Évangile « Le Puissant fit pour moi des merveilles : il élève les humbles »
(Lc 1, 39-56)
En ces jours-là, Marie se mit en route et se rendit avec empressement vers la région montagneuse, dans une ville de Judée. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth. Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint, et s’écria d’une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? Car, lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en moi. Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. » Marie dit alors : « Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur ! Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse. Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom ! Sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent. Déployant la force de son bras, il disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides. Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour, de la promesse faite à nos pères, en faveur d’Abraham et sa descendance à jamais. » Marie resta avec Élisabeth environ trois mois, puis elle s’en retourna chez elle.
HOMELIE
Pour célébrer la fête de l’assomption, la fin de la vie terrestre de Marie, Saint François de Sales s’est servi d’une comparaison surprenante dans son homélie du 15 août 1618. Il compare Marie, la mère de Jésus, aux deux sœurs de Lazare de Béthanie : Marthe et Marie. En effet, explique-t-il, la mère de Jésus a pleinement joué le rôle de Marthe en prenant soin de son fils pendant sa vie mortelle et le rôle de Marie en écoutant son fils, en méditant et gardant ses paroles dans son cœur comme nous le précise l’évangile. Il conclue en disant : « Notre dame fit admirablement bien en cette vie l’exercice de l’une et de l’autre des deux sœurs » C’est une belle oraison funèbre, un beau compliment pour celle qui fut la mère du Christ.
Le passage d’évangile de cette fête reflète bien les deux aspects de Marie. « En ces jours là Marie se mit en route rapidement » Ces jours là c’est le temps de l’annonciation, de l’annonce qui va bouleverser sa vie. On aurait compris qu’elle prenne un peu de temps pour elle pour digérer cette nouvelle. Non elle se met en route parce que la vieille cousine a certainement besoin d’aide dans son état, comme Marthe elle est ouverte aux besoins des autres, ce n’est pas le moment de la méditation mais de l’action. Elle est l’exemple d’une Eglise ouverte aux autres, d’une Eglise en partance, en sortie comme aime nous le rappeler le pape François qui écrit : « Tout chrétien, toute communauté discernera quel est le chemin que le Seigneur lui demande, mais nous sommes tous invités à accepter cet appel :sortir de son propre confort et avoir le courage de rejoindre toutes les périphéries qui ont besoin de la lumière de l’évangile ». La réponse à l’appel de Dieu est toujours une mise en route, c’est une constante pour toutes les grandes figures de la bible, c’est l’expérience de tout croyant. On ne connait pas les détails du chemin, on le découvre à mesure qu’on avance mais on connait le but. Nous ne sommes pas des sédentaires dans la foi mais des nomades, il y a toujours un avenir à découvrir et à faire naitre. Dans l’ancien testament on ne voit jamais Dieu de face mais de dos parce qu’il marche devant.
Après les salutations d’usage et le merveilleux compliment de la cousine inspirée « heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles du Seigneur » vient le temps de l’action de grâce, le temps de la prière, le temps de Marie de Béthanie. Une prière dont les paroles peuvent surprendre dans la bouche de cette jeune femme. C’est une prière qui est nourrie de sa connaissance de l’écriture qu’elle cite parce qu’elle l’a sans doute souvent méditée. Une prière qui dit sa connaissance de Dieu qui se révèle proche des humbles, père des pauvres, une prière qui reconnait l’action et la nature de Dieu : « Le Seigneur fit pour moi des merveilles, saint est son nom »
Marie a connu les différents âges de la vie, toutes sortes de situations dans sa vie de femme, d’épouse, de mère, elle est l’une des nôtres, elle est de notre humanité, c’est pourquoi nous nous sentons proche d’elle, nous la sentons proche de nous et nous aimons nous confier à elle pour qu’elle prie avec nous et prie pour nous. « Sainte Marie, mère de Dieu, prie pour nous, maintenant et à l’heure de notre mort. Amen »