ÉVANGILE « Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit » (Jn 15, 1-8)

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Moi, je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron. Tout sarment qui est en moi, mais qui ne porte pas de fruit, mon Père l’enlève ; tout sarment qui porte du fruit, il le purifie en le taillant, pour qu’il en porte davantage. Mais vous, déjà vous voici purifiés grâce à la parole que je vous ai dite. Demeurez en moi, comme moi en vous. De même que le sarment ne peut pas porter de fruit par lui-même s’il ne demeure pas sur la vigne, de même vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi. Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit, car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il est, comme le sarment, jeté dehors, et il se dessèche. Les sarments secs, on les ramasse, on les jette au feu, et ils brûlent. Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voulez, et cela se réalisera pour vous. Ce qui fait la gloire de mon Père, c’est que vous portiez beaucoup de fruit et que vous soyez pour moi des disciples. »

HOMELIE

« Celui qui demeure en moi porte beaucoup de fruit »

La liturgie du 5ème dimanche de Pâques nous invite à réfléchir sur notre union avec le Christ, comment devenir disciple de Jésus, et nous dit que seuls unis au Christ nous avons accès à la vraie vie.

L’Évangile de ce dimanche nous place à Jérusalem, un jeudi soir, la veille de la fête de la Pâque. Jésus est réuni avec ses disciples autour d’une table, à un repas d’adieu. Il est conscient que les dirigeants juifs ont décidé de lui donner la mort et que la croix est à son horizon proche.

Les gestes et les paroles de Jésus, dans ce contexte, représentent ses dernières indications, son «testament». Les disciples reçoivent ici les coordonnées pour qu’ils puissent continuer la mission de Jésus dans le monde. Ainsi, la communauté de la nouvelle Alliance est née, basée sur le service et l’amour.

Jésus utilise la métaphore suggestive de la vigne, des sarments et des fruits … pour définir la situation des disciples par rapport à Lui (Jésus) et par rapport au monde.

Jésus est «la vraie vigne», d’où proviennent les fruits de la justice, de l’amour, de la vérité et de la paix; c’est en Lui et dans ses propositions que les hommes peuvent trouver la vraie vie. Souvent, les hommes, suivant la logique humaine, recherchent la vraie vie dans d’autres «arbres»; mais, fréquemment, ces «arbres» ne produisent que l’insatisfaction, la frustration, l’égoïsme et la mort… Saint Jean nous assure: dans notre recherche du sens de la vie, c’est vers le Christ qu’il faut chercher.

Aujourd’hui, Jésus, «la vraie vigne», continue d’offrir au monde et aux hommes ses fruits, et Il le fait par l’intermédiaire de ses disciples. La mission de la communauté de Jésus, qui parcourt aujourd’hui l’histoire, est de produire les mêmes fruits de justice, d’amour, de vérité et de paix que Jésus a produits. C’est une énorme responsabilité qui nous est confiée, à nous les disciples de Jésus. Jésus n’a pas créé un ghetto fermé où ses disciples peuvent vivre paisiblement sans «déranger» les autres hommes; mais il a créé une communauté vivante et dynamique dont la mission est de témoigner par des gestes concrets de l’amour et du salut de Dieu. Si nos gestes ne versent pas l’amour sur les frères qui marchent à nos côtés, si nous ne luttons pas pour la justice, pour les droits et la dignité des autres hommes et femmes, si nous ne construisons pas la paix et ne sommes pas des hérauts de réconciliation, nous trahissons Jésus et la mission qu’il nous a confiée. La vie de Jésus doit passer par nos gestes et, depuis nous, atteindre le monde et les hommes.

Cependant, le disciple ne peut produire de bons fruits que s’il reste uni à Jésus. Le jour de notre baptême, nous avons choisi Jésus et nous nous sommes engagés à le suivre sur le chemin de l’amour et de l’abandon; lorsque nous célébrons l’Eucharistie, nous accueillons et assimilons la vie de Jésus, une vie partagée avec les hommes, faite de don total et de don par amour, jusqu’à la mort. Le chrétien a sa référence en Jésus, s’identifie à Lui, vit en communion avec Lui, Le suit à chaque instant dans l’amour de Dieu et se donnant à ses frères et sœurs. Le chrétien vit par le Christ, vit avec le Christ et vit pour le Christ.

Qu’est-ce qui peut interrompre notre union avec le Christ et faire de nous des sarments secs et stériles? Oui, parfois nous sommes des sarments secs. Tout ce qui nous empêche de répondre positivement au défi de Jésus dans le sens de le suivre entraîne la stérilité et la privation de vie en nous… Quand nous menons notre vie sur les chemins de l’égoïsme, de la haine, de l’injustice, nous disons non à Jésus et renonçons à cette vraie vie qu’Il nous offre; lorsque nous nous fermons dans des projets d’autosuffisance, de confort et d’installation, nous refusons l’invitation de Jésus et coupons notre relation avec la vie pleine que Jésus offre; quand pour nous l’argent, le succès, la mode, le pouvoir, les applaudissements, l’orgueil, l’amour de soi sont plus importants que les valeurs de Jésus, nous tarissons ce flot de vie éternelle qui devrait couler entre Jésus et nous. Pour ne pas devenir des «branches sèches», nous devons renouveler chaque jour notre «oui» à Jésus et à ses propositions.

La première lecture nous dit que le chrétien est membre d’un corps – le Corps du Christ. Sa vocation est de suivre le Christ, intégré dans une famille de frères et sœurs qui partagent la même foi, suivant ensemble le chemin de l’amour. C’est dans le dialogue et le partage avec les frères que notre foi naît, grandit et mûrit, et c’est dans la communauté, unie par des liens d’amour et de fraternité, que notre vocation se réalise pleinement.

La deuxième lecture définit le fait d’être chrétien comme «croire en Jésus» et «s’aimer les uns les autres comme il nous a aimés». Ce sont les «fruits» que Dieu attend de tous ceux qui sont unis au Christ, la «vraie vigne». Si nous pratiquons les œuvres d’amour, nous sommes sûrs que nous sommes unis au Christ et que la vie du Christ circule en nous.

Bref, porter du fruit, c’est donner un coup de main au voisin malade ou handicapé, visiter les vieux parents qui vivent dans la solitude, venir en aide à ceux et celles qui souffrent, savoir écouter et encourager, pardonner à ceux et celles qui nous ont offensés, faire un peu de bénévolat, participer à la vie de la paroisse, partager avec ceux et celles qui sont dans le besoin, etc.

Ainsi soit-il !

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