ÉVANGILE « Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie » (Mc 1, 7-11)
En ce temps-là, Jean le Baptiste proclamait : « Voici venir derrière moi celui qui est plus fort que moi ; je ne suis pas digne de m’abaisser pour défaire la courroie de ses sandales. Moi, je vous ai baptisés avec de l’eau ; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint. » En ces jours-là, Jésus vint de Nazareth, ville de Galilée, et il fut baptisé par Jean dans le Jourdain. Et aussitôt, en remontant de l’eau, il vit les cieux se déchirer et l’Esprit descendre sur lui comme une colombe. Il y eut une voix venant des cieux : « Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. »
HOMELIE
LE BAPTÊME DU SEIGNEUR
Dimanche dernier, nous fêtions l’Épiphanie du Seigneur. Cette fête nous a rappelé comment Dieu s’est manifesté à des mages, des hommes qui étaient totalement étrangers à la foi mais qui se sont mis en route vers “le roi des juifs.” Trente ans plus tard, nous arrivons au baptême de Jésus. C’est sa première manifestation publique. C’est le premier dévoilement aux yeux de tous de ce qu’il est réellement.
Dans le baptême de Jésus, sur les bords du Jourdain, se révèle le Fils bien-aimé de Dieu, venu au monde envoyé par le Père, avec la mission de sauver et de libérer les hommes. Réalisant le projet du Père, il est devenu l’un de nous, a partagé notre fragilité et notre humanité, nous a libérés de l’égoïsme et du péché et s’est efforcé de nous promouvoir pour que nous puissions atteindre la vie pleinement.
La première lecture est un Cantique ; c’est une prière qui fut composée par le Prophète Isaïe au moment où il assistait à la destruction du Royaume du Nord par l’Assyrie. Le Prophète, membre du Royaume de Juda, annonçait le retour des déportés et la réunification du peuple divisé. Le Prophète, sur l’ordre de Dieu, annonce que la fin de l’exil est imminente. En même temps, il fait allusion à la fin du monde actuel où la terre sera renouvelée par la Parole toute puissante de Dieu qui arrive toujours à ses fins… Ce peuple est rebelle, mais un jour, il reviendra à son Dieu. C’est pourquoi Il fait une invitation: « Vous tous qui avez soif, venez, voici de l’eau! Même si vous n’avez pas d’argent, venez acheter et consommer… sans rien payer ! »
L’Evangile de ce dimanche présente la rencontre entre Jésus et Jean-Baptiste, sur les rives du Jourdain. Dans ces circonstances, Jésus a été baptisé par Jean.
Jean Baptiste était le guide charismatique d’un mouvement populaire, qui annonçait la proximité du «jugement de Dieu». Son message était axé sur l’urgence de la conversion et comprenait un rite de purification de l’eau. Il a préparé les gens pour l’arrivée du Messie: « Voici venir derrière moi celui qui est plus fort que moi; je ne suis pas digne de m’abaisser pour défaire la courroie de ses sandales ». Humblement, il a accepté de baptiser Jésus.
La célébration du Baptême du Seigneur nous conduit à un Jésus qui assume pleinement sa condition de «Fils» et qui devient obéissant au Père, accomplissant pleinement le plan du Père de donner la vie à l’homme. L’épisode du baptême de Jésus nous met face à face avec un Dieu qui a accepté de s’identifier à l’homme, de partager son humanité et sa fragilité, afin d’offrir à l’homme un chemin de liberté et de vie pleine. Est-ce que moi, fils de ce Dieu, j’accepte d’aller vers mes frères les plus défavorisés et d’offrir ma main? Est-ce que je ressens leur douleur et j’accepte de m’identifier à eux et de participer à leurs souffrances, afin de mieux les aider à atteindre la liberté et la vie pleine? N’ai-je pas peur de me salir aux côtés des pécheurs, des marginalisés, si cela contribue à les promouvoir et à leur donner plus de dignité et plus d’espoir?
Au baptême, Jésus a pris conscience de sa mission (cette mission que le Père lui a confiée), a reçu l’Esprit et a fait un voyage à travers les sentiers poussiéreux de Palestine, témoin du projet libérateur du Père.
Cette fête du baptême de Jésus, sur qui descend l’Esprit Saint et que le Père révèle comme fils bien-aimé, nous invite aussi à réfléchir sur notre propre baptême. Le baptême est une grande libération. Il y a tellement de faux dieux dans nos vies : l’argent, le travail, l’état, la nation, le pouvoir, la religion, etc. Le baptême nous invite à n’adorer que Dieu seul et nous libère du joug d’oppression des autres dieux.
Mon baptême n’est pas une histoire qui commence avec moi. Il me rattache aux millions de chrétiens qui ont vécu avant moi. Il est l’aboutissement d’un long cheminement et la continuation de l’expérience de foi des apôtres, des martyrs, des moines d’antan, des nombreux baptisés à travers les siècles. Je suis le résultat de la foi, de la charité et de l’amour de mes grands parents, de mes parents.
Le baptême nous insère dans une longue suite d’engagements chrétiens qui transmettent la foi de génération en génération.
C’est grâce à cette longue chaine de croyants et de croyantes que Dieu a pu dire à notre baptême ce qu’il a révélé à son fils Jésus : Tu es ma fille, tu es mon fils bien-aimé, en toi j’ai mis tout mon amour.
Pour nous, « le ciel s’est déchiré » et Dieu est venu habiter chez nous. Renouvelons aujourd’hui la grâce de notre baptême, en célébrant la solidarité du Christ. Faisons une plus grande place à ce Dieu qui est devenu l’un de nous.
Entendons la voix aimante du Père sous les ailes de la colombe qui dit à Jésus et à chacun de nous : « Tu es mon Fils (Fille) bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie » !