ÉVANGILE « Si vous aviez de la foi ! » (Lc 17, 5-10)

En ce temps-là, les Apôtres dirent au Seigneur : « Augmente en nous la foi ! » Le Seigneur répondit : « Si vous aviez de la foi, gros comme une graine de moutarde, vous auriez dit à l’arbre que voici : ‘Déracine-toi et va te planter dans la mer’, et il vous aurait obéi. Lequel d’entre vous, quand son serviteur aura labouré ou gardé les bêtes, lui dira à son retour des champs : ‘Viens vite prendre place à table’ ? Ne lui dira-t-il pas plutôt : ‘Prépare-moi à dîner, mets-toi en tenue pour me servir, le temps que je mange et boive. Ensuite tu mangeras et boiras à ton tour’ ? Va-t-il être reconnaissant envers ce serviteur d’avoir exécuté ses ordres ? De même vous aussi, quand vous aurez exécuté tout ce qui vous a été ordonné, dites : ‘Nous sommes de simples serviteurs : nous n’avons fait que notre devoir’ »

HOMELIE

«  Combien de temps vais-je appeler au secours et tu n’entends pas ? »

Cette plainte du prophète rejoint la plainte de nombreux priants : «  Dieu ne m’écoute pas, Dieu ne m’entend pas » je repensais à cette réflexion authentique d’une bonne paroissienne : «  Mon mari est mieux que le bon Dieu, lui au moins il m’écoute » !

Quelle idée faisons nous donc de Dieu ? Qui doit être à l’écoute ? Lui ou nous ? Le prophète nous répond : «  le juste vivra par sa fidélité » c’est-à-dire par sa foi confiante. Fidélité et confiance dans toutes les situations en l’appelant au secours s’il le faut, c’est-à-dire en priant, en nous faisant proche de lui, en nous mettant toujours mieux à son écoute  pour toujours mieux nous ajuster sur lui. Comment nous ajuster sur lui si on ne l’écoute pas, si on ne le fréquente pas assidument ?

« Prends ta part de souffrance pour l’annonce de l’évangile….Tu es le dépositaire de l’évangile » écrit l’apôtre Paul à Timothée. Cette foi que tu as reçue pour ton bonheur, pour ta joie, partage la, n’aie pas honte d’en témoigner. C’est une bonne nouvelle à partager avec tous les hommes : leur annoncer qu’ils sont aimés de Dieu et que son désir  est de voir cet amour devenir la règle de toutes nos relations.

Témoigne de ta foi tout simplement par ta vie parce que, comme je le rappelais dans le mot d’accueil, la majorité des humains n’auront jamais l’occasion d’ouvrir l’évangile, d’entendre l’évangile, ce n’est donc qu’à travers les chrétiens, non pas à travers leur discours mais  à travers leur vie, qu’ils pourront découvrir ce Dieu qui les aime et leur propose son alliance.

«  Seigneur, augmente en nous la foi » Elle est belle cette demande, cette prière des apôtres ! Tout comme un jour déjà l’un d’eux avait demandé : « Seigneur, apprends nous à prier »

Il y a donc une belle unité dans les textes de la messe de ce dimanche, unité autour de la foi, de la confiance, de la fidélité, autant de mot qui ont la même racine et qui se complètent.

Une foi qui ne met pas Dieu à notre service, comme s’il était là pour faire nos quatre volontés, mais une foi qui nous fait serviteur avec lui. Une foi qui ne s’égare pas et ne s’évade pas dans des fables à cause de notre ignorance du langage de la bible mais qui écoute et prend  Dieu et sa parole au sérieux.  «  Je veux insister sur quelque chose qui semble évident mais qui n’est pas toujours pris en compte, nous met en garde la pape François dans la joie de l’évangile, le texte biblique que nous étudions a  deux ou trois mille ans et son langage est très différent de celui que nous employons aujourd’hui. Bien qu’il nous semble comprendre les paroles qui sont traduites dans notre langue, cela ne signifie pas que nous  comprenions correctement ce qu’a voulu exprimer l’écrivain sacré » 147.Ainsi  l’histoire de cet arbre que l’on déracine pour le planter dans la mer est une façon de parler qui repose sur des  symboliques fortes de la culture juive. La mer est traditionnellement le lieu des forces du mal et l’arbre le symbole de la fécondité. Une manière pour Jésus de dire à ses disciples que la foi consiste à tout faire pour mettre la  vie au milieu de la mort. Un grain de foi gros comme une graine de moutarde peut réaliser de grandes choses. Il suffit de se mettre au service de ses frères comme le serviteur de l’évangile. Simple serviteur dit la traduction liturgique, pauvre serviteur traduit la bible de Jérusalem, je dirai serviteur ordinaire, serviteur dans la vie de tous les jours comme le décrit le passage d’évangile,  dans le travail à l’extérieur comme le labour des champs, dans la vie domestique comme la préparation des repas.

Ce n’est pas le plus facile d’être ce serviteur ordinaire au jour le jour, c’est plus facile et plus valorisant d’être un héros, une fois, un jour, faire un coup d’éclat. Jésus a connu cette tentation tout au long de sa vie, l’évangile la résume dans cette tentation du début: saute du haut du temple pour épater les foules et sa réponse il la donne le jeudi saint à genoux devant ses disciples dans la position du serviteur.

Dans ce passage d’évangile, nous remarquons que la foule est absente,  c’est aux douze que Jésus s’adresse, aux apôtres qui auront la responsabilité de diriger l’Eglise naissante. Dans la parabole du maitre et du serviteur Jésus les invite à réfléchir sur l’exercice de leur responsabilité dans l’Eglise. Leur comportement devra être différent de celui des puissants du monde. L’autorité se vit comme un service.

Dans l’histoire, même si l’Eglise ou des chrétiens ont eu des tentations de domination, la fidélité a toujours finalement fait retrouver le chemin du serviteur : «  Comme lui savoir dresser la table, comme lui nouer le tablier, se lever chaque jour et servir par amour comme lui…

Comme lui être des signes du royaume, être des signes de tendresse, être des signes d’évangile  au milieu du monde. Comme lui, comme lui…      Foi, fidélité, confiance.

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