Évangile « Ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson » (Jn 6, 51-58)

En ce temps-là, Jésus disait à la foule : « Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde. » Les Juifs se querellaient entre eux : « Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger ? » Jésus leur dit alors : « Amen, amen, je vous le dis : si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’avez pas la vie en vous. Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. En effet, ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson. Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui. De même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même celui qui me mange, lui aussi vivra par moi. Tel est le pain qui est descendu du ciel : il n’est pas comme celui que les pères ont mangé. Eux, ils sont morts ; celui qui mange ce pain vivra éternellement. »

Homélie

De dimanche en dimanche le passage d’évangile semble se répéter ce mois d’août. Nous lisons la longue méditation sur le pain de vie que l’évangéliste a sans doute fait après la résurrection de Jésus en pensant au repas de  la cène et à la multiplication des pains qui l’annonçait. Si ces paroles sont difficiles à comprendre pour nous, elles sont totalement incompréhensibles et surtout scandaleuses et blasphématoires pour une oreille juive. Le sang c’est la partie que l’on offre à Dieu et vous savez bien que chez les juifs comme chez les musulmans, aujourd’hui toujours, selon la prescription biblique, on ne mange qu’une viande vidée de son sang. C’est la viande casher ou Hallal.

Je suis le pain vivant qui est descendu du ciel. Le signe sacramentel que Jésus nous laisse de sa présence c’est la chose la plus quotidienne : du pain ; et comme participer à son repas ne peut être qu’une fête il nous donne le vin, la boisson de fête dans la bible. Nous avons besoin de faire un petit effort de réflexion en venant à la messe pour nous dire que nous venons à un repas, à la table où chacun a sa place. Même avec un rythme de vie trépidant où le temps est morcelé, où les membres d’une même famille sont dispersés, le repas, le repas de fête au moins reste le symbole d’unité et de partage.

Avant de partager l’ultime repas avec ses disciples, ses proches, repas au cours duquel il nous laisse l’eucharistie non pas comme un héritage mais comme un appel à continuer son œuvre : « faites ceci en mémoire de moi », Jésus s’est assis à bien des tables, a partagé bien des repas et a compris que c’était le meilleur signe qu’il pouvait nous laisser de la vie qu’il veut nous partager. Dieu a aimé s’asseoir à la table des hommes, a aimé s’asseoir à notre table avant de nous inviter à la sienne. Il pourrait nous rappeler :

Déjà dans la maison de Joseph et Marie, j’ai aimé l’odeur de ce pain cuit sans levain, qu’au temps de la pâque ma mère Marie avait pétri pour le manger avec l’agneau, entre voisins.

J’ai aimé ces repas chez Pierre et André comme au jour où Simon me pria de guérir la belle mère fiévreuse et alitée, qui à peine debout se mit à nous servir.

Et cette table de Lévi le publicain, où tant de pauvres bougres s’étaient attablés ; et la table de Simon le pharisien où Madeleine osa venir pour pleurer.

Et cette table dressée en un lieu désert où, ému de compassion j’ai multiplié le pain à toute une foule assise à même la terre, et où les restes remplirent douze couffins.

Et la table de Lazare à Béthanie où j’aimais tant m’arrêter pour me reposer ; à mes pieds pour m’écouter, s’asseyait Marie tandis que Marthe s’affairait pour le diner.

Et ce repas pascal la veille de ma mort où ayant lavé les pieds de mes amis, j’ai voulu leur partager mon sang et mon corps pour leur dire mon amour, leur donner ma vie.

Et cette table un soir tout au bout du chemin dans la petite auberge de la reconnaissance où j’ai soupé avec deux autres pèlerins qui dans la nuit du doute, ont retrouvé l’espérance.

Quand jour après jour je partage le repas eucharistique avec mes frères, comment pourrai je oublier cette terre, moi qui ai tant aimé m’asseoir à vos tables, celles des pauvres, des exclus et celle des notables.

Heureux les invités au repas du Seigneur. Faites ceci en mémoire de moi.

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