vous ai aimés, comme.  Aimez à la manière de Jésus, aimez comme Dieu nous aime : aimer sans juger ni préjugés. Mais il n’y a que Dieu qui puisse aimer à ce point. Alors Jésus nous laisse ce commandement non pas comme une loi impossible mais comme une mission, un projet à réaliser. «  Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c’est l’amour que vous aurez les uns pour les autres ». Voilà la mission à laquelle nous sommes envoyés.

Après la mort et la résurrection de Jésus, cette parole prend valeur de testament spirituel pour les apôtres. Il ne leur a laissé aucune consigne pour l’organisation de l’Eglise, il ne les envoie pas en croisade mais il leur donne cette mission : « Aimez vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». Tout ce que les apôtres ont vécu avec Jésus, ce qu’ils ont entendu, tout est relu et prend sens à la lumière de la mort et de la résurrection. Et à leur suite nous faisons de même, nous relisons et comprenons l’écriture, toute la bible à la lumière de Pâques. On ne peut pas isoler telle parole ou tel événement de tout le reste, la bible est comme une symphonie où chacune des parties se répondent…… Un jour, une personne bien intentionnée sans doute, ouvre la bible au hasard devant moi et me dit sans regarder le texte mais avec certitude : voilà la parole que Dieu me donne aujourd’hui ! Je reste d’abord interloqué devant tant de naïveté et d’inconscience à provoquer Dieu. Puis me ressaisissant je prends la bible et à mon tour lui déclare : voilà la parole que Dieu me donne aujourd’hui et me donne chaque jour ! Quand Dieu parle, il le fait par la médiation des événements qui ont fait l’histoire de la bible, par la voix des prophètes et des sages d’Israël qui nous font entrevoir sa passion pour l’homme, par les apôtres qui nous encouragent dans notre vie de disciples. D’un bout à l’autre, les textes ainsi se répondent et s’éclairent mutuellement. Mais la parole vivante de Dieu, c’est Jésus. C’est à partir de lui et à travers lui que tout prend densité et saveur. Attention à ne pas instrumentaliser la bible, d’isoler telle parole ou tel événement pour servir d’alibi à une idée ou un comportement.

« Comme je vous ai aimé…c’est ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples ». Dans ces lettres l’apôtre Jean reviendra sur ce qu’il nous rapporte dans l’évangile. Il écrira que seuls ceux qui aiment peuvent connaître Dieu, le Dieu de la bible. Si on n’aime pas, on ne peut pas avoir une idée de Dieu et il précise que l’amour ce ne sont pas de belles paroles ou de bons sentiments : aimez en actes et en vérité, écrit –il. C’est exigeant mais en même temps c’est rassurant parce que c’est un chemin à la portée de tous : aux sages, aux savants comme aux gens simples. « Aimez comme je vous ai aimés », Dieu n’attend pas que nous soyons aimables pour nous aimer, que nous soyons présentables, je n’ose pas dire que nous soyons parfaits : il nous aime. Voilà notre certitude et notre force. C’est sans doute bien difficile de pratiquer toutes les vertus mais si nous aimons nous sommes sur le bon chemin pour accomplir toute la loi et les prophètes. C’est ce qu’écrit l’apôtre Paul aux corinthiens dans ce passage que tout le monde connaît : j’aurais beau tout faire si je n’ai pas l’amour je ne suis rien, qu’un bronze qui sonne, qu’un faiseur de bruit. Saint Augustin reprend la même idée en écrivant :  « On peut bien être un pilier d’église…. Rien ne distingue les fils de Dieu des fils du diable, hormis la charité…. Voilà le grand signe, la grande distinction. Réunissez toutes les autres conditions, si celle là vous manque, les autres ne servent de rien. Au contraire, à défaut des autres, ayez celle là et vous aurez accompli la loi »

Après saint Augustin , je citerai saint François de Sales : « La charité, l’amour, est entre les vertus comme le soleil entre les étoiles, elle leur distribue à toute leur clarté et leur beauté »

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.