Évangile « C’est par votre persévérance que vous garderez votre vie » (Lc 21, 5-19)

En ce temps-là, comme certains disciples de Jésus parlaient du Temple, des belles pierres et des ex-voto qui le décoraient, Jésus leur déclara : « Ce que vous contemplez, des jours viendront où il n’en restera pas pierre sur pierre : tout sera détruit. » Ils lui demandèrent : « Maître, quand cela arrivera-t-il ? Et quel sera le signe que cela est sur le point d’arriver ? » Jésus répondit : « Prenez garde de ne pas vous laisser égarer, car beaucoup viendront sous mon nom, et diront : ‘C’est moi’, ou encore : ‘Le moment est tout proche.’ Ne marchez pas derrière eux ! Quand vous entendrez parler de guerres et de désordres, ne soyez pas terrifiés : il faut que cela arrive d’abord, mais ce ne sera pas aussitôt la fin. » Alors Jésus ajouta : « On se dressera nation contre nation, royaume contre royaume. Il y aura de grands tremblements de terre et, en divers lieux, des famines et des épidémies ; des phénomènes effrayants surviendront, et de grands signes venus du ciel. Mais avant tout cela, on portera la main sur vous et l’on vous persécutera ; on vous livrera aux synagogues et aux prisons, on vous fera comparaître devant des rois et des gouverneurs, à cause de mon nom. Cela vous amènera à rendre témoignage. Mettez-vous donc dans l’esprit que vous n’avez pas à vous préoccuper de votre défense. C’est moi qui vous donnerai un langage et une sagesse à laquelle tous vos adversaires ne pourront ni résister ni s’opposer. Vous serez livrés même par vos parents, vos frères, votre famille et vos amis, et ils feront mettre à mort certains d’entre vous. Vous serez détestés de tous, à cause de mon nom. Mais pas un cheveu de votre tête ne sera perdu. C’est par votre persévérance que vous garderez votre vie. »

Homélie du 23 novembre 2025
Fête de Notre Seigneur Jésus Christ Roi de l’Univers
Lc 23, 35-43
Col 1, 12-20

 

            Les textes de la fête du Christ-Roi nous invitent à prendre position face au Christ Roi de l’Univers. L’Évangile nous montrent plusieurs positionnements possibles opposés les uns aux autres : on peut, comme la foule, être là simplement en observateurs de Jésus et de tout ce qui est dit et fait ; On peut le tourner en dérision et se moquer de lui, comme les chefs juifs et les soldats romains qui se moquaient de Jésus en Croix et le tournaient en dérision. On peut l’accuser de ne rien faire pour sauver les hommes comme le malfaiteur suspendu en croix à ses côtés qui l’injurie en disant : « N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même et nous aussi ! » À l’opposé de ces positions, on peut prendre position en défendant le Christ comme le bon larron et en lui demandant comme lui de nous faire entrer dans son Royaume, autrement dit on peut lui dire notre foi et notre espérance. Mieux : par-delà sa mort sur la Croix, on peut comme Saint Paul dans la deuxième lecture le contempler, l’adorer, le remercier pour tout ce qu’il est vraiment. Revoyons tous ces positionnements pour nous situer nous-mêmes car nous ne sommes pas toujours comme le bon larron ou comme Saint Paul.

  • « La foule restait là à observer»

Nous sommes parfois comme la foule seulement des observateurs du Christ : nous lisons, nous écoutons l’histoire de Jésus mais nous ne nous investissons pas, nous ne cherchons pas à changer notre vie, à mettre dans notre vie tout ce que Jésus a dit et a fait. Nous arrivons, avec la fête du Christ-Roi, à la fin d’une année liturgique, dès dimanche prochain, ce sera l’Avent et le début d’une nouvelle année liturgique. Une année liturgique nous permet de regarder tout ce que Jésus a fait et d’écouter tout ce qu’il a dit depuis sa naissance jusqu’à sa mort et sa résurrection, mais tout cela n’est pas de l’information ou de de la culture chrétienne, c’est un appel à le vivre, à le mettre dans notre vie, sinon on est des observateurs de Jésus et non des disciples de Jésus qui vivent leur foi en Lui. Cherchons donc à vivre tout ce que Jésus a fait et dit au lieu de le regarder de loin en observateurs passifs.

