Évangile « D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? » (Lc 1, 39-45)
En ces jours-là, Marie se mit en route et se rendit avec empressement vers la région montagneuse, dans une ville de Judée. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth. Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint, et s’écria d’une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? Car, lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en moi. Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. »
Homélie du 4ème dimanche de l’Avent
Qu’est-ce qui fait courir Marie ?
« En ces jours-là, Marie se mit en route rapidement ». Pourquoi cette hâte ? Qu’est-ce qui fait courir Marie vers la montagne de Judée ?
Le même élan qui fera traverser les mers à Pierre, Paul et les autres Apôtres : la Bonne Nouvelle !
En Marie, l’Église commence à bouger. Impossible de garder pour soi la Bonne Nouvelle. Dieu veut rejoindre tous les hommes parce qu’Il les aime. Tous sont les bien-aimés de Dieu.
Marie porte en elle mystérieusement la présence de Dieu. Désormais Dieu habite notre humanité : « le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous » dira Saint Jean.
On imagine Marie sur la route : Que va-t-elle dire à Elisabeth ? Ce secret qu’elle a reçu de l’ange, peut-elle le partager ? Et comment le dire, comment s’y prendre ? Et pourtant, tout en elle déborde. Et puis il se passe quelque chose de semblable dans le sein d’Elisabeth. Elle aussi porte un enfant, mais ce que Marie ne sait pas trop c’est le lien, le rapport entre cet enfant qu’elle porte et l’enfant qu’Elisabeth porte.
Et ce que Marie va découvrir c’est que ceux et celles que nous rencontrons sont porteurs d’un message qui vient de Dieu.
« Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? ». On se rappelle une phrase presque semblable du roi David. Désireux, mais aussi intimidé de faire venir l’Arche d’Alliance (le précieux coffret qui renfermait les tables de la Loi) dans sa nouvelle capitale, Jérusalem, il avait dit : « Comment l’Arche du Seigneur pourrait-elle venir chez moi ? »
L’évangéliste Luc nous donne de contempler en Marie la nouvelle Arche d’Alliance. Et désormais, c’est chacun de nous qui portons mystérieusement cette présence de Dieu.
Avec Marie, nous sommes invités à prendre la route, à partir en mille et une visitations à la rencontre de nos proches, de ceux qui sont malades ou en prison, de ceux qui attendent un regard, un bonjour, une présence, mais aussi de ceux qui ne partagent pas la même foi que nous : eux aussi sont porteurs d’un message qui vient de Dieu. C’est Jésus qui à travers nous veut aller à la rencontre de tous. Il veut les saluer sans plus attendre.
L’amour nous presse à partager la Bonne Nouvelle. Cette Bonne Nouvelle, c’est qu’avec la venue de Jésus, quelque chose a basculé. Certes le monde reste froid, opaque ; mais il y a quelque part une déchirure. Dieu s’est fait homme, visage. Il est celui qui respire le même air que nous et marche sur la même terre. Il souffre nos désespoirs, mais ouvre tout sur une issue de lumière. Tout n’est pas bouclé par nos explications et nos équations. Reste ouvert un mystère. Mystère qui s’est fait visage humain pour que l’homme trouve son véritable visage, son visage divin.
« Élisabeth fut remplie de l’Esprit Saint et s’écria d’une voix forte … » C’est déjà la Pentecôte. C’est le même Esprit Saint qui peut faire de nous des porteurs de la joie, de la paix, de l’amour du Christ à tous ceux que nous rencontrons. Dieu a besoin de nous.
Dans la première lecture, le prophète Michée annonce la venue d’un Messie qui ne naîtra pas à Jérusalem, l’orgueilleuse ville des rois, mais dans un humble village du plus petit clan de Juda. C’est là, à Bethléem, que Dieu avait envoyé autrefois le prophète Samuel pour y choisir David, le petit dernier. Paul dira plus tard que « Dieu choisit ce qui est faible pour confondre ce qui est fort ».
Notre monde traverse des moments difficiles et douloureux. Comment vivons-nous cela dans la foi ? N’est-ce pas une invitation à nous recentrer sur le Christ ? Sur son Esprit Saint qui habite le cœur de tout homme et qui fait de tout homme un frère ? En entrant dans le monde, Jésus dit à son Père : ‘’Me voici, je viens faire ta volonté’’.
Nous qui sommes son corps n’avons rien d’autre à faire que de continuer chaque jour à dire : ‘’Me voici’’. C’est la seule réponse que Dieu attend de notre cœur.