Homélie du dimanche 23 juin 2024, 12e dimanche du temps ordinaire. Année B
Messe célébrée à Chambéry par le Père Patrick Gaso.
Évangile selon St Marc 4, 35-41. Livre de Job 38, 1.8-11. Psaume 106.
2e lettre de saint Paul aux Corinthiens 5, 14-17.
L’Évangile de ce dimanche est celui de la tempête apaisée. (Mc 4, 35-41)
Que se passe-t-il ? Un soir, après une journée de travail intense auprès d’une foule nombreuse, Jésus monte dans une barque et demande à ses apôtres de passer sur l’autre rive, en territoire païen. Épuisé, Jésus, à peine monté dans la barque, s’endort à l’arrière sur un coussin. Soudain se lève une violente tempête. Les vagues violentes viennent se jeter dans la barque qui déjà, commence à se remplir. Très inquiets, les Apôtres réveillent Jésus en criant : « Maître, nous sommes perdus ; cela ne te fait rien ? » Réveillé, Jésus ordonne à la mer de se calmer : « Silence, tais-toi ! », alors : « Le vent tomba, et il se fit un grand calme. » Jésus leur pose une question intéressante : « Pourquoi êtes-vous si craintifs ? N’avez-vous pas encore la foi ? » Cette question s’adresse, bien sûr, aussi à nous !
Les Pères de l’Église ont expliqué cette page d’évangile, à leur façon.
Ce bateau, c’est notre histoire parfois ballotée par les vents. L’autre rive est une terre inconnue ; on sait peu de choses de cette terre-là. La traversée de la mer de Galilée indique aussi la traversée de la vie. La mer représente notre famille, notre communauté paroissiale, notre cœur lui-même : des petites mers, mais dans lesquelles, nous le savons, peuvent se déclencher à l’improviste, de grandes tempêtes.
Qui d’entre nous n’a pas connu une de ces tempêtes ? Qui n’a pas vécu ces moments lorsque tout s’assombrit ? Alors, la petite barque de notre vie commence à prendre à l’eau de toutes parts, et nous pensons même que Dieu est absent ou qu’il dort ?
Quelles peuvent être ces tempêtes ? Chacun d’entre nous en a vécu ; ce peut être :
- Une réponse alarmante du médecin et nous voilà en pleine tempête.
- Un fils, une fille qui prend un mauvais chemin et fait parler de lui, et voilà les parents en pleine tempête.
- Une crise financière, une pandémie, la perte d’un travail, un amour déçu, la fin de l’amour du fiancé, ou du conjoint, et nous voilà en pleine tempête.
Que faire alors ? À quoi ou à qui pouvons-nous nous rattacher ? De quel côté pouvons-nous jeter l’ancre pour éviter toute dérive ? Qui peut m’aider ? Jésus ne nous donne pas de recette magique pour éviter toutes les tempêtes de notre vie. Il n’a pas promis non plus de nous épargner toutes les difficultés ; Il nous a, en revanche, promit la force pour les surmonter, si nous la lui demandons. Reconnaissons-le, bien souvent dans ces situations difficiles, l’inquiétude, l’angoisse et la fatigue sont bien présentes !
Aujourd’hui, que nous enseigne cet épisode de la Tempête apaisée ? Qui est Jésus ?
– Une première chose qui nous frappe dans le récit de saint Marc est que Jésus est comme nous tous. Fatigué, épuisé, Il n’en peut plus ; Il a besoin de sommeil et de repos, Il n’échappe pas aux réalités de la vie ordinaire et courante, celle que nous vivons.
Il y a donc une première chose que nous pouvons retenir dans le récit concernant Jésus : Il est bien homme ! Il est bien humain comme nous tous ! La nature divine ne paraît pas dans son aspect physique. S’Il était au milieu de nous, il est possible que nous ne reconnaissions pas sa divinité ! Jésus n’est pas un ‘superman’ : Il est entièrement homme. Après une intense journée de prédication, le soir venu, Jésus, épuisé, veut s’éloigner de la foule. Il est fatigué, Il cherche un peu de repos et Il s’endort sur le coussin à l’arrière de la barque. Les vagues, la tempête qui survient ne réussissent pas à le réveiller tellement Il dort profondément. Ce sont ses disciples affolés qui vont le réveiller en criant dans ses oreilles.
