ÉVANGILE « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, et ton prochain comme toi-même » (Mt 22, 34-40)
En ce temps-là, les pharisiens, apprenant que Jésus avait fermé la bouche aux sadducéens, se réunirent, et l’un d’entre eux, un docteur de la Loi, posa une question à Jésus pour le mettre à l’épreuve : « Maître, dans la Loi, quel est le grand commandement ? » Jésus lui répondit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Voilà le grand, le premier commandement. Et le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. De ces deux commandements dépend toute la Loi, ainsi que les Prophètes. »
HOMELIE
30° dimanche ordinaire- A
Tout au long de cette année liturgique nous avons lu l’évangile de saint Matthieu. Nous approchons de la fin de l’année liturgique, ce sera dans un mois avec la fête du Christ roi. Je rappelle ceci pour situer le texte d’aujourd’hui dans l’évangile de Matthieu tout comme dans la vie de Jésus. Nous sommes à Jérusalem où quelques jours auparavant la foule a fait un triomphe à Jésus, c’était le jour des rameaux. Aussi les responsables politiques et religieux aussi divisés et opposés qu’ils soient entre eux vont faire front commun face à Jésus. On a vu les pharisiens et les hérodiens s’allier pour piéger Jésus sur l’affaire de l’impôt à payer ou non à César. Puis les sadducéens ont pris le relais en essayant de ridiculiser l’idée de résurrection avec l’histoire de cette femme qui avait été veuve successivement de 7 maris. Alors nous dit l’évangile : « les pharisiens apprenant qu’il avait fermé la bouche aux sadduccéens, se réunirent et l’un d’entre eux, un docteur de la loi, posa une question à Jésus pour le mettre à l’épreuve » Pour le mettre à l’épreuve, nous sommes en pleine polémique, tout est bon pour attaquer Jésus, le prendre en défaut, le ridiculiser, le déconsidérer, pour le mettre sur la touche et on sait comment ça va finir.
« Maitre dans la loi quel est le plus grand commandement ? » Cette question peut nous étonner de la part d’un docteur de la loi, d’autant plus que depuis longtemps l’écriture et les prophètes ont donné la réponse et ont fait le tri parmi les 613 commandements et prescriptions de la religion juive. Cette question qui se veut malveillante nous vaut la merveilleuse réponse de Jésus que vous connaissez tous par cœur et qui est connue bien au-delà des cercles chrétiens, c’est en quelque sorte notre image de marque ou ça devrait l’être : « Aimer Dieu et aimer son prochain, aimer Dieu en aimant son prochain » Ce que saint François de Sales traduit à son ami Théotime en écrivant dans le traité de l’amour de Dieu : « Aimer le prochain, c’est aimer Dieu en l’homme et l’homme en Dieu »- « Tout ce qu’il y a dans l’écriture, dans la loi et les prophètes dépend de ces deux commandements » Autrement dit, tes 613 prescriptions religieuses, docteur de la loi, sont contenues et résumées dans ces deux commandements. « La charité, entre toutes les vertus est comme le soleil entre les étoiles, elle leur distribue à toutes leur clarté et leur beauté » écrit encore François de Sales.
Deux commandements exprimés par un seul verbe : aimer et trois sujets à aimer : Dieu, le prochain et soi-même pour aimer le prochain. Mais ceci affirmé, la mise en œuvre n’est pas toujours évidente. Aimer Dieu c’est accueillir et répondre à un amour qui nous précède et que l’on découvre. On a rien fait pour, mais cet amour est offert à tous. Beaucoup ne le savent pas encore, vivent dans l’inquiétude ou le sentiment d’être bien seuls ; leur annoncer qu’ils sont aimés, qu’ils sont faits pour le bonheur, partager la joie de l’évangile comme l’écrit le pape François, n’est-ce pas une mission merveilleuse ! Mais cet amour de Dieu ne réside pas dans de belles paroles ou de bons sentiments, il s’incarne et il se vérifie dans l’amour du prochain et en particulier dans la proximité avec le plus faible, le plus démuni. C’est déjà dans la loi et les prophètes, Jésus ne fait que le rappeler. L’écriture attire notre attention sur les exclus, les sans droits qui dans la société de l’époque étaient l’étranger, la veuve et l’orphelin, Dieu est leur père et leur protecteur dit l’écriture. Aujourd’hui mon prochain a mille visages, mille visages qui reflètent le visage de Dieu, il est parfois bien encombrant, bien dérangeant mon prochain, mais si je l’ignore, de fait j’ignore Dieu. L’apôtre Jean, dans son langage direct et abrupt est clair lorsqu’il invite à aimer en actes et en vérité, il conclut : « Celui qui dit : j’aime Dieu et n’aime pas son prochain est un menteur »….. Il n’y a rien à ajouter, sinon à nous interroger sur la vérité et a sincérité de notre amour de Dieu.