ÉVANGILE « Heureux les pauvres de cœur » (Mt 5, 1-12a)
En ce temps-là, voyant les foules, Jésus gravit la montagne. Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent de lui. Alors, ouvrant la bouche, il les enseignait. Il disait : « Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux. Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés. Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage. Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés. Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde. Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu. Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu. Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des Cieux est à eux. Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! »
HOMELIE
4° dimanche ordinaire A
Avec ce passage de l’évangile de saint Matthieu que nous connaissons tous commence un long enseignement de Jésus connu sous le nom de sermon sur la montagne. Un enseignement qui ne se limite pas à la proclamation des béatitudes mais qui va se poursuivre dans les chapitres 5, 6 et 7 avec des paroles aussi fortes que les béatitudes, notamment avec l’enseignement du « Notre Père » au chapitre 6.
L’évangéliste a regroupé l’enseignement de Jésus en 5 grands discours que l’on va retrouver aux moments clé de la vie publique de Jésus. 5 discours comme les 5 premiers livres de la bible, le pentateuque, les livres fondateurs, la thora. N’oublions pas que Matthieu, de culture juive est l’évangéliste qui vise à convaincre ses frères Juifs que Jésus est bien l’envoyé de Dieu., le messie, celui que l’écriture annonce C’est encore pour cela qu’il situe cet enseignement sur la montagne. C’est un signal clair pour ses auditeurs et lecteurs, ils comprennent spontanément, que l’évangéliste leur donne un signal qui annonce l’importance de ce qui va être dit. L’enseignement est donné sur la montagne comme autrefois Dieu a solennellement donné à Moïse le décalogue au Sinaï, le décalogue, les 10 paroles, ce que nous appelons communément les 10 commandements.
Le point commun entre les deux événements s’arrête à la montagne pour signifier l’importance du moment. Alors qu’au Sinaï il s’agit d’une charte d’alliance, ici il s’agit de béatitudes d’un appel au bonheur en essayant de toujours mieux conformer, de toujours mieux ajuster notre vie sur ce que Dieu révèle de lui dans les béatitudes. Plus que jamais il se révèle un Dieu proche, un Dieu qui est venu partager notre vie, qui est entré dans notre histoire en Jésus Christ par qui nous pouvons connaître quelques traits du visage de celui que l’ancien testament appelle le tout autre. Les béatitudes sont comme une esquisse du visage de notre Dieu qui est révélé comme le Dieu humble, doux, vulnérable, il pleure nous dit le texte, un Dieu assoiffé de justice, miséricordieux, pur, c’est-à-dire limpide, sans duplicité, pacifique, qui peut être en but à l’incompréhension. Voilà un visage dont nous n’avons pas trop de toute la vie pour le contempler et lui ressembler.
« Heureux…. Heureux…. Heureux… », 7 fois cet appel résonne sur la montagne, appel qui se termine par : « réjouissez vous, soyez dans l’allégresse. » Appel au bonheur pour tous même pour les cabossés de la vie.
Et parce que nous croyons que l’évangile est un chemin de bonheur pour nous, pour tous, nous voulons le partager avec tous, proches ou lointains. Au milieu de tous les désenchantements, contre tous les prophètes de malheurs, nous affirmons qu’au-delà de toutes les difficultés de la vie, chaque être humain comme toute la création, comme tout l’univers sont appelés à réussir en Dieu. Le pape François nous l’a rappelé solennellement dans l’encyclique Lautadato si. L’Evangile mot d’origine grecque que traduisons habituellement par bonne nouvelle, peut aussi se traduire par heureuse annonce, est une déclaration de bonheur pour le monde. Pourquoi faut- il donc que les catholiques aient peur du bonheur ? C’est une question que le pape Benoît XVI posait dans l’encyclique Dieu est amour. 3 siècles d’hérésie janséniste nous ont appris à baisser la tête, à subir, à souffrir, à nous taire. Qu’est ce que ça à voir avec l’évangile, avec la proclamation des béatitudes ?
En marche, debout, heureux, sont les différentes traductions de cet appel au bonheur, traduction qui nous redisent comment le Dieu de la bible n’appelle jamais à la passivité mais à une attitude dynamique, à une mise en route. C’est vrai depuis Abraham, le père des croyants jusqu’à Marie de Nazareth, comme ce fut vrai pour l’assemblée de Jérusalem le jour de la Pentecôte comme c’est vrai encore aujourd’hui pour notre assemblée comme pour toute l’Eglise.
Debout, en marche, nous recevons une bonne nouvelle et nous sommes chargés d’une heureuse annonce. Saint François de Sales nous explique que ce dynamisme de l’évangile est signifié dans la liturgie par notre attitude debout pour accueillir l’évangile, debout pour montrer que nous sommes prêts à nous mettre en route pour aller vivre et mettre en œuvre ce que nous avons entendu.