ÉVANGILE « Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie » (Mc 1, 7-11)
En ce temps-là, Jean le Baptiste proclamait : « Voici venir derrière moi celui qui est plus fort que moi ; je ne suis pas digne de m’abaisser pour défaire la courroie de ses sandales. Moi, je vous ai baptisés avec de l’eau ; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint. » En ces jours-là, Jésus vint de Nazareth, ville de Galilée, et il fut baptisé par Jean dans le Jourdain. Et aussitôt, en remontant de l’eau, il vit les cieux se déchirer et l’Esprit descendre sur lui comme une colombe. Il y eut une voix venant des cieux : « Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. »
HOMELIE
Le baptême du Seigneur. B
Cette fête du baptême du Seigneur conclue le temps de l’avent et de noël, elle marque le début du ministère public de Jésus, le début de l’évangile. Et c’est donc tout naturellement que Marc commence son évangile par cet événement, le baptême donné par Jean le précurseur, le nouvel Elie, celui qui n’est pas l’héritier mais celui qui doit présenter le messie. « Voici venir derrière moi celui qui est plus fort que moi »
Jésus quittant Nazareth, entre dans la file des pénitents pour recevoir le baptême de Jean. Ce baptême n’est pas un sacrement, c’est un rite traditionnel qui signifie un désir de renouvellement, de nouveau départ, une volonté de conversion, un peu comme notre célébration des cendres au début du carême qui indique une volonté de nous mettre en route sur le chemin de la conversion. Dans la bible ce passage à travers l’eau signifie toujours la mort à un ordre ancien pour une vie nouvelle. On se souvient de la traversée de la mer rouge, cet événement fondateur qui d’une bande d’esclaves en fuite donne naissance à un peuple. Eh bien pour inaugurer l’alliance nouvelle, Jésus entre dans l’eau et demande à Jean de le baptiser. Alors le ciel s’ouvre, c’est-à-dire une nouvelle révélation nous est faite : Jésus nous est présenté pour ce qu’il est : le messie, c’est une épiphanie, une présentation, il peut maintenant légitimement commencer sa vie de prédication, sa vie publique après les quelques 30 ans d’incognito, d’enfouissement à Nazareth.
Ce rite du plongeon, puisque le mot baptême signifie plongeon, ce rite est aujourd’hui un sacrement, le sacrement du début, de la porte ouverte. Il n’est pas sacrement depuis le baptême au Jourdain mais depuis la mort et la résurrection du Christ, c’est un sacrement pascal. L’eau du baptême symbolise la traversée de toutes les forces du mal, la traversée de la mort avec le Christ pour renaître à la vie, pour ressusciter avec lui. On appelait autrefois les nouveaux baptisés des renés, et c’est devenu un prénom. Enfant de Dieu, tous les humains le sont par naissance, le baptême est le sacrement qui nous le signifie en nous faisant membre du Christ et enfant de l’Eglise. Pas de telle ou telle Eglise mais bien de l’unique Eglise du Christ, celle qui est au-delà de nos divisions, celle que nous proclamons dans les symboles de foi lorsque nous disons : je crois en l’Eglise catholique, l’Eglise universelle. C’est si vrai que le sacrement du baptême célébrée dans l’une ou l’autre Eglise est bien l’unique sacrement de baptême et si un chrétien changeait d’Eglise ce serait une erreur et un manque de foi dans l’Eglise du Christ que de le baptiser à nouveau.
Vous savez qu’en France il y a chaque année environ deux mille baptêmes d’adultes, il y en a chaque année dans notre paroisse, le dernier a été célébré le 27 décembre, ainsi que des baptêmes de jeunes en âge scolaire. Cela nous montre que l’Esprit du ressuscité est toujours à l’œuvre, que les cieux s’ouvrent encore aujourd’hui pour reprendre l’expression de l’évangile, et qu’ils s’ouvrent parfois d’une façon étonnante, mystérieuse. Dieu se révèle et trouve des personnes qui se font tout accueil à sa nouveauté. Chez nous la grande majorité des baptêmes sont célébrés pour des bébés. Cette coutume remonte à l’Eglise primitive où l’on baptisait tous les membres d’une même famille, petits et grands et même serviteurs et esclaves quand il y en avait. Chez certains critiquent le baptême des bébés au nom d’une prétendue liberté ou choix à l’âge adulte. Lui a-t-on laissé le choix de naitre ou a-t-il le choix de son éducation ? Ce n’est pas le moment d’ouvrir le débat . Par contre il faut être bien conscient de la raison pour laquelle on baptise les bébés : c’est l’affirmation que l’amour de Dieu nous est acquis à chacun même avant que nous puissions en avoir conscience. Son amour pour nous ne dépend pas de nous ni de nos dispositions, ni de notre bon vouloir, ni de la connaissance que nous pouvons avoir de lui. Sans préjuger de ce que sera la foi de cet enfant, nous signifions que l’amour de Dieu est là et qu’il nous a précédés. C’est pour signifier tout cela que l’Eglise baptise les petits enfants, pour signifier à ce monde prétentieux auquel nous participons que l’amour de Dieu est acquis à chacun même à celui qui ne peut pas le reconnaître, même au plus petit, au plus faible, même à ceux qui ne pourront jamais le reconnaître.
Merci au ciel de s’ouvrir et nous révéler tout cela en Jésus, le Christ, le fils bien aimé.