ÉVANGILE« Un prophète n’est méprisé que dans son pays » (Mc 7, 1-6)

En ce temps-là, Jésus se rendit dans son lieu d’origine, et ses disciples le suivirent. Le jour du sabbat, il se mit à enseigner dans la synagogue. De nombreux auditeurs, frappés d’étonnement, disaient : « D’où cela lui vient-il ? Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée, et ces grands miracles qui se réalisent par ses mains ? N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie, et le frère de Jacques, de José, de Jude et de Simon ? Ses sœurs ne sont-elles pas ici chez nous ? » Et ils étaient profondément choqués à son sujet. Jésus leur disait : « Un prophète n’est méprisé que dans son pays, sa parenté et sa maison. » Et là il ne pouvait accomplir aucun miracle ; il guérit seulement quelques malades en leur imposant les mains. Et il s’étonna de leur manque de foi. Alors, Jésus parcourait les villages d’alentour en enseignant.

HOMELIE

14° dimanche ordinaire – B

Nazareth est aujourd’hui une ville importante de l’état d’Israël avec une forte communauté palestinienne chrétienne. Les chrétiens de Palestine se sont réfugiés ici, pensant trouver un peu de protection dans ce lieu connu  du monde entier puisqu’il fut le village de Joseph, Marie et Jésus. Nazareth est le pays de Jésus, c’est là qu’il a grandi, appris son métier, devenu un homme. C’est le lieu de l’incarnation, du quotidien, de l’ordinaire de la vie de tous les jours. Le lieu où pendant 30 ans Dieu a mené la vie ordinaire  faite de travail, des multiples petits bonheurs et tracas de la vie,  des fêtes de famille, de village, des deuils, des accidents, des maladies mais aussi des temps de prière et d’étude à la synagogue, des pèlerinages en famille à Jérusalem pour célébrer la pâque. En Jésus Dieu s’est enfoui dans notre humanité. En étant l’homme d’un village, d’une civilisation, d’une religion, il se fait le contemporain de chacun. Ceci nous rappelle que le christianisme est la religion de l’incarnation dans tous les temps, dans tous les lieux, toutes les civilisations, chez tous les peuples. Etre ou devenir chrétien, ce n’est pas adopter une civilisation, un mode de  vie ou une langue, mais c’est dans nos vies, dans le monde où l’on vit, accueillir le Dieu de l’alliance, le Dieu qui se propose. On a du mal à intégrer cela nous les catholiques européens de rite latin qui confondons souvent unité et uniformité en oubliant superbement la diversité des rites et des coutumes dans l’Eglise catholique, 23 au moins. La voix du pape François venu d’un autre continent, d’une autre civilisation, la civilisation amérindienne, peut nous surprendre mais elle nous  rappelle, comme il l’écrit dans la joie de l’évangile que : « Ce n’est pas faire justice à la logique de l’incarnation que de penser à un christianisme monoculturel et monocorde (117). Nous ne pouvons pas prétendre que tous les peuples de tous les continents, imitent les modalités adoptées par les peuples européens à un moment précis de leur histoire…Il est indiscutable qu’une seule culture n’épuise pas le mystère de la rédemption du Christ » §118. Voilà comment nous sommes bien remis à notre place qui n’est qu’une place parmi d’autres. !

Ce n’est pas facile d’accueillir Dieu dans le quotidien, comme ça n’a pas été facile pour les gens de Nazareth d’accueillir Jésus. Ils croient tellement le connaître qu’ils passent à côté. Et je me demande parfois si on n’est pas dans la même situation qu’eux. On croit tout savoir sur Dieu, qu’est-ce qu’il pourrait encore nous dire ? En quoi viendrait- il encore nous surprendre ? On l’a rangé une fois pour toutes sur le rayon des choses connues où il ne peut que s’empoussiérer, on l’a rangé dans un autre monde pour qu’il ne nous dérange plus.  Les gens de Nazareth sont en quelque sorte aveuglés par la proximité de Jésus,  par son incarnation : n’est il pas le charpentier, l’un des nôtres ? Comment reconnaître Dieu dans ce voisin. A l’inverse nous, nous risquons d’être aveuglés par sa divinité, nous le reléguons sur les autels, dans les églises pour l’exclure de nos vies et soucis quotidien. Comme les gens de Nazareth, ne passons pas à côté de Dieu : trop proches de son incarnation ils n’ont pas pu l’accueillir, oubliant son incarnation en le mettant ailleurs, dans un autre monde, nous risquons de passer à côté sans le voir.

Autrefois, le père Duval le disait en chanson : « Ô vous qui cherchez Dieu dans les nuages, vous manquerez son prochain passage »

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