L’ordination de Pierre-Emmanuel Dieudonné est l’occasion de ce thème. Mais tout appel dans l’Eglise est une interpellation pour chacun : est-ce que je peux vivre ma vie comme un appel ?

Cela invite à nous connaître de l’intérieur, nos attraits, ce qui nous motive et nous donne envie de nous engager. Nous voyons s’ouvrir des perspectives belles pour notre vie, des personnes à rencontrer, un sens à recevoir qui nous renouvellera d’une façon durable. La joie de pressentir la présence de Dieu, de se savoir conduit, d’espérer découvrir les trésors cachés du cœur de Dieu. La joie aussi de servir à une œuvre qui nous dépasse, dont nous sommes un petit élément, mais qui illumine, bonifie toute l’humanité. Cet appel, les consacrés dans la vie religieuse, les personnes ordonnées comme les prêtres le vivent ; mais plus largement tout engagement vécu à la lumière de l’Evangile porte un appel du Christ à marcher à sa suite et à témoigner de sa présence. Le mariage comme chrétien, le travail qui nous correspond, les lieux de services bénévoles, l’engagement dans une mission de l’Eglise sont autant de reconnaissances que le Christ est là, qu’il nous attend et nous donnera la joie d’éprouver la bonté de la communion avec lui et entre les hommes. Ce début d’année est l’occasion de redonner sens à la vie de nos familles, à notre présence dans le monde et dans l’Eglise.

Mais être appelé, c’est aussi être dépossédé : ne pas exister pour soi, mais pour les autres, pour Un Autre. C’est une façon de vivre la béatitude : « Bienheureux les pauvres de cœur. » (Matthieu 5.3). Première des huit béatitudes, elle est le commencement du chemin spirituel. Cela peut faire peur, peut freiner. Notre monde invite à exister pour soi-même. Là, il s’agit d’être pour Dieu, pour le service de nos proches… J’aime ce passage de la quatrième prière eucharistique : « Afin que désormais notre vie ne soit plus à nous-mêmes, mais à lui qui est mort et ressuscité pour nous, il a envoyé d’auprès de toi, Père, comme premier don fait aux croyants, l’Esprit Saint qui continue son œuvre dans le monde et achève toute sanctification. » Ce n’est pas tout seul que nous devenons prêtres, que nous répondons à notre appel, mais c’est par le don de l’Esprit Saint, reçu au baptême et à la confirmation.

Deux gestes à l’ordination marquent cette dépossession de soi : lors de la litanie des saints, l’ordinand s’allonge au sol, puis il se retrouve devant l’évêque, à genoux, ses mains jointes à l’intérieur des siennes. Que nous puissions vivre notre vie, abandonnés au Seigneur et confiants que la fidélité à nos engagements portera la fécondité de l’obéissance du Christ !

Père Vincent Coutin

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