ÉVANGILE « Aujourd’hui vous est né un Sauveur » (Lc 2, 1-14)
En ces jours-là, parut un édit de l’empereur Auguste, ordonnant de recenser toute la terre – ce premier recensement eut lieu lorsque Quirinius était gouverneur de Syrie. Et tous allaient se faire recenser, chacun dans sa ville d’origine. Joseph, lui aussi, monta de Galilée, depuis la ville de Nazareth, vers la Judée, jusqu’à la ville de David appelée Bethléem. Il était en effet de la maison et de la lignée de David. Il venait se faire recenser avec Marie, qui lui avait été accordée en mariage et qui était enceinte. Or, pendant qu’ils étaient là, le temps où elle devait enfanter fut accompli. Et elle mit au monde son fils premier-né ; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune. Dans la même région, il y avait des bergers qui vivaient dehors et passaient la nuit dans les champs pour garder leurs troupeaux. L’ange du Seigneur se présenta devant eux, et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière. Ils furent saisis d’une grande crainte. Alors l’ange leur dit : « Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple : Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. » Et soudain, il y eut avec l’ange une troupe céleste innombrable, qui louait Dieu en disant : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime. »
Nuit de Noël 2020 – Homélie.
Nous venons d’entendre l’évangile de saint Luc racontant la naissance de Jésus à Bethléem. On aimerait bien avoir une photo et pourquoi pas une vidéo de l’évènement. Saint François d’Assise avait déjà ce même désir que nous, aussi pour noël 1223, il décide de représenter l’événement, il fait la première crèche avec les habitants de Grecchio. C’est ce que nous allons faire maintenant nous aussi à partir des éléments de l’évangile.
Situons d’abord le cadre historique et géographique. Nous sommes en Palestine occupée par l’empire romain. L’empereur décide un recensement de tout son empire. Ca sert à quoi un recensement ? A deux choses : à compter les gens pour faire rentrer l’impôt et à compter les hommes susceptibles d’être appelés à la guerre. Chacun doit aller se faire recenser dans son pays d’origine, c’est pourquoi Joseph descendant de la famille de David de Bethléem quitte son village de Nazareth avec sa femme Marie. On peut imaginer les joyeuses retrouvailles des descendants du lointain et célèbre ancêtre David qui avant d’être roi à Jérusalem fut berger à Bethléem. Ca n’a rien à voir avec toutes les âneries des contes de noël qui nous présente un couple errant perdu et rejeté. Ce qui est une insulte à la tradition d’hospitalité des gens du moyen orient et une insulte à la mentalité juive qui entoure de respect toute femme enceinte car c’est peut-être le messie qu’elle porte.
Voici donc Joseph, artisan reconnu dans son village qui jouit d’une certaine position sociale puisque le talmud précise que lorsque deux rabbins ne sont pas d’accord sur l’interprétation d’un texte c’est le menuisier qui doit trancher.
Puis voici Marie qui va devenir maman. Marie la discrète qui garde et médite tous ces événements dans son cœur, Marie qui pour l’éternité ne laissera qu’un seul message : écoutez le et faites tout ce qu’il vous dira. Prenons le temps de regarder ce couple que saint François de Sales qualifie dans la langue du 17° siècle de paire hors pair , c’est-à-dire de couple hors pair.
Pendant leur séjour à Bethléem, vint le jour où Marie devait enfanter, elle ne va pas accoucher dans la salle commune, ce n’est pas le lieu pour un tel événement. Cela se passe dans un réduit attenant qui sert de rangement et de réserve.
Et voici l’enfant à qui Joseph donnera le nom de Jésus. On le dépose dans une mangeoire qui sert de berceau. A Bethléem, la maison du pain, est déposé au premier jour de sa vie dans une mangeoire, celui qui au soir du dernier jour de sa vie partagera le pain à ses amis en disant : Prenez et mangez !
Puis la nouvelle est annoncée aux bergers. Parce qu’ils vivent avec leurs troupeaux et se déplacent au gré des pâturages, leur style de vie les met un peu en marge du reste de la société : comment pourraient-ils au quotidien satisfaire aux 613 prescriptions de la religion telle que la présente les rabbins, c’est pourtant à eux qui sont à la périphérie que la nouvelle est annoncée et ils seront les premiers visiteurs de celui qui un jour se définira comme le bon berger.
L’évangile de saint Matthieu, lui va nous parler des mages, astronomes, astrologues, étrangers par la race, la religion, qui se mettent en route sur un signe que Dieu leur fait, un signe dans leur vie qu’ils peuvent comprendre : une étoile. La tradition populaire a bien compris le message de l’évangile en en identifiant trois : un noir, un asiatique et un européen, un jeune, un adulte et un vieillard. Luc comme Matthieu nous disent que la joie de l’évangile est pour tous même pour ceux qui sont à la marge. Tous sont capable avec nous d’entendre la bonne nouvelle.
Est-ce qu’on oublié quelqu’un ? AH oui, l’âne et le bœuf, mais ils ne sont pas dans l’évangile, qu’est-ce qu’ils viennent faire là ? Ne les faisons pas attendre plus longtemps, ça fait au moins 7 siècles qu’ils attendent, depuis le 1er chapitre du prophète Isaïe, lorsque le prophète apostrophe son peuple : « le bœuf reconnait sa place à l’étable et l’âne reconnait la voix de son maitre et toi Israël tu n’est pas capable de reconnaitre ton Dieu » Autrement dit : ne soyez pas plus bête qu’un âne ou un bœuf. Regardez comme on les place : le museau, le regard tournés vers l’enfant, ils nous invitent à reconnaitre l’Emmanuel, Dieu avec nous. Après une si longue attente, ils méritent bien leur place dans nos crèches.
Voilà noël selon l’évangile, ce n’est pas un conte, c’est une nouvelle, une bonne nouvelle pour tout le peuple et tous les peuples. Ca veut dire que nous avons tous notre place dans la crèche et un jour Jésus nous le confirmera lorsqu’il dira : ma mère, mes frères, mes sœurs, ce sont tous ceux qui écoutent la parole de Dieu et la mettent en pratique. Alors nous pouvons joindre nos voix à celle des anges : Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qu’il aime.