Saint Joseph, « avec un cœur de père »
Petite recension de la lettre apostolique du pape François sur saint Joseph.
Cet article se présente comme un résumé du texte du pape. Il se veut aussi un moyen d’échange et d’enrichissement par vos réactions personnelles. N’hésitez pas à développer les pistes suggérées par le pape pour qu’ensemble nous soyons plus conscients de vivre cette paternité – maternité chacun selon nos états de vie.
Voilà un enseignement du Magistère en continuité avec ses prédécesseurs, se plaçant dans le contexte particulier d’aujourd’hui. Le pape François l’écrit en hommage à ceux qui œuvrent dans la discrétion au service des autres : « Que de personnes font preuve chaque jour de patience et insufflent l’espérance, veillant à ne pas créer la panique mais la co-responsabilité! Que de pères, de mères, de grands-pères et de grands-mères, que d’enseignants montrent à nos enfants, par des gestes simples et quotidiens, comment affronter et traverser une crise en réadaptant les habitudes, en levant le regard et en stimulant la prière! Que de personnes prient, offrent et intercèdent pour le bien de tous ! »
Demandant d’être attentif à saint Joseph cette année, il désire « faire grandir l’amour envers ce grand saint, pour être poussés à implorer son intercession et pour imiter ses vertus et son élan ».
Il commence en présentant ces vertus, telles qu’elles apparaissent “au travers” du texte biblique, puis développe surtout deux facettes : un chemin de vie spirituelle et l’exercice de la paternité.
1- Chemin de vie spirituelle :
Le pape met en avant le chemin spirituel de saint Joseph dans l’exercice responsable de la paternité et de la conjugalité (paragraphes 1 à 5). Ce même chemin nous est ainsi proposé, à chacun de l’ajuster dans sa situation personnelle.
Au fondement, se trouve la disponibilité à se donner par amour, permettant de participer au salut. Elle entraîne l’acceptation de nos faiblesses (« le Malin nous fait poser un jugement négatif sur nos faiblesses » ; citant 2 Corinthiens 12,7-9, il exhorte à « les accueillir avec une profonde tendresse ») et une responsabilité fondée sur l’obéissance : « Joseph a été appelé par Dieu à servir directement la personne et la mission de Jésus en exerçant sa paternité, coopérant ainsi au grand mystère de la Rédemption ».
Il note alors un principe bien utile pour nous-mêmes : dans la vie chrétienne se trouve toujours un primat de la Charité. Il ne s’agit pas, en chaque événement, à chercher à tout comprendre, mais à accueillir en assumant sa responsabilité. Cela demande le don de force reçu de l’Esprit-Saint, pour laisser de côté colère et déception et trouver l’espérance. Alors surgit le sens caché : « Dieu peut faire germer des fleurs dans les rochers ». Il ne s’agit pas de trouver des solutions consolatrices faciles, mais d’affronter les épreuves les yeux ouverts. La paternité de Joseph a su trouver un courage source de créativité, par lequel Dieu réalisa son dessein salvifique (« l’Évangile dit que, ce qui compte, Dieu réussit toujours à le sauver à condition que nous ayons le courage créatif du charpentier de Nazareth qui sait transformer un problème en opportunité, faisant toujours confiance à la Providence »).
Pour Joseph, « Jésus et Marie sa Mère sont le trésor le plus précieux de notre foi […] Nous devons apprendre de Joseph les mêmes soin et responsabilité : aimer l’Enfant et sa mère ; aimer les Sacrements et la charité ; aimer l’Église et les pauvres. Chacune de ces réalités est toujours l’Enfant et sa mère. »
2- une paternité en exemple :
Les derniers paragraphes (6 et 7) présentent plus concrètement ce qui fait de Joseph un père.
La place du travail, de goûter son fruit ont été pour lui des éléments qui ont construit sa famille. « Le travail devient participation à l’œuvre du salut, occasion pour hâter l’avènement du Royaume, développer les potentialités et qualités personnelles en les mettant au service de la société et de la communion. Le travail devient occasion de réalisation, pour soi-même et pour ce noyau originel de la société qu’est la famille. Une famille où manque le travail est davantage exposée aux difficultés, aux tensions, aux fractures et même à la tentation désespérée et désespérante de la dissolution. […] Le travail de saint Joseph nous rappelle que Dieu lui-même fait homme n’a pas dédaigné de travailler. La perte du travail qui frappe de nombreux frères et sœurs, et en augmentation ces derniers temps à cause de la pandémie de la Covid-19, doit être un rappel à revoir nos priorités. ».
Le deuxième aspect est que, pour Joseph, être père, c’est être pour Jésus « comme l’ombre sur terre du Père céleste ». La paternité implique prendre soin de l’enfant en responsable. « Quand on assume la responsabilité de la vie d’un autre, on exerce la paternité » dit le pape, élargissant la façon de vivre la paternité : pour les prêtres, les éducateurs…
Une vertu est essentielle : la chasteté. « C’est pourquoi, à côté du nom de père, la tradition a qualifié Joseph de “très chaste”. Ce n’est pas une indication simplement affective (…]. La chasteté est le fait de se libérer de la possession dans tous les domaines de la vie. C’est seulement quand un amour est chaste qu’il est vraiment amour. L’amour qui veut posséder devient toujours dangereux, il emprisonne, étouffe, rend malheureux. Dieu lui-même a aimé l’homme d’un amour chaste, en le laissant libre même de se tromper et de se retourner contre lui. La logique de l’amour est toujours une logique de liberté, et Joseph a su aimer de manière extraordinairement libre. Il ne s’est jamais mis au centre. Il a su se décentrer, mettre au centre de sa vie Marie et Jésus ». Nous pouvons redécouvrir cette vertu dans toute son expansion, sa façon d’être présente dans chaque relation pour trouver la juste posture.
Enfin, il développe la paternité dans sa dimension du don de soi, seule source de bonheur profond et approfondissement de la dimension du sacrifice. « Toute vraie vocation naît du don de soi qui est la maturation du simple sacrifice. Ce type de maturité est demandé même dans le sacerdoce et dans la vie consacrée. Là où une vocation matrimoniale, célibataire ou virginale n’arrive pas à la maturation du don de soi en s’arrêtant seulement à la logique du sacrifice, alors, au lieu de se faire signe de la beauté et de la joie de l’amour elle risque d’exprimer malheur, tristesse et frustration ».
Ensemble, maintenant, déployons ces réflexions : n’hésitez pas à exprimer ce que cette approche du pape suggère, réveille, comment d’autres pensées enrichissent ce regard sur ce qu’est être un père.