ÉVANGILE « Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! » (Mt 5, 1-12a)
En ce temps-là, voyant les foules, Jésus gravit la montagne. Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent de lui.
Alors, ouvrant la bouche, il les enseignait. Il disait :
« Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux.
Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés.
Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage.
Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés.
Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde.
Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu.
Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu.
Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des Cieux est à eux.
Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi.
Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! »
HOMELIE
« Moi Jean, j’ai vu une foule immense que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues » Voilà comment saint Jean décrit tous ceux que nous fêtons aujourd’hui en l’honneur de notre Dieu : les saints, tous les saints, tous les vivants auprès de Dieu. Et chacun nous sommes appelés à prendre place dans cette immense foule, chacun nous avons vocation à devenir des saints. C’est l’appel au bonheur de Jésus dans les béatitudes : heureux, heureux ! Oui heureux si nous cherchons à imiter Dieu dans ce que nous révèle de lui Jésus l’homme –Dieu.
Tous appelés à la sainteté, le pape François a voulu nous le rappeler dans son exhortation apostolique du 19 mars de l’année dernière dont je vais reprendre encore cette année les grandes idées. Vous, moi, marcher vers la sainteté, devenir saint, à première vue cela peut nous effrayer car on se fait tellement d’idées bizarres sur la sainteté. Non « un saint n’est pas quelqu’un de bizarre, écrit le pape, quelqu’un de distant qui se rend insupportable par sa vanité, sa négativité, ses rancoeurs » 93. « Etre saint ne signifie avoir le regard figé dans une prétendue extase »96. « Le saint est capable de vivre joyeux et avec le sens de l’humour. Sans perdre le réalisme, il éclaire les autres avec un esprit positif et rempli d’espérance. » 122 . Autrement dit on n’est pas saint comme une image ou comme on les représente parfois sur les images, les pauvres, mais on est saint dans le concret de la vie de tous les jours. « Si nous cherchons la sainteté qui plait aux yeux de Dieu nous la trouvons dans le chapitre 25 de saint Matthieu où Jésus s’arrête sur l’une des béatitudes, celle qui déclare : heureux les miséricordieux. Nous trouvons dans ce texte un critère sur la base duquel nous serons jugés : j’ai eu faim et vous m’avez donné à manger, j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire, j’étais un étranger et vous m’avez accueilli, nu et vous m’avez vêtu, malade et vous m’avez visité, prisonnier et vous êtes venus me voir » 95. « J’aime voir la sainteté dans le patient peuple de Dieu : chez ces parents qui éduquent avec tant d’amour leurs enfants, chez ces hommes et ces femmes qui travaillent pour apporter le pain à la maison, chez les malades, chez les religieuses âgées qui continuent de sourire. Dans cette constance à aller de l’avant chaque jour, je vois la sainteté de l’Eglise militante. C’est la sainteté de la porte d’à côté, de ceux qui vivent proches de nous et sont un reflet de la présence de Dieu. 7.Laissons nous encourager par les signes de sainteté que le Seigneur nous offre à travers les membres les plus humbles de ce peuple qui répand son vivant témoignage avant tout par une vie de foi et de charité » 8. Alors ? Est-ce si difficile que ça que d’être saint ? Dans sa prédication de la toussaint de 1621, saint François de Sales déclarait : « Ne croyez pas que ce sont les miracles et les vocations spéciales qui ont rendu saints tous ceux qui sont en paradis. Oh certes non, car il est vrai qu’il y en a un nombre infini qui ont été ignorés, en cette vie, qui n’ont point fait de prodiges et dont on ne fait aucune mention sur terre mais qui sont néanmoins au dessus de ceux qui ont opéré beaucoup de merveilles, qui ont été et sont honorés dans l’Eglise de Dieu ». Et c’est à la manière de saint François de Sales dans l’introduction à la vie dévote que le pape François nous donne la recette pour être saint : « Pour être saint, il n’est pas nécessaire d’être évêque, prêtre, religieux ou religieuse. Bien des fois nous sommes tentés de penser que la sainteté n’est réservée qu’à ceux qui ont la possibilité de prendre de la distance par rapport aux occupations ordinaires afin de consacrer beaucoup de temps à la prière, il n’en n’est pas ainsi. Nous sommes tous appelés à être des saints en vivant avec amour et en offrant un témoignage personnel dans nos occupations quotidiennes, là où chacun se trouve. Es-tu une consacrée ou un consacré ? Sois saint en vivant avec joie ton engagement. Es-tu marié ? Sois saint en aimant et en prenant soin de ton époux ou de ton épouse. Es-tu un travailleur ? Sois saint en accomplissant honnêtement et avec compétence ton travail au service de tes frères. Es-tu père, mère, grand père ou grand-mère ? Sois saint en enseignant avec patience aux enfants à suivre Jésus. As-tu de l’autorité ? Sois saint en luttant pour le bien commun et en renonçant à tes intérêts personnels » 14. « Laisse la grâce de ton baptême porter du fruit dans un cheminement de sainteté » 15.
A la fin de son exhortation c’est avec humour que le pape François nous recommande de dire souvent cette prière attribuée à Saint Thomas More que lui-même dit souvent ! On comprend que là où il est, en même temps que du courage il a besoin d’une bonne dose d’humour.
« Donne –moi une bonne digestion, Seigneur, et aussi quelque chose à digérer. Donne- moi la santé du corps avec le sens de la garder au mieux. Donne-moi une âme sainte, Seigneur qui ait les yeux sur la beauté et la pureté afin qu’elle ne s’épouvante pas en voyant le péché, mais sache redresser la situation. Donne-moi une âme qui ignore l’ennui, le gémissement et le soupir. Ne permets pas que je me fasse trop de souci pour cette chose encombrante que j’appelle MOI. Seigneur donne-moi l’humour pour que je tire quelque bonheur de cette vie et en fasse profiter les autres. Amen. »