ÉVANGILE « Je ne suis pas venu mettre la paix sur terre, mais bien plutôt la division » (Lc 12, 49-53)

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! Je dois recevoir un baptême, et quelle angoisse est la mienne jusqu’à ce qu’il soit accompli ! Pensez-vous que je sois venu mettre la paix sur la terre ? Non, je vous le dis, mais bien plutôt la division. Car désormais cinq personnes de la même famille seront divisées : trois contre deux et deux contre trois ; ils se diviseront : le père contre le fils et le fils contre le père, la mère contre la fille et la fille contre la mère, la belle-mère contre la belle-fille et la belle-fille contre la belle-mère. »

HOMELIE

La division, pas la paix, c’est la réalité presque partout dans le monde. Où que l’on regarde, il y a des conflits dans tous les domaines de la vie, dans les familles, dans le cadre professionnel, dans la politique, dans le sport et voilà un passage d’évangile qui semble en rajouter une couche. Jésus apporterait-il la division sur la terre, la division dans les familles, ce Jésus serait-il le « diabolos » en grec, celui qui sème la zizanie : ce qui en français a donné le mot diable, alors que la foi nous dit qu’il est le messie, celui qui vient rassembler,  le« sunbolos » en grec, qui donne le mot français  le mot symbole, mot que l’on retrouve dans le symbole des apôtres, ce texte de la primitive Eglise qui rassemble, qui fait l’unité des chrétiens quelle que soit par ailleurs leur Eglise.

Ce passage d’évangile nous plonge en plein dans le contexte des premières communautés chrétiennes dans les quelles et pour lesquelles Saint Luc écrit. Certains mettent leur foi dans Jésus le Christ, d’autres ne peuvent admettre que ce prédicateur de Nazareth soit le Messie : on se divise sur son compte comme on était déjà divisé lorsqu’il était là. On croit ou on ne croit pas à la résurrection. Et les divisions passent au sein des familles, on comprend comment cela peut être douloureux. Et c’est encore plus difficile à vivre quand arrive rapidement le temps des persécutions. Croire au Christ peut mettre en péril le croyant, sa situation, sa vie mais aussi attirer la suspicion sur les membres de sa famille qui ne partagent pas forcément ses convictions. Le chrétien est amené à faire un choix terrible, et pour des raisons religieuses ou des raisons de sécurité il peut faire l’expérience de l’exclusion, entrainer des divisions au sein même des familles.

Jésus ne veut pas la division mais peut être source de divisions.

«  Je suis venu apporter un feu sur la terre », il ne s’agit pas du feu de la division mais du feu de l’amour, de la charité, du pardon, de la justice, de la miséricorde. Dans toute la bible, le feu c’est le signe de la présence de Dieu, depuis le buisson ardent d’où Dieu appelle Moïse jusqu’aux langues de feu de la Pentecôte Jésus souhaite que le feu de la bonne nouvelle embrase la terre et fasse naître partout des témoins de son amour qui éclairent, qui réchauffent, qui apportent la joie, l’espérance.

On peut être exclu, mis à part à cause de notre foi, mais nous n’avons jamais le droit d’exclure au nom de notre foi, ce qui est le fait de tous les intégrismes. Il est tout à fait légitime que nous ne soyons pas d’accord avec certaines idées ou certains choix même de nos proches, il est tout aussi légitime de l’exprimer mais ce n’est pas pour autant la guerre ou l’exclusion. Sur le plan strictement humain, la rupture  est toujours une bêtise qu’on aura bien du mal à réparer, sur le plan chrétien c’est aller à l’encontre de notre Dieu qui ne nous rejette jamais comme il ne rejette jamais personne, qui ne rompt jamais mais qui est toujours prêt à renouer l’alliance malgré nos multiples ruptures et trahisons. On peut souffrir de certaines situations mais ce n’est pas au moment où l’on estime que l’autre a fait un mauvais choix qu’on va le laisser tomber. Peut on imaginer Dieu laisser tomber quelqu’un, surtout s’il est dans une passe difficile ?

Les difficultés du croyant ne sont pas nouvelles nous dit la première lecture qui rapporte les mésaventures de Jérémie. On l’a jeté dans une citerne où il n’y a plus que de la boue. La situation doit être critique pour la ville assiégée si les citernes sont vides. ..

Lorsque nous lisons le livre de Jérémie nous remarquons que justement il oppose souvent dans sa prédication l’eau croupie des citernes dont il faut bien se contenter en période de sécheresse à l’eau fraiche et jaillissante des sources. Il compare Dieu à la source d’eau vive toujours jaillissante, toujours nouvelle, rafraîchissante et il s’étonne de voir les gens  préférer les  vieilles eaux croupies du passé.

Pour  notre bonheur accueillons la source d’eau vive et laissons aux têtards et aux grenouilles, même si elles sont de bénitier, la vieille eau croupie des citernes de nos habitudes.

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