ÉVANGILE « Celui qui ne prend pas sa croix n’est pas digne de moi. Qui vous accueille m’accueille » (Mt 10, 37-42)

En ce temps-là, Jésus disait à ses Apôtres : « Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas n’est pas digne de moi. Qui a trouvé sa vie la perdra ; qui a perdu sa vie à cause de moi la gardera. Qui vous accueille m’accueille ; et qui m’accueille accueille Celui qui m’a envoyé. Qui accueille un prophète en sa qualité de prophète recevra une récompense de prophète ; qui accueille un homme juste en sa qualité de juste recevra une récompense de juste. Et celui qui donnera à boire, même un simple verre d’eau fraîche, à l’un de ces petits en sa qualité de disciple, amen, je vous le dis : non, il ne perdra pas sa récompense. »

HOMELIE

« Qui vous accueille m’accueille »

Les textes bibliques de ce dimanche nous adressent des paroles fortes sur l’accueil.

La première lecture nous parle de la généreuse hospitalité qu’Élisée trouve chez une Sunamite. La femme ne se limite pas à offrir un repas à Elisée, chaque fois qu’il passe par Sunam, mais fait construire une chambre exprès pour le prophète sur le toit de sa maison et la meuble en conséquence. Le geste de la femme n’est pas seulement de porter jusqu’aux dernières conséquences le sacré « sacrement d’hospitalité » si important pour le peuple hébreu… Mais c’est plus encore : c’est la reconnaissance qu’Elisée est un « homme de Dieu », par qui Dieu agit dans le monde. En aidant Élisée, la femme montre son adhésion à Dieu et manifeste sa disponibilité à collaborer avec Lui au projet de salut que Dieu a pour l’humanité.

En réponse à la générosité de la femme, Elisée annonce la naissance d’un fils. La promesse a une valeur particulière, compte tenu de la quasi-impossibilité d’avoir des enfants qui pèse sur le couple, du fait de l’âge avancé du mari.

Cette histoire cherche à nous enseigner que collaborer avec Dieu dans la réalisation du plan de salut qu’Il a pour nous est une source de vie et de bénédiction. Dieu ne manque pas de récompenser tous ceux qui collaborent avec Lui.

Chers frères et sœurs, comment se passe notre accueil ?

A l’heure où l’Europe est devenue une sorte de « copropriété fermée », d’où est exclue cette immense foule de pauvres sans avenir et sans espoir, qui quémandent la possibilité de construire un avenir sans pauvreté, cet épisode nous invite à réfléchir sur le sens de l’hospitalité et de l’accueil. Il est évident pour tout le monde que nous n’avons pas assez de ressources pour accueillir, sans discernement, tous ceux qui frappent à notre porte ; mais la politique que notre monde mène envers les immigrés ne cache-t-elle pas aussi une bonne dose d’égoïsme et de refus de partager ? Comment faisons-nous face à cela ?

Dans la deuxième lecture, saint Paul nous parle du jour le plus important de notre vie, celui où nous avons été accueillis dans la grande famille des chrétiens : le jour de notre Baptême. Il nous rappelle qu’un chrétien est quelqu’un qui, par le Baptême, s’est identifié à Jésus. Dès lors, le chrétien doit suivre Jésus sur le chemin de l’amour et du don de la vie, et renoncer définitivement au péché. Mais qu’est-ce que le péché ? Le péché est l’égoïsme qui engendre l’injustice et l’exploitation; c’est l’orgueil qui engendre les conflits et la division; c’est la vengeance qui engendre la violence et la mort. Ce qui est demandé au disciple de Jésus, c’est de renoncer à cette réalité et d’orienter sa vie selon d’autres critères – les critères et les valeurs de Jésus.

L’Évangile de ce dimanche nous parle aussi de l’accueil. Mais il précise avec beaucoup de force que notre amour pour Jésus doit passer avant tous les liens familiaux : “Celui qui aime son père, sa mère, ses frères, ses sœurs et ses enfants plus que moi n’est pas digne de moi.” « Celui qui vous accueille, M’accueille »; « Et si quelqu’un donne à boire, même si c’est un verre d’eau fraîche, à l’un de ces petits, parce qu’il est mon disciple… il ne perdra pas sa récompense. »

La suite de Jésus n’est pas un chemin facile et consensuel, flanqué d’applaudissements et d’encouragements. Mais c’est une voie radicale, qui nécessite souvent des ruptures et des choix exigeants. Jésus n’est pas un démagogue qui fait des promesses faciles et dont le souci est de rassembler des fidèles ou d’attirer des foules à tout prix. Il est venu à notre rencontre avec une proposition de salut et une vie pleine ; cependant, cette proposition implique une adhésion sérieuse, exigeante, radicale, sans « chiffons chauds » ni « demi-face ». Le chemin que Jésus propose n’est pas un chemin de « masses », mais un chemin de « disciples » : il implique une adhésion inconditionnelle au « Royaume », à sa dynamique, à sa logique ; et ce n’est pas pour tout le monde, mais seulement pour les disciples qui prennent sérieusement et consciemment cette option.

Chers frères et sœurs, gardons bien ce message pour aujourd’hui : Accueillir un frère, riche ou pauvre, c’est accueillir Dieu. Accueillir, c’est regarder dans les yeux du frère et deviner la tendresse qu’il porte en lui, pour l’aider à la vivre. Il n’y a pas de geste anodin lorsqu’il est fait à cœur ouvert.

Seigneur, toi qui veux que nous nous donnions totalement pour devenir un Peuple Accueillant, fais que nous profitions avec joie de chaque occasion pour T’accueillir dans nos frères et sœurs.

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