INQUIETUDE
Le trouble et l’inquiétude que l’on a même pour l’avancement de notre âme en la perfection, est contraire à la parfaite simplicité puisque cette vertu consiste en une certaine tranquillité du cœur et paix de l’âme. (Dimanche des rameaux 1614)
L’inquiétude est le plus grand mal qui puisse advenir à l’âme hormis le péché. Comme un état ruiné par les troubles et séditions internes devient incapable de résister aux ennemis extérieurs, ainsi votre cœur quand il est troublé et inquiet, finit par perdre les vertus qu’il avait acquises et ne plus pouvoir résister aux tentations de l’ennemi qui alors multiplie ses efforts. L’inquiétude nait du désir d’être délivré du mal que l’on éprouve on d’acquérir le bien que l’on espère. Et néanmoins, rien n’empire davantage le mal et nous éloigne du bien que l’inquiétude et l’agitation. Les oiseaux pris au piège ne peuvent s’en dégager parce qu’ils se débattent trop. Et plus ils se débattent, plus ils s’enlacent. Donc quand vous voulez être délivré de quelque mal ou parvenir à quelque bien, commencez d’abord par calmer votre esprit et modérer votre volonté. Puis examiner calmement les choses, enfin doucement, avec ordre mettez en œuvre les moyens qui conviennent le mieux au but que vous poursuivez. Quand je dis lentement, je ne veux pas dire négligemment mais sans empressement, sans trouble ni inquiétude sinon au lieu d’atteindre le but que vous cherchez, vous gâterez et compliquerez tout comme l’oiseau pris dans son piège. (Introduction à la vie dévote § 410-411)
INNOCENCE
Nous étions perdus si nous n’eussions été perdus, c’est-à-dire que notre perte a été à profit puisque la nature humaine a reçu plus de grâce par la rédemption de notre sauveur qu’elle n’en n’ait jamais reçu par l’innocence d’Adam s’il avait persévéré en celle-ci. L’état de rédemption vaut cent fois mieux que celui d’innocence. (Commentaire de l’hymne de pâques – Traité de l’amour de Dieu Livre 2 ch. 5)