ÉVANGILE « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre » (Mt 28, 16-20)

En ce temps-là, les onze disciples s’en allèrent en Galilée, à la montagne où Jésus leur avait ordonné de se rendre. Quand ils le virent, ils se prosternèrent, mais certains eurent des doutes. Jésus s’approcha d’eux et leur adressa ces paroles : « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre. Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. »

HOMELIE

Pour cette fête de l’ascension nous lisons les dernières lignes de l’évangile de saint Matthieu, cet évangile qui nous accompagne  cette année de dimanche en dimanche pendant le temps ordinaire.

Les disciples sont donc revenus en Galilée où Jésus leur avait donné rendez-vous. Le moment de la séparation est venu, aussi  il leur donne ses dernières consignes : «  de toutes les nations faites des disciples…et moi je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde »

Dans la première lecture, le début du livre des actes des apôtres, nous lisons le même enseignement et les mêmes consignes : la force de l’Esprit, la force de Dieu est avec vous et  «  vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie et jusqu’aux extrémités de la terre ».

Ce livre des actes des apôtres va nous raconter comment s’organise la communauté après l’ascension, comment la prédication de l’évangile va se faire à Jérusalem, en Judée, puis en Samarie avec la dispersion causée par la mort d’Etienne, enfin  nous suivrons  les voyages de Paul et des apôtres autour de la méditerranée  jusqu’ à Rome, la capitale de l’empire, le centre du monde de l’époque. Mais pour en arriver là, il faudra se démener, organiser les communautés, affronter toutes sortes de dangers, il  ne s’agit pas de rester là les bras ballants à regarder le ciel comme si les choses allaient se faire toutes seules. «  Galiléens pourquoi restez vous là à regarder le ciel ? »

Dans une méditation sur l’ascension, un évêque brésilien, don Géraldo, écrivait pour le journal La Croix : «  le message est clair, il faut partir, aller de l’avant, accomplir la mission confiée par le seigneur. Depuis 2000 ans, l’aventure continue. Jésus a besoin d’hommes et de femmes remplis de la force de l’Esprit, courageux, attentifs aux signes des temps et prêts à affronter tous les défis de notre époque. Avec une foi à toute épreuve, une indéfectible espérance et un optimisme contagieux. » Je citerai encore saint François de Sales qui interpelle son ami Théotime dans le traité de l’amour de Dieu : « Eh ne connais-tu pas que tu es en chemin et que le chemin n’est pas fait pour s’asseoir mais pour marcher ? Et il est tellement fait pour marcher que marcher s’appelle cheminer »

Et enfin le pape François insiste dans l’exhortation  la joie de l’évangile en écrivant  :  «  dans la parole de Dieu apparaît constamment ce dynamisme de « la sortie » que Dieu veut provoquer chez les croyants… Tout chrétien, toute communauté discernera quel est le chemin que le Seigneur demande, mais nous sommes tous invités à accepter cet appel : sortir de son propre confort et avoir le courage de rejoindre toutes les périphéries qui ont besoin de la lumière de l’évangile » 20.

Oui la fête de l’ascension nous invite à lever les yeux, non pas pour nous détourner du quotidien mais nous voir plus loin et en même temps elle nous renvoie à notre quotidien parce que c’est là que se fait la rencontre avec le tout autre, pas dans les rêves, dans les sentiments ou dans les visions. Le Dieu de l’incarnation  ne peut se rencontrer que dans les réalités de chaque jour, jamais dans la fuite de ces réalités.

Avec l’ascension, avec la fin de la présence physique de Jésus, commence le temps de l’Eglise, le temps de la communauté des chrétiens, c’est à nous maintenant de jouer jusqu’à notre passage vers lui. C’est à nous d’être les témoins de cette incroyable bonne nouvelle : nous sommes aimés de Dieu, le monde est aimé de Dieu, la création est faite pour réussir, elle est faite pour le bien de tous, on ne peut pas laisser quelques uns se l’approprier ou la saccager.

Qui, aujourd’hui,  mieux que les chrétiens, peuvent rappeler tout cela au monde ?  Nous avons du travail sur la planche…il y aura sans doute des moments difficiles, des moments d’incertitude, mais nous n’oublierons pas qu’il est avec nous tous les jours et nous trouverons sa force au sein de la communauté de tous ceux qui mettent leur confiance et leur espérance en lui.

Depuis l’ascension c’est le temps de l’Eglise dont le Christ est la tête nous dit l’apôtre Paul, cette Eglise où chacun a sa place comme les membres d’un corps.

Ne laissons pas notre place vide, ne manquons pas à nos frères, ne manquons au Christ en manquant à l’Eglise.

Je cite encore la joie de l’évangile : «  Dans tous les cas nous sommes tous appelés à offrir aux autres le témoignage explicite de l’amour salvifique du Seigneur qui bien au-delà de nos imperfections, nous donne sa proximité, sa parole, sa force et donne un sens à notre vie…. Notre imperfection ne doit pas être une excuse ; au contraire la mission est un stimulant constant pour ne pas s’installer dans la médiocrité et pour continuer à grandir » 121.

Chrétiens, galiléens d’aujourd’hui, au travail, ne restons pas là à regarder le ciel !

«  Pour les chrétiens vivant dans le monde, il leur est nécessaire de s’aider les uns les autres par de saintes amitiés. De cette manière, ils s’encouragent, se soutiennent, se portent mutuellement….Ceux qui cheminent dans la plaine n’ont pas besoin de se prêter main forte, ainsi des religieux. Mais ceux qui cheminent par des sentiers de montagne glissants et dangereux, se tiennent entre eux pour plus de sécurité….Ils en ont absolument besoin pour s’affermir les uns les autres et se secourir dans les nombreux passages qu’il faudra franchir »
                              Introduction à la vie dévote § 261.  

 « Saint Grégoire dit qu’en ce misérable monde nous devons faire ce que font ceux qui cheminent sur la glace pour tenir ferme et solide….Ils se prennent par la main ou dessous le bras afin que si l’un d’entre eux glisse, il puisse être retenu par l’autre »
                              3° entretien aux religieuses de la Visitation.

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