– Et pourtant, Jésus est vraiment Dieu ! Une fois réveillé, Il agit et la réaction que les disciples ont retenue n’est pas celle d’un homme seulement. C’est la deuxième chose qui nous frappe, une deuxième facette de Jésus, que nous découvrons dans le récit de saint Marc. Jésus agit comme Dieu lui-même aurait agi. Il se fait le maître du vent et de la mer. Il leur commande : « Silence, tais-toi ! », et les éléments obéissent.
Là, Jésus n’agit plus comme un homme ordinaire, la puissance de Dieu se manifeste en lui. Et c’est bien l’essentiel à retenir de cet épisode de la Tempête apaisée. Il ne s’agit pas de savoir si c’est possible : tout est possible à Dieu ! Ce qu’il y a d’essentiel ici, c’est que les disciples, à ce moment précis, perçoivent en Jésus une puissance qui lui vient d’ailleurs. C’est cette évidence qui marque profondément les disciples !
Jésus ici, révèle la toute-puissance de la présence de Dieu. Mais parce qu’Il est humain en tout, cette puissance reste cachée. Elle ne se révèle pas à tous, elle se révèle à ceux et celles qui s’approchent de Jésus par le cœur, dans la foi, c’est-à-dire ceux qui vont au-delà des apparences.
Saint Augustin disait des Apôtres : « Ils ont connu l’homme, ils ont cru le Dieu en lui ». L’Apôtre Pierre le confessera au nom de tous en disant de Jésus : « Tu es le Christ Sauveur, le Fils du Dieu vivant ».
Aujourd’hui, peut-être faisons-nous l’expérience de Jésus qui semblerait dormir dans notre vie … dans le monde… dans l’Église, ou en nous ? Une tempête, un tsunami …nous bouleverse et nous frappe de plein fouet… Et pourtant, Jésus est là toujours présent et puissant pour nous sauver et nous éviter d’être complètement submergés et de risquer une noyade !
C’est notre foi qui est sollicitée, qui a besoin de s’aviver, de se réveiller. Nous croyons que Jésus dort ? Non, c’est nous qui dormons !
Nous avons à faire et refaire l’expérience de la rencontre du Christ ! Nous laisser profondément toucher par le message et la personne de Jésus ! Oser se convertir de jour en jour. C’est en ouvrant notre cœur que, de plus en plus, nous découvrirons qui est le Christ pour moi, à la fois vrai homme et vrai Dieu. Nous découvrirons que Jésus est la porte et le chemin qui mène à son Père.
Pour ce dimanche, retenons ceci : nous avons tous essuyé des tempêtes et nous allons, sans doute, en vivre bien d’autres, mais frères et sœurs, quelles que soient les tempêtes que nous vivrons, Jésus est présent, Il se laisse découvrir ! Il ne s’impose pas ! Il est là simplement, à la fois discret et en attente ! Il attend que nous fassions un bout de chemin avec Lui et que nous posions un acte de foi : « Voici que je me tiens à la porte, si quelqu’un m’ouvre, j’entrerai, je m’assoirai et je souperai avec lui », nous dit l’Apocalypse.
Voulons-nous ouvrir notre porte ?
Frères et sœurs, dans cette Eucharistie (saint sacrifice de la messe) qui est le repas du Seigneur, prenons le temps de nous asseoir avec Jésus, de nous mettre à son écoute.
La foi n’est pas le rêve d’une terre sans problème, d’une mer toujours calme ; la foi est de croire en Jésus avec confiance, de le savoir présent, de croire en son amour, de croire en sa Résurrection !
Demandons pour chacun de nous, en ce dimanche, un surcroît de foi afin que nous puissions, à travers nos joies et nos peines, continuer notre route avec Lui !
Ainsi soit-il !