ÉVANGILE « Rabbouni, que je retrouve la vue » (Mc 10, 46b-52)

En ce temps-là, tandis que Jésus sortait de Jéricho avec ses disciples et une foule nombreuse, le fils de Timée, Bartimée, un aveugle qui mendiait, était assis au bord du chemin. Quand il entendit que c’était Jésus de Nazareth, il se mit à crier : « Fils de David, Jésus, prends pitié de moi ! » Beaucoup de gens le rabrouaient pour le faire taire, mais il criait de plus belle : « Fils de David, prends pitié de moi ! » Jésus s’arrête et dit : « Appelez-le. » On appelle donc l’aveugle, et on lui dit : « Confiance, lève-toi ; il t’appelle. » L’aveugle jeta son manteau, bondit et courut vers Jésus. Prenant la parole, Jésus lui dit : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » L’aveugle lui dit : « Rabbouni, que je retrouve la vue ! » Et Jésus lui dit : « Va, ta foi t’a sauvé. » Aussitôt l’homme retrouva la vue, et il suivait Jésus sur le chemin.

HOMELIE

30° dimanche ordinaire –  B

Nous approchons de la fin de l’année liturgique, après la fête de la toussaint, il nous restera 3 dimanches de novembre avant la célébration de la nouvelle année liturgique qui va nous faire ouvrir l’évangile de Saint Luc. Ce qui signifie que nous arrivons à la fin de la lecture de l’évangile de Saint Marc qui nous a accompagnés tout au long de cette année écoulée. Si je précise cela c’est pour situer le passage d’évangile que nous venons d’entendre, il se trouve juste avant l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem que nous célébrons le jour des rameaux. Jéricho c’est la dernière étape avant Jérusalem où désormais tout va se passer jusqu’à la mort et la résurrection.

Jésus a quitté la Galilée, suivit la vallée  du Jourdain qui va bientôt se jeter dans la mer morte  et après la belle oasis de Jéricho il va s’engager sur la route à travers les montagnes escarpées du désert de Judée. C’est le parcours normal pour se rendre de la Galilée à Jérusalem en évitant la traversée du pays de Samarie que l’on méprise. De Jéricho à Jérusalem il y a environ 25 kilomètres mais avec plus de 1000 mètres de dénivelé puisque l’on part de moins 400m. , l’altitude  de la mer morte, jusqu’à plus 800 m. à Jérusalem. Ce qui explique l’expression biblique : «Monter à Jérusalem » qui signifie à la fois une démarche spirituelle et une réelle montée sur le plan physique.  C’est ce qu’expriment les psaumes de pèlerinage, appelés aussi psaumes des montées. Pour Jésus c’est la dernière étape de sa vie sur la terre, une étape difficile et douloureuse que symbolise bien la route qu’il va prendre. C’est d’ailleurs sur cette route escarpée et dangereuse qu’il a situé la parabole du bon samaritain qui vient en aide à un voyageur attaqué par des brigands.

A la sortie de Jéricho, au bord du chemin, en retrait, à l’écart, un mendiant aveugle  demande l’aumône. Il va appeler Jésus  et crier d’autant plus fort qu’on veut le faire taire : «  Jésus fils de David » autrement dit : «  Jésus, toi le messie, toi l’objet  de notre attente » On veut le faire taire et pourtant c’est justement ce que la foule va crier à l’arrivée de Jésus à Jérusalem dans le chapitre suivant de l’évangile. Bar Timée a donc une étape d’avance sur tous. Lui, l’aveugle au bord du chemin proclame que Jésus est bien le Dieu qui sauve. Lui l’aveugle voit la réalité de Jésus.

A plusieurs reprises Jésus avait bien essayé d’ouvrir les yeux de ses disciples, de les préparer à ce qui allait suivre, mais leur aveuglement n’avait cessé de grandir. Sur cette route vers Jérusalem ils en étaient  même venus à se disputer sur la répartition des meilleures places à l’arrivée. Ces provinciaux de Galilée étaient aveuglés par leurs rêves de gloire. C’est un aveugle, dont l’évangile a retenu le nom :Bartimée, qui avant de retrouver la vue du corps a été illuminé par la foi et a reconnu en Jésus, Dieu parmi nous. Il quitte le bord du chemin à l’appel de Jésus, jette son manteau, c’est-à-dire  se débarrasse de ce qui peut ralentir sa démarche, il bondit et se met à suivre Jésus sur la route. Il bondit, c’est le saut que nous faisons, que nous avons tous à faire dans la foi, c’est l’acte de foi, l’acte de confiance. La foi c’est toujours un bond de confiance et un bond qui met en route. On ne connaît pas les détails du chemin mais on avance avec confiance à la suite du ressuscité qui nous appelle à la vie.

En rapportant cette histoire de Bar-Timée l’évangéliste veut attirer notre attention sur le danger de notre aveuglement à nous qui croyons voir, nous qui croyons croire…. Familiers de Jésus comme l’étaient  les disciples,  nous risquons nous aussi de ne pas le  voir et de ne pas l’accueillir tel qu’il est. C’est la tentation de toujours de vouloir le faire à notre mesure, à notre convenance et d’affadir ainsi le message de l’évangile.

Jésus vient pour nous ouvrir les yeux, éclairer tout être humain y compris les éclopés du bord du chemin, les cabossés de la vie dont nous parlait la première lecture. Oui l’évangile est un appel au bonheur pour tous, et la toussaint prochaine va nous le rappeler une fois de plus.

Sur la route de Jéricho à Jérusalem, un homme suit Jésus avec joie, les yeux ouverts. Il sait qu’il est sur le chemin de la vie même si ce chemin va passer par le calvaire.  Bar -Timée préfigure l’aventure que les apôtres, enfin guéris de leur aveuglement, vont vivre à partir de Pâques. Il préfigure notre aventure, l’aventure de tous les chrétiens.

Ce n’est peut être  pas par hasard que le dernier signe rapporté par l’évangile de Marc soit la guérison de cet aveugle sur le chemin de Jérusalem, sur le chemin de nos vies.

Oui, Seigneur,  fais que je vois, ouvre mes yeux à ta présence !

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