Évangile « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux » (Lc 6, 27-38)

En ce temps-là, Jésus déclarait à ses disciples : « Je vous le dis, à vous qui m’écoutez : Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent. Souhaitez du bien à ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous calomnient. À celui qui te frappe sur une joue, présente l’autre joue. À celui qui te prend ton manteau, ne refuse pas ta tunique. Donne à quiconque te demande, et à qui prend ton bien, ne le réclame pas. Ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le aussi pour eux. Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle reconnaissance méritez-vous ? Même les pécheurs aiment ceux qui les aiment. Si vous faites du bien à ceux qui vous en font, quelle reconnaissance méritez-vous ? Même les pécheurs en font autant. Si vous prêtez à ceux dont vous espérez recevoir en retour, quelle reconnaissance méritez-vous ? Même les pécheurs prêtent aux pécheurs pour qu’on leur rende l’équivalent. Au contraire, aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans rien espérer en retour. Alors votre récompense sera grande, et vous serez les fils du Très-Haut, car lui, il est bon pour les ingrats et les méchants. Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ; ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés. Pardonnez, et vous serez pardonnés. Donnez, et l’on vous donnera : c’est une mesure bien pleine, tassée, secouée, débordante, qui sera versée dans le pan de votre vêtement ; car la mesure dont vous vous servez pour les autres servira de mesure aussi pour vous. » 

HOMELIE

7° dimanche ordinaire – C

Avec le groupe des lycéens de l’aumônerie, nous avons essayé d’étudier et de comprendre la lettre aux Philippiens de l’apôtre saint Paul. C’est dur, exigeant, et semblait parfois éloigné de nos préoccupations modernes. Mais notre désir était de plonger dans le coeur de l’Ecriture sainte, et de plonger dans le coeur d’un homme unique dans l’histoire. Il n’a séduit personne, mais il a édifié tout le monde. Nous l’écoutons souvent dans la liturgie de la Parole aujourd’hui, et nous sommes tous d’accord je pense pour dire qu’il nous semble parfois trop direct, trop brutal, trop complexe dans ses formulations. Certes. Même Jésus est peut-être d’accord. Mais il y a une chose qu’on ne peut ignorer : un évènement. Paul était un criminel, un persécuteur de chrétiens, il a mis à mort des martyrs que nous prions encore aujourd’hui. II était donc détesté des premiers chrétiens qui voyaient en lui le mal qui mettait en péril le petit nombre fragile de chrétiens au 1er siècle. Mais les disciples de Jésus avaient entendu et médité cet évangile entendu à l’instant. Ils ont du être choqués, scandalisés. Jésus est fou ! Aimer nos ennemis les romains qui nous maltraitent comme juifs puis maintenant comme chrétiens ! Aimer Saul de Tarse, qui tue nos frères et soeurs innocents ? Mais ils ont fait confiance. Avec courage, force, et espérance, ils ont prié pour leurs ennemis qui les martyrisaient. Et un jour, sur le chemin de Damas, Jésus apparait à Saul, le met à terre, se révèle à lui et Saul devient Paul, il se convertit, il devient chrétien. Soyons réalistes, les disciples avaient beau avoir prié, voir en face ce meurtrier de leurs familles, de leurs amis, devenir chrétien, ce dut être très dur. Mais avec le temps, avec la foi, Paul est devenu apôtre, missionnaire, saint. Son rayonnement, celui du Christ, a traversé les terres et l’histoire pour devenir un des piliers de l’Eglise. Par ses lettres, certes. Par son zèle évangélique, certes. Mais surtout par sa conversion. L’ennemi public numéro 1 est devenu frère.

Alors cette demande de Jésus, dans cet évangile, est scandaleuse, et paraît impossible. Mais Jésus n’est pas venu sur terre pour que l’on soit juste gentil avec nos amis et tenir à distance ceux nous dérangent. Cela, c’était la règle de l’ancien testament. Nous allons le revivre durant le carême qui approche, Jésus a livré sa vie entière, et son corps, et son coeur, pour briser l’esprit de violence et de haine dans notre monde. Il y a 2000 ans, et aujourd’hui en 2025.

Mais pourquoi ? La raison est son incarnation : Dieu aime chaque homme, chaque femme, passionnément. Il nous a crées, par l’intermédiaire de nos parents, mais nous sommes dans son coeur depuis le commencement des temps. Il nous laisse libre si on le refuse, il nous pardonne quand on le blesse, il nous attend quand on s’éloigne. Et puisqu’il nous a crées à son image et à sa ressemblance, il nous garde une place au Ciel, tous. Et puisqu’il nous a crées à son image et à sa ressemblance, il désire que nous aimions comme lui nous aime, tous. Voilà le coeur de la Charité : la charité, c’est aimer Dieu parce qu’il est notre créateur, s’aimer soi-même parce que nous sommes aimés par notre créateur, et aimer notre prochain parce qu’il est précieux aux yeux de Dieu. Pour aimer notre conjoint, nos parents nos enfants, nos amis nos proches nos colllègues nos voisins sur le banc à l’église, la clef, c’est de se rapeller à chaque instant que cette personne a été crée, choisie, voulue par Dieu et que cette personne a une place au ciel, réservée par Jésus, qui l’attend. Mais certains, enfin beaucoup, et finalement tous, sont plus ou moins éloignés de cette place. Du terrible criminel qui craint alors son salut, à notre voisin qui nous énerve juste par son caractère.

Dans la pensée collective, on se refuse de croire en un Dieu qui condamne. On veut éviter de parler d’un Dieu qui aurait laisser se créer l’enfer. Mais soyons cohérents, dans le même temps, alors, ne condamnons personne mêmes nos ennemis. Et si nous sommes chrétiens et donc disciples du Christ, essayons d’avoir une vie et une charité qui participe à ce que tous retrouvent cette place qui les attend au Ciel.

Le commandement nouveau de Jésus, véritable révolution à l’époque des juifs, c’est donc d’aimer notre prochain, ami ou ennemi, non pas pour l’amour qu’il nous donne en retour, mais parce qu’il est aimé de Dieu. Si nous nous disons catholiques, ce qui signifie universels, notre charité est donc appelée à dépasser le cercle de ceux qui nous aiment.

Si vous y êtes prêts, prenons quelques instant de silence maintenant pour penser à une personne “ennemie”, quelqu’un qui nous veut du mal, à qui nous n’arrivons pas à pardonner… Pour murmurer dans nos cœurs son prénom pour prier réellement pour lui, pour sa conversion. Demandons cette force à Jésus, de l’aimer comme il l’aime. Il nous a montré un incroyable exemple : Jésus a si bien traité et aimé l’apôtre et futur traître Judas qu’aucun des onze autres apôtres n’a pu identifier que c’était lui qui le trahirait. Amen

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