ÉVANGILE « Ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson » (Jn 6, 51-58)

En ce temps-là, Jésus disait aux foules des Juifs : « Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde. » Les Juifs se querellaient entre eux : « Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger ? » Jésus leur dit alors : « Amen, amen, je vous le dis : si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’avez pas la vie en vous. Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. En effet, ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson. Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui. De même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même celui qui me mange, lui aussi vivra par moi. Tel est le pain qui est descendu du ciel : il n’est pas comme celui que les pères ont mangé. Eux, ils sont morts ; celui qui mange ce pain vivra éternellement. »

HOMELIE

Comme signe de son alliance,  c’est-à-dire  de sa présence et de sa proximité à son peuple et à chacun de nous, Jésus nous a laissé un repas, un repas de fête, celui qui rassemble la famille dans la joie de se retrouver et de partager. Le signe du pain et du vin est  facile à comprendre dans notre culture, il l’est sans doute un peu moins pour un chinois ou pour un esquimau.  Le vin c’est la boisson de la fête et le pain est d’abord fait pour être partagé et mangé afin de refaire nos forces. « Prenez et mangez…prenez et buvez… » A une époque où l’on ne communiait pas, on voulait au moins voir, contempler, communier en quelque sorte avec les yeux. De ce temps que datent les différentes élévations au cours de la messe ou les expositions pour rendre visible à tous le corps et le sang du Christ

Aujourd’hui,  avec raison me semble- t- il, nous ne concevons pas de répondre  à l’invitation qui nous est faite le dimanche et de ne pas recevoir celui qui s’offre à nous dans la parole proclamée et  sous le signe du pain partagé, du pain rompu dit la liturgie. Et alors, chose dont nous n’avons sans doute pas assez conscience, nous devenons des tabernacles vivants puisque le Christ est en nous sous le signe du pain. Nous l’adorons en nous et dans nos voisins porteurs du Christ.

Nous le portons dans nos familles et au cœur du monde, il nous soutient dans notre marche comme il a soutenu le peuple de Moïse dans sa longue marche au désert. Mais Moïse précise bien : «  Il t’a donné à manger la manne, cette nourriture que ni toi ni tes pères n’aviez connue pour te faire découvrir  que l’homme ne vit pas seulement de pain mais de tout ce qui vient de la bouche du Seigneur ».

Une nourriture  qui s’offre à tous et il est heureux que le pape François nous le rappelle dans l’exhortation « la joie de l’évangile »  au § 47 : «  L’Eglise est appelée à être toujours la maison ouverte du Père…  Tous peuvent participer de quelque manière à la vie ecclésiale, tous peuvent faire partie de la communauté et même les portes des sacrements ne devraient pas se fermer pour n’importe quelle raison. Ceci vaut surtout pour le sacrement qui est la porte : le baptême. L’eucharistie, même si elle constitue la plénitude de la vie sacramentelle, n’est pas un prix destiné aux parfaits mais un généreux remède et un aliment pour les faibles… Nous nous comportons fréquemment comme des contrôleurs de la grâce   et non comme des facilitateurs ! Mais l’Eglise n’est pas une douane, elle est la maison paternelle où il y a de la place pour chacun avec sa vie difficile »

Un généreux remède et un aliment pour les faibles, c’est ce que nous proclamons au moment de la communion en reconnaissant notre indignité, Seigneur je ne suis pas digne, puis en nous avançant pour recevoir ce remède et cet aliment. Et alors comme lui, comme le dit ce beau chant, il nous faut comme lui savoir dresser la table, comme lui nouer le tablier, se lever chaque jour et servir par amour comme lui. Offrir le pain de sa parole aux gens qui ont faim de bonheur. Offrir le pain de sa présence aux gens qui ont faim d’être aimés, aux gens qui ont faim d’avenir. Offrir le pain de chaque cène aux gens qui ont faim dans leur cœur, être pour eux des signes d’évangile au milieu de notre monde.

Avec le pain et le vin, ces aliments du quotidien, nous faisons du sacré, c’est le sens du mot sacrifice, faire du sacré. Jésus ne nous a pas laissé un signe extraordinaire mais un repas, un signe de partage et avant ce dernier repas de la veille de sa mort, combien de fois l’évangile nous le montre à table, chez le publicain comme chez le pharisien, chez Pierre dont il vient de guérir la belle mère qui va les servir comme chez ses amis de Béthanie ,Marthe, Marie et Lazare, et chez Zachée au grand scandale des bien-pensants. Comme il s’est assis à la   table des pauvres et des notables, il s’invite à nos tables, à nos vies comme il nous invite à sa table.

En cette fête du corps et du sang du Christ, nous pouvons le proclamer bien fort : Heureux les invités à la table du Seigneur !

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