  • Les chefs tournaient Jésus en dérision et disaient : « il en a sauvé d’autres : qu’il se sauve lui-même s’il est le Messie de Dieu, l’Élu! » Les soldats aussi se moquaient de lui en disant : « Si tu es le Roi des Juifs, sauve-toi toi-même. L’un des malfaiteurs suspendus en croix l’injuriait : n’es-tu pas le Christ, sauve-toi toi-même et nous aussi ! » Nous ne nous moquons peut-être pas de Jésus comme eux mais nous pensons, nous disons : « Pourquoi Dieu, pourquoi Jésus ne nous sauve-t-il pas de la souffrance, de la maladie, des guerres, des génocides, des crimes odieux, des abus, des scandales, des catastrophes, bref de toutes les formes du mal, de toutes les puissances du mal qui s’abattent chaque jour sur le monde et sur chacun de nous ? Oui pourquoi Dieu si bon et si puissant n’empêche-t-il pas le mal d’être à l’œuvre dans notre propre vie et dans toute l’histoire humaine ? Pourquoi Jésus venu nous sauver nous sauve-t-il si peu ? » C’est le grand mystère de la foi chrétienne : même les croyants les plus convaincus n’arrivent pas à comprendre le silence de Dieu devant la souffrance humaine et le déchaînement des puissances du mal. On ne se moque peut-être pas de Dieu mais on ne le comprend pas et même ça nous arrive à tous de nous révolter quand un malheur nous tombe dessus, d’accuser Dieu de ne rien faire pour nous, de rester silencieux et passif, de ne pas exaucer nos prières, nos appels au secours, à l’aide. Oui sans être des moqueurs, ça nous arrive à tous d’être des accusateurs qui accusent Dieu et Jésus le Sauveur de ne pas nous sauver comme ils pourraient le faire !
  • L’autre (malfaiteur) lui fit de vifs reproches : « Tu ne crains donc pas Dieu ? Tu es pourtant condamné toi aussi ! Et puis, pour nous, c’est juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n’a rien fait de mal. » Et il disait : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume.»

Évidemment, dans l’idéal, il ne faut ressembler ni à la foule, ni aux chefs, ni aux soldats, ni au malfaiteur mais à ce bon larron comme la tradition chrétienne l’appelle. D’abord pour lui ressembler, au lieu de nous plaindre de ce qui va mal dans notre vie, et à plus forte raison d’accuser Dieu ou le Christ de ne rien faire pour nous, il faut comme lui de temps à autre dire : « Nous avons ce que nous méritons. » Oui nous sommes parfois et même souvent, responsables personnellement du mal qui nous tombe dessus, des échecs, des conflits qui nous font souffrir, parfois responsables des accidents ou des maladies qui nous arrivent quand nous sommes imprudents, quand nous gaspillons notre santé, quand nous sommes esclaves d’addictions dangereuses ; Et puis bien sûr nous sommes responsables collectivement de certaines catastrophes naturelles dues au réchauffement climatique, responsables de la dégradation des relations humaines qui crée un sentiment d’insécurité un peu partout… nous sommes même responsables, en tout cas nous avons ensemble une part de responsabilité dans les malheurs et les souffrances provoqués par les guerres car nous ne faisons rien ou pas assez pour porter secours à tous ceux qui en sont victimes. Oui au lieu d’accuser Dieu de ne rien faire pour nous sauver du mal, osons dire comme le bon larron : « après ce que nous avons fait personnellement, après ce que font les hommes, notamment les puissants de ce monde, nous avons ce que nous méritons, nous avons notre part de responsabilité. » Et pour encore mieux ressembler au bon larron, comme lui, prions Jésus avec confiance et espérance en lui disant : « Souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton royaume », autrement dit : « aide-moi à entrer dans ton royaume…aide-nous à entrer dans ton royaume, à faire ce qu’il faut pour entrer dans ton royaume, c’est-à-dire à faire régner comme toi l’amour, la paix, la justice, la fraternité, la solidarité, toutes les valeurs de l’Évangile autour de nous et partout dans le monde. » Oui, comme le bon larron nous souhaitons que le Christ Roi de l’Univers nous fasse entrer dans son Royaume où nous serons tous sauvés, mais ce Royaume il faut le construire avec Lui car il ne veut pas le construire sans nous. Comme l’a dit Saint Paul dans la deuxième lecture, le Christ, « image du Dieu invisible, premier-né avant toute créature », est aussi la tête du corps, la tête de l’Église, c’est-à-dire celui qui nous entraîne à sa suite, qui ne fait rien sans nous comme la tête ne fait rien sans le corps. Par conséquent, au lieu de dire à Jésus en Croix : « Sauve-toi toi-même et nous aussi », disons au Christ Roi de l’univers : « Seigneur aide-nous, toi qui ne veux rien faire sans nous, à travailler activement à notre salut et au salut du monde, à vivre et à faire vivre toutes les valeurs de l’Évangile qui nous sauveront et sauveront le monde. Aide-nous à être ni des observateurs, ni des accusateurs mais des bâtisseurs avec toi de ton Royaume.

Amen !

René Pichon

 

 

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