ÉVANGILE « Celui d’entre-vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à jeter une pierre » (Jn 8, 1-11)

En ce temps-là, Jésus s’en alla au mont des Oliviers. Dès l’aurore, il retourna au Temple. Comme tout le peuple venait à lui, il s’assit et se mit à enseigner. Les scribes et les pharisiens lui amènent une femme qu’on avait surprise en situation d’adultère. Ils la mettent au milieu, et disent à Jésus : « Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d’adultère. Or, dans la Loi, Moïse nous a ordonné de lapider ces femmes-là. Et toi, que dis-tu ? » Ils parlaient ainsi pour le mettre à l’épreuve, afin de pouvoir l’accuser. Mais Jésus s’était baissé et, du doigt, il écrivait sur la terre. Comme on persistait à l’interroger, il se redressa et leur dit : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. » Il se baissa de nouveau et il écrivait sur la terre. Eux, après avoir entendu cela, s’en allaient un par un, en commençant par les plus âgés. Jésus resta seul avec la femme toujours là au milieu. Il se redressa et lui demanda : « Femme, où sont-ils donc ? Personne ne t’a condamnée ? » Elle répondit : « Personne, Seigneur. » Et Jésus lui dit : « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. »

HOMELIE

5° dimanche de carême- C

Après la parabole du père et des deux fils que nous avons entendue dimanche dernier, voici une autre page d’évangile que chacun connaît par cœur et dont la lecture bouleverse toutes nos idées préconçues sur la justice de Dieu, sur son attitude envers les pécheurs que nous sommes.

Dans la bible,  de même que le mariage, tous les repas ou festins de noces sont le signe de l’alliance que Dieu ne cesse de nous proposer, et l’adultère est l’image, le symbole biblique de toutes les ruptures d’alliance, le signe de l’idolâtrie, le signe que l’on se détourne de Dieu pour aller voir ailleurs, pour mettre son amour et sa confiance ailleurs. La bible appelle le rejet de Dieu ou l’idolâtrie un adultère, une infidélité du peuple face à la fidélité de Dieu. Mais avant de parler d’adultère il nous faut redire toute la signification théologique du mariage en général et du sacrement de mariage pour les catholiques: vous les couples, vous êtes dans la communauté chrétienne les signes de cette alliance que Dieu ne cesse de nous proposer, les signes de ce Dieu dont la fidélité ne peut pas se reprendre.

Les scribes, spécialistes de la loi, les pharisiens bons pratiquants savent que la loi de Moïse est claire. Il est écrit au livre du lévitique (20/10) : «  quand un homme commet l’adultère avec la femme de son prochain,  ils seront mis à mort, l’homme adultère aussi bien que la femme adultère ».

Jésus pourrait demander à ces braves gens de Jérusalem où est le partenaire de cette femme. Pourquoi ne pas l’avoir amené pour être lapidé lui aussi?  Mais Jésus n’entre pas dans leur jeu, il sait bien que cette femme n’est qu’un prétexte, en fait c’est lui  Jésus qui est visé. Ces hommes qui par ailleurs ne reconnaissent pas son autorité lui demandent de jouer au juge et de prononcer la  sentence d’un procès truqué : la femme n’a aucun moyen de se défendre et le juge n’a pas la possibilité de faire exécuter la sentence de mort puisque ce droit est réservé à la puissance occupante, les romains.
Et pourtant ce n’est pas un procès pour rire. Selon ce qu’il va dire, Jésus sera accusé soit de rigorisme et abandonné par le peuple soit de laxisme et dénoncé par les scribes comme mauvais juif, pécheur public, complice de l’adultère.

Sa réponse est d’abord un long silence qui devrait permettre à chacun de se regarder, puis quand il se redresse sa sentence claque, inattendue, prenant ses adversaires au dépourvu. Ils veulent faire un procès, qu’ils ne comptent pas sur Jésus pour faire le juge, qu’ils le fassent eux-mêmes tout comme ils sont prêts à faire le bourreau. Qu’ils prennent donc la place de Dieu, le seul sans péché. Et le piège tendu pour déconsidérer Jésus se referme sur eux. Jésus ne casse pas la loi, il montre, comme dans toutes les autres querelles , sur le sabbat par exemple, comment interpréter la loi qui est une lumière pour la vie des hommes et non un instrument pour les condamner à mort. Dans le texte de présentation de l’année de la miséricorde le pape François faisait remarquer que «  Jésus s’exprime plus souvent sur l’importance de la foi que sur l’observance de la loi… Il fut rejeté par les pharisiens et les docteurs de la loi, à cause de sa vision libératrice et source de renouveau, et il conclut : le respect de la loi ne peut faire obstacle aux exigences de la dignité humaine » 20.

Jésus n’a condamné personne, ni la femme, ni les scribes ni les pharisiens, ni la loi, mais il ouvre des horizons nouveaux invitant chacun à se tenir en vérité devant Dieu.

Quant à la femme, il ne lui fait pas de sermon inutile, il ne nie pas son péché mais refuse de l’enfermer dans son péché : «  va et ne pèche plus » Va relève toi, reprend la route ! Tout n’est pas fini là à cause de ton péché ! Il n’est pas le plus fort, il ne peut pas avoir le dernier mot à jamais. Dans la première lecture, le texte d’Isaïe le proclamait déjà :   « Ne faites plus mémoire des choses du passé…voici que je fais une chose nouvelle : elle germe déjà, ne le voyez-vous pas ? »

Dans le chemin de croix que nous prions pendant le temps du carême, Jésus tombe trois fois, dans le langage biblique cela signifie qu’il est vraiment à bout, au bout du bout, au niveau le plus bas, solidaire de ceux qui sont au fond et qui  n’en peuvent plus. C’est dur de chuter, mais rechuter et rechuter encore….

Le dernier mot est à Dieu, à sa tendresse, à son amour qui fait confiance envers et contre tout et qui relève.  Personne n’a le droit de désespérer, le passé ne peut pas nous enchaîner. Dieu est là pour nous relever une fois après l’autre. Oui une fois après l’autre !

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