ÉVANGILE « Ils étaient comme des brebis sans berger » (Mc 6, 30-34)

En ce temps-là, après leur première mission, les Apôtres se réunirent auprès de Jésus, et lui annoncèrent tout ce qu’ils avaient fait et enseigné. Il leur dit : « Venez à l’écart dans un endroit désert, et reposez-vous un peu. » De fait, ceux qui arrivaient et ceux qui partaient étaient nombreux, et l’on n’avait même pas le temps de manger. Alors, ils partirent en barque pour un endroit désert, à l’écart. Les gens les virent s’éloigner, et beaucoup comprirent leur intention. Alors, à pied, de toutes les villes, ils coururent là-bas et arrivèrent avant eux. En débarquant, Jésus vit une grande foule. Il fut saisi de compassion envers eux, parce qu’ils étaient comme des brebis sans berger. Alors, il se mit à les enseigner longuement.

HOMELIE

15° dimanche ordinaire – B

Les trois lectures de ce dimanche nous ont fait entendre des récits de vocations, d’appels. Toute l’histoire de l’alliance est ainsi faite d’appels, d’appels individuels mais aussi d’appels faits au peuple de l’alliance. Amos était éleveur et il cultivait des figuiers, ça ne dispose pas spécialement à un appel particulier. Paul était pharisien, en route vers Damas avec des lettres de mission pour arrêter les disciples de Jésus  et pourtant il est appelé, choisi comme apôtre. Pierre, André, Jacques, Jean étaient des pêcheurs, Matthieu était publicain, collecteur d’impôts pour les romains…. Quels sont donc les critères d’appel de la part de Dieu ? Eh bien il est évident, à partir de tout ce qu’on sait sur Dieu, que l’appel s’adresse à chacun qu’elle que soit sa situation. C’est avec les pécheurs que nous sommes que Dieu fait des disciples, fait des apôtres, fait des saints. Son critère c’est l’amour qu’il a pour chacun.

«  Jésus appelle les douze et pour la première fois il les envoie »  Il les appelle pour les envoyer, deux démarches qui peuvent paraître contradictoires mais qui en fait définissent bien notre vocation de chrétien qui s’illustre parfaitement dans la démarche du dimanche. Nous avons répondu à l’appel du dimanche, nous nous sommes rassemblés, nous faisons Eglise. Mais ce rassemblement nécessaire pour écouter la parole, louer Dieu, faire mémoire du dernier repas de Jésus n’est qu’une  préparation à l’envoi. Le nom de notre rassemblement, la messe, met l’accent  sur l’envoie, messe vient d’un mot latin qui signifie « envoie »  «  Allez dans la paix du Christ » Allez ! Allez témoigner de l’évangile, allez témoigner chacun selon votre vocation. Témoigner pour certains ce sera par une annonce explicite, c’est une vocation particulière, témoigner pour tous, humblement par notre vie,  sans prosélytisme, sans piété intempestive mais sans complexe, c’est la vocation de tous. « Voilà le style missionnaire des disciples du Christ, disait lors de l’angélus du 8 janvier 2017, le pape François, annoncer l’évangile avec douceur et fermeté, sans crier, sans gronder personne, mais avec douceur et humilité, sans arrogance ou imposition. La vraie mission n’est jamais du prosélytisme mais une attraction à l’égard du Christ. Comment se fait cette attraction au Christ ? Par notre témoignage à partir de notre forte union avec lui et dans la charité concrète qui est service de Jésus présent dans le plus petit de nos frères. En imitant Jésus, pasteur bon et miséricordieux et animés par sa grâce, nous sommes appelés à faire de notre vie un témoignage joyeux qui, éclaire le chemin, qui apporte espérance et amour »

Jésus  envoie les apôtres deux par deux.  C’est une règle du droit romain pour la validité d’un témoignage. Dans la bible le témoignage d’un seul est irrecevable pour une condamnation à mort. Et le droit romain dit : «  Testus unus, testus nullus » Témoin unique, témoin nul. Cela souligne l’importance de notre lien à la communauté, à l’Eglise, et souligne aussi l’importance du discernement de l’Eglise. Ce n’est jamais en notre nom que nous témoignons c’est au nom d’une communauté de foi.

« Il leur prescrivit de rien emporter pour la route si ce n’est un bâton et des sandales », c’est-à-dire des accessoires pour la marche. Jésus ne prêche pas l’insouciance, mais rappelle la hiérarchie des valeurs. Ce ne sont pas nos accessoires, les moyens que l’on met en œuvre, même s’ils sont tout à fait légitimes, qui vont séduire les auditeurs mais c’est la nouvelle que nous apportons, c’est l’évangile. Notre provision pour la route c’est la certitude d’être aimé, c’est la certitude de ce regard d’amour que Dieu pose sur chacun même sur ceux que nous n’aimons pas.

Saint Ephrem compare l’évangile à une source qui coule, nous venons nous y abreuver mais ce que nous consommons, ce que nous comprenons est infime par rapport à ce que nous laissons. C’est parce que nous ne pouvons pas tout boire d’un seul trait, tout comprendre d’un seul coup qu’il nous faut revenir encore et encore pour boire à la source. Voilà qui donne sens à nos retrouvailles dominicales dimanche après dimanche. Nous partirons dans la paix du Christ mais nous reviendrions fidèlement boire à la source.

Nous n’avons pas tous une vocation de prophète à la manière d’Amos mais tous nous sommes appelés et envoyés pour être témoin.

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