ÉVANGILE « La lèpre le quitta et il fut purifié » (Mc 1, 40-45)
En ce temps-là, un lépreux vint auprès de Jésus ; il le supplia et, tombant à ses genoux, lui dit : « Si tu le veux, tu peux me purifier. » Saisi de compassion, Jésus étendit la main, le toucha et lui dit : « Je le veux, sois purifié. » À l’instant même, la lèpre le quitta et il fut purifié. Avec fermeté, Jésus le renvoya aussitôt en lui disant : « Attention, ne dis rien à personne, mais va te montrer au prêtre, et donne pour ta purification ce que Moïse a prescrit dans la Loi : cela sera pour les gens un témoignage. » Une fois parti, cet homme se mit à proclamer et à répandre la nouvelle, de sorte que Jésus ne pouvait plus entrer ouvertement dans une ville, mais restait à l’écart, dans des endroits déserts. De partout cependant on venait à lui.
Homélie
Les textes de ce 6° dimanche du temps ordinaire nous parlent de cette terrible maladie, la lèpre, qui exclue le malade de la communauté, le marginalise. Ce qui était vrai du temps de Jésus est encore toujours vrai aujourd’hui : la maladie, le grand âge, le handicap continuent à marginaliser. Aussi cette journée mondiale du malade et dimanche du monde de la santé est là pour éveiller nos consciences et nous rappeler la présence aimante de Dieu dans tous nos états de vie, dans tous nos états de santé. Il est un sacrement qui nous le signifie dans notre faiblesse, le sacrement des malades. Ce n’est pas l’extrême onction ou le dernier sacrement comme on disait autrefois mais bien le sacrement des malades. Si on parlait de dernier sacrement c’est parce que à une époque qui n’est pas si lointaine, avant les fabuleux progrès de la médecine, une maladie était souvent fatale. Le sacrement des mourants c’est l’eucharistie reçue en viatique, c’est-à-dire en nourriture pour le dernier bout de chemin sur terre. Aujourd’hui on vit des années avec une maladie même grave, même handicapante. Mais cet état de malade est une épreuve tout comme lorsqu’on avance en âge et que nos possibilités, nos facultés diminuent. Eh bien dans ce nouvel état de vie, l’Eglise nous propose un sacrement, c’est-à-dire un signe qui nous dit l’amour de Dieu dans ce nouvel état de vie, un signe qui nous dit combien nous sommes précieux aux yeux de Dieu, un signe qui rappelle à l’Eglise, à la communauté que nous avons notre place et notre rôle dans la vie de l’Eglise. Nous ne sommes pas des assistés spirituels mais des membres dont l’Eglise a besoin autant que des bien-portants. Dans un entretien aux sœurs de la visitation, saint François de Sales exprime joliment cette solidarité, il leur dit : « Saint Grégoire dit qu’en ce misérable monde nous devons faire ce que font ceux qui cheminent sur la glace pour tenir ferme et solide…Ils se prennent la main ou dessous le bras afin que si l’un d’entre eux glisse, il puisse être retenu par l’autre. »
Dans la méditation du chemin de croix, Jésus tombe trois fois, cela signifie qu’il est au bout, au fond du fond. Il est avec nous même lorsque nous sommes au fond du fond. C’est ce que nous dit le sacrement des malades qui se fonde sur un passage de la lettre de l’apôtre Jacques (5/13-16) « Si l’un de vous est malade qu’il appelle ceux qui dans l’Eglise exercent la fonction d’anciens. Ils prieront sur lui après lui avoir fait une onction d’huile au nom du Seigneur. Cette prière inspirée par la foi sauvera le malade : le Seigneur le relèvera et s’il a commis des péchés, il recevra le pardon ». S’il a commis des péchés, il recevra le pardon. Oui chacun des sacrements nous exprime l’amour de Dieu, un amour bien plus fort et bien au-delà de notre péché, un amour qui pardonne et qui relève. « Je le veux sois purifié »dit Jésus au lépreux. « A l’instant même la lèpre le quitta, il fut purifié » Jésus dit et sa parole est efficace. Et il a confié à l’Eglise ce ministère de guérison et de salut. Au moment de l’onction, le célébrant dit : « Par cette onction d’huile que le Seigneur en sa grande bonté vous réconforte par la grâce de l’Esprit Saint. Vous ayant délivré de vos péchés, qu’il vous sauve et vous relève. Désormais la force du Seigneur agit dans votre faiblesse. »
Au cœur de notre faiblesse, de notre apparente inefficacité, Jésus nous redit le sens de la vraie efficacité dans l’Eglise : se laisser envahir par l’amour que Dieu vient attiser dans nos cœurs, don que l’on peut recevoir dans toutes les situations de nos vies, y compris dans la maladie ou les difficultés de l’âge. Malades, handicapés, diminués par l’âge, nous ne sommes pas des poids morts dans l’Eglise, corps du Christ. Nous soulevons la pâte humaine comme un ferment si nous aimons, si nous nous laissons aimer par celui qui est l’amour. C’est tout cela que nous rappelle et nous apporte le sacrement des malades.