ÉVANGILE « Ce que dit la bouche, c’est ce qui déborde du cœur » (Lc 6, 39-45)
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples en parabole : « Un aveugle peut-il guider un autre aveugle ? Ne vont-ils pas tomber tous les deux dans un trou ? Le disciple n’est pas au-dessus du maître ; mais une fois bien formé, chacun sera comme son maître. Qu’as-tu à regarder la paille dans l’œil de ton frère, alors que la poutre qui est dans ton œil à toi, tu ne la remarques pas ? Comment peux-tu dire à ton frère : ‘Frère, laisse-moi enlever la paille qui est dans ton œil’, alors que toi-même ne vois pas la poutre qui est dans le tien ? Hypocrite ! Enlève d’abord la poutre de ton œil ; alors tu verras clair pour enlever la paille qui est dans l’œil de ton frère. Un bon arbre ne donne pas de fruit pourri ; jamais non plus un arbre qui pourrit ne donne de bon fruit. Chaque arbre, en effet, se reconnaît à son fruit : on ne cueille pas des figues sur des épines ; on ne vendange pas non plus du raisin sur des ronces. L’homme bon tire le bien du trésor de son cœur qui est bon ; et l’homme mauvais tire le mal de son cœur qui est mauvais : car ce que dit la bouche, c’est ce qui déborde du cœur. »
HOMELIE
8° dimanche ordinaire C
C’est par une série de petites histoires pleines de bon sens, des histoires que chacun peut comprendre que Jésus nous invite à la conversion du cœur, au changement de regard sur les autres, à l’écoute de sa parole afin que nous soyons les uns pour les autres et pour le monde des foyers de lumière.
Oui accueillir la parole pour qu’elle nous éclaire, qu’elle ouvre nos yeux à la présence de Dieu dans nos vies. Devenir voyant dans le langage de la bible, c’est devenir croyant. Et si nous prenons le Christ pour guide nous ne tomberons pas dans le trou.
« Ce que dit la bouche, c’est ce qui déborde du cœur » dit Jésus, en écho à Ben Sira qui écrit : « Ne fais pas l’éloge de quelqu’un avant qu’il ait parlé c’est alors qu’on pourra le juger » Mais les deux textes ne s’arrêtent pas seulement à la parole, ils s’accordent pour affirmer que « c’est le fruit qui manifeste la qualité de l’arbre », « chaque arbre se reconnaît à son fruit ».
Ben Sira prend l’image du tamis que nous ne retrouvons pas dans l’évangile mais qu’un philosophe grec, Socrate avait déjà développé, . La voici :
Un jour quelqu’un vient trouver Socrate et lui dit : « Ecoute, il faut que je te raconte comment ton ami s’est conduit, avant que tu ne l’apprennes par d’autres ! » Socrate l’arrête aussitôt et lui dit : « Avant de me raconter, est-ce que tu as pris soin de passer à travers les trois tamis ce que tu veux me dire ? « L’autre est étonné : « trois tamis ? Qu’est-ce que ça veut dire ? » -« Oui mon ami, répond Socrate, regardons si ce que tu as à me dire peut passer par les trois tamis. Le premier c’est le tamis de la vérité. As tu contrôlé si ce que tu vas me raconter est bien vrai ? » – « Non, mais je l’ai entendu raconter par quelqu’un d’autre … »
« Alors tu as certainement fait passer ton histoire à travers le deuxième tamis, le tamis de la bonté ? Ce que tu veux me raconter, est-ce quelque chose de bon, de bien ? » – « Heu, justement, répond l’autre, ce n’est pas quelque chose de bien … au contraire, tu sais ton ami ! ». Aussitôt le sage lui coupe la parole et dit : « Alors essayons de nous servir du troisième tamis, c’est le tamis de l’utilité ! Est-ce qu’il est bien utile que tu me racontes ce que tu as tellement envie de me dire ? »
- « Utile, vu sous cet angle là, pas précisément !….. »
- « Eh bien, répond Socrate en souriant, si ce que tu as à me raconter n’est pas très sûr, si ce n’est pas bon, si ce n’est pas utile …. Je préfère ne pas le savoir et je te conseille de ton côté de l’oublier, et de l’oublier bien vite ! »
Elle n’est pas de Jésus cette histoire, elle n’est même pas dans la bible mais il m’a semblé qu’elle rejoignait bien ce que nous dit Jésus quand il nous invite à changer notre regard, à ouvrir les yeux pour de bon, à donner de bons fruits. C’est ce qu’on appelle se convertir, changer … Cette semaine avec le mercredi des cendres, va commencer le temps du carême, ce temps où nous sommes invités à nous tourner encore plus vers Dieu pour notre bonheur, notre joie à chacun et pour le bonheur et pour la joie de tous. Le carême, pour revisiter la qualité des fruits de notre arbre personnel, qu’il faudra probablement élaguer, soigner comme on le fait pour les arbres au printemps en vue d’une récolte plus prometteuse. Et si une poutre nous obscurcit le regard ce sera le moment de l’ôter de notre œil pour voir plus clair car nous sommes toujours prompt à juger les autres avec un regard qui n’est ni fraternel ni bienveillant. « Qui es-tu pour juger ton frère ? »
Soyons fermes et inébranlables dans notre foi, comme l’apôtre Paul nous y invite dans sa lettre aux corinthiens : se rapprocher de Dieu, ça ne peut être ni triste, ni ennuyeux si le Dieu de notre foi est bien celui de Jésus-Christ.