ÉVANGILE « Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? » (Jn 20, 1.11-18)
Le premier jour de la semaine, Marie Madeleine se rend au tombeau de grand matin ; c’était encore les ténèbres. Elle s’aperçoit que la pierre a été enlevée du tombeau. Elle se tenait près du tombeau, au-dehors, tout en pleurs. Et en pleurant, elle se pencha vers le tombeau. Elle aperçoit deux anges vêtus de blanc, assis l’un à la tête et l’autre aux pieds, à l’endroit où avait reposé le corps de Jésus. Ils lui demandent : « Femme, pourquoi pleures-tu ? » Elle leur répond : « On a enlevé mon Seigneur, et je ne sais pas où on l’a déposé. » Ayant dit cela, elle se retourna ; elle aperçoit Jésus qui se tenait là, mais elle ne savait pas que c’était Jésus. Jésus lui dit : « Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? » Le prenant pour le jardinier, elle lui répond : « Si c’est toi qui l’as emporté, dis-moi où tu l’as déposé, et moi, j’irai le prendre. » Jésus lui dit alors : « Marie ! » S’étant retournée, elle lui dit en hébreu : « Rabbouni ! », c’est-à-dire : Maître. Jésus reprend : « Ne me retiens pas, car je ne suis pas encore monté vers le Père. Va trouver mes frères pour leur dire que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. » Marie Madeleine s’en va donc annoncer aux disciples : « J’ai vu le Seigneur ! », et elle raconta ce qu’il lui avait dit.
HOMELIE
Sainte Marie Madeleine – 2021
Marie Madeleine tient une place centrale dans l’évangile puisque au matin de la résurrection, la préface de sa fête nous dit que : « Jésus lui confia la charge et l’honneur d’être l’apôtre des apôtres pour que la joyeuse annonce de la vie nouvelle parvienne aux limites du monde ». Elle est l’apôtre des apôtres qui auront bien du mal à lui faire confiance mais qui après cette première annonce, ce premier témoignage, devront bien se rendre à l’évidence. Marie Madeleine est le premier témoin et la première annonciatrice de la résurrection.
L’évangile de Luc, au début du chapitre 8, nous dit que dans sa mission, Jésus était non seulement accompagné des douze dont on connait les noms mais aussi de quelques femmes qui avaient été guéries d’esprits mauvais et de maladies. Il nous donne leur nom tout comme il nous donne le nom des douze, mais qui a retenu leur nom :« Marie surnommée la Magdaleine, elle que nous fêtons aujourd’hui, Jeanne femme de Chouza, intendant d’Hérode, Suzanne et plusieurs autres qui les assistaient de leurs biens » Autrement dit si Jésus et son équipe pouvaient aller de village en village, c’est qu’ils étaient accompagnés d’un groupe de femmes qui assuraient l’intendance tout en écoutant comme les apôtres l’enseignement du maitre. C’est encore elles que l’on retrouve au pied de la croix alors que les apôtres ont disparu dans la nature. Saint Jean nous précise : « Près de la croix de Jésus, se tenaient sa mère, la sœur de sa mère, Marie femme de Clopas et Marie de Magdala » Et au moment de la mise au tombeau, elles sont encore là : « Les femmes qui étaient venues de Galilée avec lui, avaient suivi Joseph d’Arimathie. Elles regardèrent le tombeau et comment le corps avait été placé. Puis elles s’en retournèrent et préparèrent aromates et parfums. Et le sabbat elles observèrent le repos prescrit ». Préparant les rites funéraires par amour pour Jésus, elles allaient en faire une momie, un mort pour l’éternité. Mais voilà qu’au petit matin du premier jour de la semaine, Marie Madeleine découvre le tombeau vide et à l’appel de son nom reconnait le Christ ressuscité. Et cette nouvelle qu’elle est chargée d’annoncer va devenir la bonne nouvelle, le cœur de notre foi, l’évangile qui parviendra aux limites du monde.
Après un temps de sidération, ils se terrent derrière des portes bien fermées, les apôtres vont vite reprendre les choses en main et devenir les diffuseurs de l’évangile et remettre les femmes à la place que leur réserve le monde patriarcal de l’époque. Voilà un thème de réflexion intéressant pour les théologiens de notre temps et des siècles à venir: le rôle des femmes dans l’évangélisation, leur place dans l’organisation de l’Eglise. Apparemment il emble que les mentalités commencent à bouger, peut être par la force des choses parce que l’on supprimait les femmes des églises et tout leur travail accompli dans la discrétion, les célébrants males que nous sommes seraient bien seuls. Ca ne date pas d’aujourd’hui, prêchant le carême à Grenoble, saint François de Sales écrit le 17 mars 1817 à la mère de Chantal : « Je n’ai jamais vu un peuple plus docile que celui-ci ni plus porté à la piété ; surtout les dames y sont très dévotes car ici comme partout ailleurs, les hommes laissent aux femmes le soin du ménage et de la dévotion »
Pour revenir à la personnalité et à la sainteté de Marie Madeleine, c’est encore à saint françois de Sales que je laisserai la conclusion : « Qui ne préférera la chasteté de Madeleine convertie à celle de plusieurs vierges jamais diverties » ( tome XXVI ascétisme et mystique)