Évangile « À mes brebis, je donne la vie éternelle » (Jn 10, 27-30)

En ce temps-là, Jésus déclara : « Mes brebis écoutent ma voix ; moi, je les connais, et elles me suivent. Je leur donne la vie éternelle : jamais elles ne périront, et personne ne les arrachera de ma main. Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tout, et personne ne peut les arracher de la main du Père. Le Père et moi, nous sommes UN. »

HOMELIE

4°dimanche de Pâques –  C

Chaque année le quatrième dimanche de Pâques nous présente Jésus sous l’image biblique traditionnelle du bon pasteur et à cette occasion l’Eglise en a fait le dimanche de prière et de réflexion sur la vocation, notre vocation de baptisé tout d’abord et puis particulièrement la vocation  ministérielle, vocation de service, c’est-à-dire la vocation particulière de diacre de prêtre et d’évêque. C’est une question très sensible chez nous parce que si le nombre de clercs, de prêtres en particulier augmente chaque année dans le monde, ce n’est pas  le cas chez nous.   A l’époque du dernier concile, il y a un peu plus de 50 ans, on comptait quelques 2.500 évêques dans monde,  aujourd’hui ils sont  plus de 6.000 évêques catholiques et le nombre de prêtres a augmenté aussi d’une façon extraordinaire. Mais ceci ne résout pas notre problème de manque de prêtres de plus en plus grave  et dont la solution ne viendra pas d’ailleurs mais bien de nous, de chez nous.

Aujourd’hui, je vous propose une réflexion sur le prêtre en particulier, non pas à partir de ce qu’il fait, de ce qu’on voudrait qu’il fasse, de ce qu’on voudrait qu’il soit comme si c’était à nous de le définir mais à partir de ce que fait de lui le sacrement de l’ordre.

Chrétien avec vous, prêtre pour vous, c’est une définition de saint Augustin.

Chrétien avec vous, oui le prêtre c’est d’abord un chrétien, un homme qui doit réaliser comme tout un chacun sa vocation de chrétien, sa vocation de baptisé. Par sa vie, par son travail, par sa prière, comme tout baptisé, il fait le lien entre ce monde et Dieu,  il loue Dieu à travers la création, à travers ses frères, à travers toutes leurs belles actions. Oui c’est notre vocation  de  baptisé de rendre grâce pour tout ce que la vie nous donne, c’est notre vocation de prêtre : rendre grâce.

Baptisé, nous avons à témoigner de notre foi et de notre espérance, à en témoigner par la parole sans doute dans certaines occasions, mais surtout à en témoigner par notre vie, par nos engagements, par nos actes : nous n’avons pas à faire du prosélytisme, nous rappelle le pape François mais à donner envie. Nous ne sommes pas des propagandistes, des publicitaires ou des bateleurs de foire mais des témoins. C’est notre vocation de prophète, de porte parole de Dieu.

Baptisé, rené dans le Christ, nous nous rappelons que Dieu a donné une mission à l’homme,  qu’il lui a confié la création pour en prendre soin, pour le bien, pour le bonheur de tous. L’homme, tout être humain est roi de la création, donc protecteur de la création.  Prêtre, prophète, roi , c’est ainsi que l’apôtre Pierre  définit  le baptisé et c’est ce qui est rappelé au baptême Etre chrétien c’est exercer pleinement ces trois fonctions : rendre grâce, témoigner, protéger et mettre la création au service de tous.

Certains baptisés choisissent une voie particulière pour vivre leur baptême : ce sont les religieux et religieuses dont le témoignage de vie rappelle à tous les valeurs évangéliques qui ne vont pas de soi dans la vie ordinaire. On a besoin sans cesse que quelqu’un nous les mette sous les yeux. Et puis certains baptisés sont appelés à un ministère, un service particulier dans l’Eglise que l’on appelle le sacerdoce. Je dis bien sont appelés, c’est l’Eglise qui appelle tout comme dès le début, Jésus pasteur a appelé un groupe d’hommes à partager et à continuer son ministère d’annonce de la parole, de ministre des sacrements et de chefs de communautés. Ce groupe d’hommes ce sont les apôtres  et à leur suite les évêques. L’ensemble des évêques, le groupe des évêques est successeurs du groupe des apôtres, on dit aussi le collège des évêques et on parle ainsi de collégialité.

Répandu d’abord dans les milieux urbains, les communautés chrétiennes sont facilement en lien avec l’évêque, les diacres gèrent matériellement les communautés avec un ministère particulier auprès des plus pauvres. C’est au moment de la multiplication des communautés et notamment de l’évangélisation des campagnes que les évêques ne pouvant pas être partout ont choisi des collaborateurs pour annoncer l’évangile, célébrer les sacrements et présider les communautés à leur place et en leur nom.

Le prêtre est donc d’abord un baptisé, comme chacun il réalise sa vocation de baptisé, puis il est appelé par l’évêque à un rôle particulier dans l’Eglise celui de remplir au nom de l’évêque et forcément en lien avec lui la mission d’apôtre. Un prêtre  n’existe donc qu’en lien avec un évêque, il est attaché, relié à une Eglise par son évêque.  On dit qu’il est incardiné, c’est-à-dire  attaché  au service  d’une Eglise  Le père Vincent Coutin est incardiné au diocèse de Tarentaise, le Père Alvaro, religieux a demandé à être incardiné au diocèse de Chambéry et moi je suis incardiné au diocèse de Chambéry.

En lien avec l’évêque, le prêtre a trois fonctions : annoncer l’évangile, c’est sa première fonction : la mission ;  puis célébrer les sacrements et enfin présider la communauté au nom du Christ pasteur, « in personna christi » dit la formule latine, c’est-à-dire tenant la personne du christ.

Ces trois fonctions sont normalement marquées clairement dans l’organisation du chœur de nos églises par trois lieux distincts et importants: le lieu de la parole d’où est proclamé l’évangile puis l’homélie : c’est la mission; puis l’autel, le lieu de la célébration du sacrement de l’eucharistie ; et enfin le siège du célébrant, le lieu de la présidence de l’assemblée.

Le diacre, le prêtre, l’évêque, qu’il soit à Rome, à Ouagadougou ou à la paroisse des 12 apôtres en pays d’Aix est d’abord un baptisé qui vit  sa vocation de baptisé et c’est au sein d’une communauté de baptisés qu’il est appelé à un service particulier. Mais encore faut-il que les communautés éprouvent le besoin de ce service particulier, car les prêtres, les diacres, les évêques ne tombent pas du ciel mais sont bien issus d’une communauté de foi. Finalement, ce qui est en cause dans notre problème du manque de vocations ministérielles chez nous, ne serait- ce pas d’abord  notre manque de foi ?

 

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