Évangile selon saint Marc 4, 26-34. Livre du prophète Ézéchiel 17, 22-24. Psaume 91.
Deuxième lettre de saint Paul aux Corinthiens 5, 6-10.
Frères et sœurs, comme ces paroles sont réconfortantes ! Ce 11° dimanche est baigné d’un beau et agréable soleil, mais nous voilà, en plus, tout joyeux ! L’évangile nous parle du royaume de Dieu, non pas en termes de déclin, mais plutôt en termes de croissance !
La Parole du Seigneur est claire, Il nous dit : « Soyez attentifs ! Le Royaume de Dieu agit, que vous soyez éveillés ou que vous soyez endormis. »
Le Royaume de Dieu agit. Le règne de Dieu est à l’œuvre, l’Esprit de Dieu est à l’œuvre.
C’est ce que nous montrent aussi les différentes célébrations : mariages, baptêmes, première communion, profession de foi… de ce week-end ; Oui ! Dieu est toujours à l’œuvre !
Les textes d’aujourd’hui nous parlent du Royaume. Pour cela, nous entendons deux courtes paraboles très proches l’une de l’autre :
– L’une nous donne l’image du blé, de ce blé qui pousse indépendamment de ce que fait le cultivateur. « Qu’il dorme ou qu’il soit debout, la nuit et le jour, la semence germe et grandit, il ne sait comment. » Le cultivateur ne sait pas comment le Royaume se développe, cela échappe à sa conscience et même à sa compréhension, mais de fait, l’Église grandit et le Royaume se développe.
– L’autre parabole nous donne l’image de la moutarde, dont la graine est toute petite, mais qui produit une grande plante. J’ai eu la curiosité de voir une graine de moutarde, cette petite graine dont parle l’évangile ; à quoi ressemble-t-elle ? J’ai pu en tenir une dans la main ; elle est réellement minuscule ! Il faut, paraît-il, 750 graines pour atteindre le poids de 1 gramme ! À l’époque de Jésus, la graine de moutarde était la plus petite graine connue, mais une fois en terre, elle se développe tant et si bien que l’arbre potager qui naît de l’une d’elles peut atteindre jusqu’à 10 à 15 m de haut… si bien que, comme le précise l’évangile, des oiseaux peuvent y faire leurs nids.
Ces deux paraboles nous parlent de la croissance dans la nature. Pourtant, à l’œil nu, nous ne voyons rien, nous avons du mal à la percevoir. Mais, si nous ne la voyons pas, ce n’est pas parce qu’elle serait imaginaire, mais tout simplement parce que sa croissance est lente. Notre œil n’est pas capable de percevoir les mouvements très lents. Il est impossible de voir instantanément une plante grandir. Il faudra attendre le cinéma pour pouvoir découvrir en accéléré (image après image) le développement prodigieux d’une plante ou d’une fleur.
Alors, que nous disent ces deux paraboles sur le Royaume et cela s’adresse à chacun de nous ?
Il nous est proposé deux invitations à un « vivre » ensemble !
– Première invitation : vivre ensemble dans la confiance dès ici-bas. Dans la deuxième lecture, saint Paul nous invite à avoir confiance plus que jamais. C’est sûr, nous voudrions habiter avec le Seigneur, mais nous sommes appelés à vivre avec Lui, déjà ici-bas et maintenant. Dans cet « ici et maintenant », que nous pouvons reconnaître que le Seigneur agit, reconnaître le Seigneur à l’œuvre et comment nous y pouvons y participer en communauté paroissiale en annonçant la Parole de Dieu.
Cette attitude nous demande un surcroit de Foi. Alors, demandons-le ! Cheminons dans la Foi, comme nous le dit saint Paul. Frères et sœurs, que serions-nous sans la Foi ? Si nous avions un regard uniquement humain, à mesurer les statistiques, à regarder l’écosystème géopolitique et humanitaire du monde ou de la France, en cette période troublée, nous pourrions, en effet, nous décourager. Mais non, Jésus nous invite à la confiance et Il nous dit aujourd’hui dans cette parabole :
« Prenez courage ! Que vous soyez éveillés ou endormis, que vos propositions trouvent un écho ou pas, l’œuvre de Dieu se réalise, et l’Esprit est à l’œuvre. »
– Deuxième invitation : vivre selon la disproportion. La deuxième parabole nous apprend une pédagogie particulière du règne de Dieu. Il s’agit de la disproportion, car il n’y a pas de commune mesure entre ce que nous pouvons faire, réaliser, et ce qui se produit effectivement. De même qu’il n’y a pas de commune mesure entre cette minuscule graine de moutarde – qui est la plus petite de toutes les semences du potager – et cette grande plante potagère dans laquelle les oiseaux du ciel viennent s’abriter.
La grâce nous entraîne dans un « au-delà », dans quelque chose de bien plus grand que ce que nous oserions demander et même rêver. Au fond, chaque sacrement est une pédagogie de la disproportion.
Nous en prenons conscience en particulier au cours de l’Eucharistie : ce peu de pain et de vin transformés, durant la consécration, rendent le Seigneur présent Lui-même sur l’autel.
Par exemple, lorsque je suis amené à célébrer un baptême avec ces quelques gouttes d’eau, avec ces quelques paroles, une prière, un peu de saint Chrême, c’est émerveillé que je découvre :
- La présence du Seigneur dans ce cœur d’enfant, dans ce cœur d’adulte,
- La présence de l’Esprit Saint,
- L’entrée dans cette Église,
- Que Dieu est Père et que, par ce baptême, nous sommes ses enfants bien-aimés… c’est énorme !
Quelle disproportion ! C’est celle de l’Amour de Dieu, de la surabondance de son Amour !
Vivre de cette disproportion, c’est demander au Seigneur d’avoir une Foi qui nous permette d’aller bien au-delà du visible et ce que l’on pourrait mesurer ; notre cœur ne perçoit pas tout…
Chers frères et sœurs, en ce 11e dimanche, osons vivre dans la confiance dès maintenant, et, en même temps, vivre selon la disproportion de Dieu, c’est-à-dire dans la démesure du projet de vie et d’amour de Dieu ! Le Seigneur nous donne tout, tout ce qu’Il est !
Je vous invite à relire ce texte !
Comme disait le Petit Prince dans le conte d’Antoine de Saint-Exupéry « L’essentiel est invisible pour les yeux. ». Pour ma part, ce que je retiens, c’est que la Foi, c’est cela : reconnaître déjà dans le visible, la présence de l’invisible.
Frères et sœurs, rendons grâce à Dieu et demandons pour chacun de nous un surcroît : de foi, de confiance et d’espérance ! Soyons émerveillés par l’action de Dieu !
Ainsi soit-il !