Évangile « Voici l’époux, sortez à sa rencontre » (Mt 25, 1-13)
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples cette parabole : « Le royaume des Cieux sera comparable à dix jeunes filles invitées à des noces, qui prirent leur lampe pour sortir à la rencontre de l’époux. Cinq d’entre elles étaient insouciantes, et cinq étaient prévoyantes : les insouciantes avaient pris leur lampe sans emporter d’huile, tandis que les prévoyantes avaient pris, avec leurs lampes, des flacons d’huile. Comme l’époux tardait, elles s’assoupirent toutes et s’endormirent. Au milieu de la nuit, il y eut un cri : ‘Voici l’époux ! Sortez à sa rencontre.’ Alors toutes ces jeunes filles se réveillèrent et se mirent à préparer leur lampe. Les insouciantes demandèrent aux prévoyantes : ‘Donnez-nous de votre huile, car nos lampes s’éteignent.’ Les prévoyantes leur répondirent : ‘Jamais cela ne suffira pour nous et pour vous, allez plutôt chez les marchands vous en acheter.’ Pendant qu’elles allaient en acheter, l’époux arriva. Celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui dans la salle des noces, et la porte fut fermée. Plus tard, les autres jeunes filles arrivèrent à leur tour et dirent : ‘Seigneur, Seigneur, ouvre-nous !’ Il leur répondit : ‘Amen, je vous le dis : je ne vous connais pas.’ Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure. »
HOMELIE
32° dimanche ordinaire
Chers frères et sœurs,
Un mot revient dans chaque texte : « rencontre ».
« Tous ensemble, ressuscités, nous serons emportés à la rencontre du Seigneur ». Saint Paul en fait l’affirmation fondamentale de la foi chrétienne, liée à l’événement de Pâques, la mort et résurrection de Jésus.
La fin des temps n’est pas une apocalypse catastrophique, mais une rencontre avec Dieu, dans sa réalité la plus intérieure, dans son Amour qui relève l’homme et l’attire à lui.
Toutes les images de la Bible ont besoin d’être convoquées pour en marquer la grandeur : lumière éclatante qui illumine toute la vie, feu qui embrase le cœur de l’homme, festin des noces où l’épouse accueille son Epoux…
Saint Paul lie cette annonce à la résurrection de la chair. La mort est comme un endormissement, qui annonce un après, une attente. C’est le sens du mot « cimetière », « dortoir ».
En enterrant leurs défunts, les chrétiens ont changé le mot. Nous n’allons plus dans une « nécropole » (« ville des morts »), mais au « cimetière », lieu du repos où se trouvent ceux qui sont endormis dans le Christ. C’est une des raisons pour lesquelles l’Eglise favorise l’inhumation du corps à la crémation, dans la mesure où ce signe de l’attente est plus manifesté dans le premier.
Ainsi, nous accueillons la Bonne Nouvelle du Christ sur la fin des temps comme une rencontre de Dieu, pleine de joie.
Jésus, dans l’Evangile, rapproche cette rencontre. Elle n’est pas simplement pour cette fin des temps qui conjugue accomplissement de la Création et retour glorieux du Christ.
« Voici l’époux, sortez à sa rencontre ! ».
Dans ce surgissement inattendu, en pleine nuit, de l’époux, Jésus nous appelle à veiller.
Cet époux, c’est Jésus lui-même, il a promis de revenir pour nous emmener prendre la place qu’il nous prépare.
Veiller a deux dimensions : rester éveiller et guetter.
Rester éveiller, c’est ne pas s’endormir dans une quiétude confortable, dans un train de vie où tout le quotidien s’enchaîne sans choix clair, où le monde donne tout, surtout ce dont on n’a pas besoin, pour faire oublier le plus fondamental : se préparer, désirer la fête des noces, la joie de voir arriver l’Epoux, Jésus.
