Homélie du dimanche 2 juin 2024, solennité du Saint Sacrement, année B.
Messe célébrée par le Père Patrick Gaso, Chambéry – Église Saint Joseph.
Évangile selon saint Marc 14,12-16.22-26. Livre de l’Exode 24, 3-8. Psaume 115.
Séquence. Lettre aux Hébreux 9, 11-15.
Ce matin, il m’a été demandé de faire le lien entre cette eucharistie et le temps d’adoration vécu hier et cette nuit, jusqu’à ce matin.
Vous souvenez-vous de ce qui s’est passé le 15 avril 2019 ? C’était le jour de l’incendie de la Cathédrale Notre-Dame à Paris. Cet événement a eu un retentissement planétaire !
Je me rappelle très bien un commentaire de Mgr Aupetit. Face au désastre, face à l’état de la cathédrale encore fumante, il a eu cette parole qui m’a bouleversé : qu’est-ce qui est important dans une cathédrale ou une église ? Qu’est-ce qui fait leur beauté ?
L’édifice ? Les pierres sculptées ? Les sculptures ? Les vitraux ? Les statues ? le chœur ? Non ! Certes, ces éléments sont beaux, certaines fois remarquables… mais ce qui important, c’est le tabernacle ! Plus exactement, Celui qui est dans le tabernacle ! C’est ce lieu construit, articulé, pour accueillir non pas de l’or ou de l’argent, ou encore des diamants, mais pour accueillir, en réalité, quelques grammes de pain ! Toute une église est construite pour l’accueillir ! Toutes ces richesses, pour un bout de pain ! Mais pas n’importe quel pain ! Ce pain est consacré ! Il est présence réelle de notre Seigneur : le Corps du Christ que nous vénérons et que nous adorons !
Dit comme cela, c’est folie pour un non-baptisé ! Folie pour une personne qui n’a pas encore fait la rencontre du Christ !
Le tabernacle doit et devrait être central dans nos églises ! Certes, les réformes liturgiques et certaines architectures proposent une autre configuration, mais combien de fois en entrant une église, la première chose que je cherche est cette petite lumière rouge qui m’indique où est Jésus !
Entrer dans une église, c’est déjà être à la recherche de Jésus, pour Le rencontrer !
- Cherchez Jésus
Dès le début de l’Évangile de saint Jean, les deux disciples de Jean-Baptiste se mettent à le suivre. Jésus se tourne et leur demande : « Que cherchez-vous ? » Ils lui dirent : « Maître, où demeures-tu ? » Il leur dit : « venez et voyez » (Jn 1, 38-39)
Quelles questions pouvons-nous nous poser ? Que cherchons-nous ? Qui cherchons-nous ? C’est la question que Jésus nous pose. Ce qui est certain, c’est qu’Il se laisse trouver !
- Appel à contempler Jésus
Pourquoi ? Nous sommes faits pour vivre en communion avec le Christ, pour être unis à lui, en toute chose. La vie chrétienne, ce n’est pas se conformer à un système de valeurs morales, aussi belles soient-elles. C’est être uni au Christ. C’est tout vivre avec Lui et pour Lui. C’est Lui qui a les Paroles de la vie éternelle !
Contempler Jésus, c’est le regarder. Tout simplement. L’Adoration répond à ce besoin existentiel : être devant Lui, avec Lui !
De fait, cela n’est pas si difficile. Et ce n’est pas réservé aux contemplatifs, aux moines et moniales. Tous les baptisés doivent (devraient) être des contemplatifs. Ce n’est pas réservé aux plus mystiques parmi nous, ni même à ceux qui ne peuvent pas marcher, s’agiter. Et ce n’est pas une question de tempérament. Parmi les baptisés, il ne peut pas y avoir les actifs et les contemplatifs, selon les tempéraments. Tous les saints ont été des contemplatifs, même les plus actifs, surtout les plus actifs !
3- Qu’est-ce que « ADORER » ?
L’adoration, c’est l’acte fondateur par lequel nous faisons la différence entre Dieu et nous (en tant que créature) : Il est celui par qui j’existe et pour qui j’existe.
Rappelons-nous ! Quand les mages arrivent à Bethléem « ils virent l’enfant avec Marie sa mère, et se prosternant, ils lui rendirent hommage… » ils se mettent à plat ventre pour reconnaître le roi d’Israël, ils lui rendent hommage.
Quand Pierre découvre qui est Jésus après la pêche miraculeuse « il se jette aux genoux de Jésus en disant : « éloigne-toi de moi je suis un homme pécheur ». (Lc 5, 8)
C’est la première chose à faire lorsque nous débutons l’adoration eucharistique. Un geste, un mouvement, pour adorer, un mouvement intérieur par lequel nous essayons de nous mettre à notre place de créature devant Dieu et reconnaître tout simplement que : « Seigneur, j’ai besoin de Toi, j’ai besoin de T’écouter, de comprendre ce que Tu veux pour moi. ». Alors, une rencontre, un échange devient possible !
4 – Je termine simplement avec une citation du pape Benoît XVI sur l’Eucharistie. Il a été un grand adorateur ! « Sacramentum caritatis » (C’est le titre de l’exhortation apostolique sur l’Eucharistie qu’il a écrite.)
J’en cite une phrase : « Sacrement de l’amour, la sainte Eucharistie est le don que Jésus-Christ fait de lui-même, nous révélant l’amour infini de Dieu pour tout homme. Dans cet admirable Sacrement se manifeste l’amour « le plus grand », celui qui pousse « à donner sa vie pour ses amis » (Jn 15, 13).
…
De la même manière, dans le Sacrement de l’Eucharistie, Jésus continue à nous aimer « jusqu’au bout », jusqu’au don de son corps et de son sang. Quelle merveille doit susciter aussi dans notre cœur le Mystère eucharistique ! »
Nous, chrétiens, nous devrions être émerveillés, à chaque eucharistie, du miracle qui se passe devant nos yeux.
5 - Conclusion
Cette Solennité du Saint Sacrement, cette Fête-Dieu est bien particulière ! Elle n’est pas simplement le souvenir émouvant du dernier repas ! Voyez-vous, c’est quelque chose de spécial qu’aucune religion n’a et que les chrétiens ont. Leur chef, leur fondateur, Jésus, est toujours vivant et à chaque Eucharistie, Il redevient présent parmi nous. Il continue d’accomplir sa mission de salut pour le monde. Il n’est pas seulement un souvenir ancien, Il est aussi une présence réelle.
Voilà, frères et sœurs, ce que nous recevons en ce jour où nous fêtons la Solennité du Saint Sacrement !
Rendons grâce à Dieu !
Ainsi soit-il !