Notre vie, selon l’Evangile est donc bien cela : attendre avec un grand désir cette venue de Jésus. Bientôt arrive l’Avent, où ce désir est réveillé par les textes de la Parole de Dieu qui nous en montrent la joie ! Vivement aussi notre participation à l’Eucharistie où chaque fois, nous proclamons : « Nous attendons ta venue dans la gloire ! ».
Veiller c’est aussi guetter : regarder, scruter ce qui se passe pour deviner la venue de l’époux. Nous voyons ici la dimension prophétique de l’Eglise. C’est là que l’huile des lampes prend son sens. L’huile, c’est la marque de l’Esprit-Saint, c’est lui qui ouvre les yeux, qui éclaire ce monde. Dans les sacrements du baptême, de la confirmation et de l’ordre, sacrements qui constituent l’Eglise, cette huile apparaît.
Si je vis ma vie d’une façon banale, monotone, je ne fais pas de « réserve » de l’Esprit-Saint qui seul nous permet de reconnaître Jésus, de reconnaître les signes de sa venue.
Nous voyons ainsi notre mission dans le monde : annoncer la venue du Christ, aider notre prochain à préparer sa lampe.
Le pape François nous dit, en commentant ce texte : chacun a la mission de remplir sa lampe. Je ne peux faire à la place de l’autre cette préparation. Mais je peux aider l’autre à être réveillé et lui indiquer le chemin.
Ce chemin, c’est celui de la Sagesse.
« La Sagesse vient à la rencontre de l’homme avec un visage souriant ».
La Sagesse renvoie au Christ qui est la Parole de Dieu et l’expression de son être. Ce texte nous indique la proximité de Jésus. Il n’est pas simplement celui qui vient à la fin des temps, ni celui qui se prépare à venir, mais il est là !
Sommes-nous encore assez étonnés de cette annonce ? Ne serions-nous pas trop habitués à l’entendre répéter ? Pouvoir dire « Dieu est là, Jésus nous visite, il nous apparaît dans notre vie quotidienne, à la croisée des chemins », lui qui a montré « le grand amour du Père » !
Dans chaque église, dans mon prochain, dans le plus fragile, tant de lieux où je peux reconnaître la présence bienfaisante de Jésus. Son visage est souriant, il est plaisant de le rencontrer. Il est aimable, il provoque de lui-même l’amour en nous comme réponse.
Ces textes nous interrogent ainsi sur ce que nous vivons. Suis-je attentif à voir Jésus dans ma vie ? Suis-je heureux de le découvrir ? Est-ce que je ne passerais pas parfois à côté de lui ?
C’est une des grandes frayeurs du pape : que les chrétiens délaissent Jésus ici. Si je ne reconnais pas Jésus présent sur cette terre, je ne pourrais pas être prêt à le rencontrer pour la vie éternelle.
Chers frères et sœurs, ce chemin que la Parole de Dieu nous donne de parcourir aujourd’hui est celui de l’Espérance : parce que Dieu nous a indiqué l’horizon de notre vie et qu’il s’est engagé à nous donner les moyens d’y parvenir. Parce qu’il a fait goûter à notre cœur la joie de cet horizon et du chemin, nous sommes appelés à le suivre avec entrain.
Nous ne comprenons pas certaines personnes qui désirent tel métier et ne prennent pas les moyens concrets pour l’obtenir. Nous nous sentons alors démunis.
A nous de suivre le Christ dans cette vie, de le découvrir et de goûter la joie de vivre en sa présence pour que nous disposions toute notre vie en fonction de la grande rencontre avec le Christ qui déjà se réalise dans chaque rencontre quotidienne.
1 Comment
Benoît Fournier
Bonjour à tous,
J’espère que vous allez bien malgré tout.
L’homélie du Père Vincent m’a rappelé un article que j’avais écrit l’an dernier dans mon magazine.
Je vous confie le lien pour le partager si vous le désirez.
Belle journée, bon dimanche, union de prière.
Fraternellement.
Benoît
https://www.limpresario.fr/novembre-decembre-2019/item/462-la-rencontre-improbable
(Si ce lien ne fonctionne pas je pourrai vous envoyer une PJ si vous me le demandez)