Homélie du samedi 22 juin 2024, samedi de la 11e semaine du Temps ordinaire, année B.
Textes du jour – Messe célébrée par le Père Patrick Gaso, au Bourget du Lac.
Évangile selon saint Matthieu 6, 24-34. 2e livre des Chroniques 24, 17-25. Psaume 88.
Beaucoup me disent être inquiets ! Douter de notre gouvernement, notre pays, des élections ! Douter que la paix demeure ! Douter d’un avenir ! Douter de soi !
Mais ne serait-ce pas là s’exposer à l’angoisse incessante du lendemain ?
C’est bien ce qui nous différencie des animaux ! La peur consciente de manquer, la peur responsable du lendemain ! Les animaux que nous avons avec nous vivent au jour le jour, ils ne s’angoissent pas pour le lendemain !
L’évangile d’aujourd’hui vient répondre à ces questions. Jésus nous y invite à ne pas nous laisser accaparer par les soucis et l’inquiétude. Vous connaissez sans doute très bien ce texte ! D’ailleurs, je l’ai eu pour la célébration d’un mariage ; inhabituel, mais assez génial ! Par six fois, Matthieu reprend le verbe « se faire du souci », mais en nous appelant à rejeter toute forme d’angoisse, aussi profonde soit-elle. La raison en est simple : notre vie tout entière est placée sous le regard de Dieu « qui sait très bien ce dont nous avons réellement besoin ».
Ne nous trompons pas ! Jésus n’encourage pas pour autant l’oisiveté, l’optimisme insouciant, un « je m’en foutisme » indifférent ou une confiance paresseuse et inactive en Dieu. Il ne dit pas non plus que tout sera simple ! Il n’emploie pas plus la méthode Coué ou encore, comme nous le propose, certains slogans : « il faut positiver » !
Ce que Jésus veut rejoindre ici, c’est notre manière de nous situer face aux imprévus de la vie, aux impondérables, aux difficultés, aux nécessités de la vie avec cette interrogation : sommes-nous dans la paix ? ou sommes-nous dans l’inquiétude ? Si nous sommes dans l’inquiétude, il y a sans doute une grâce à demander ! Si nous sommes dans la paix, rendons grâce au Seigneur !
Certes, il faut travailler, c’est notre responsabilité, gagner notre pain quotidien, prévoir le lendemain, avec un juste discernement ; mais il faut aussi, à travers notre façon de réagir, de décider, ne pas perdre de vue l’essentiel : la référence à notre Père du ciel de qui vient tout bien ! N’oublions pas que nous ne sommes que des pèlerins sur cette Terre, en marche vers notre patrie du Ciel ! Tout ce que nous aurons amassé (très bien si notre intelligence et notre travail le permettent !), nous le laisserons sur terre à nos descendants.
Faut-il se polariser sur la nourriture, la boisson ou le vêtement comme le font les « païens » ? Il s’agit, bien au contraire, de fixer notre regard sur Celui qui nous donne tout cela comme fruit de notre travail dans un surcroît de sa bonté.
En nous recentrant sur notre unique nécessaire, sur notre certitude que le Père veille sur nous, Jésus vient opérer en nous une libération. Il exorcise en nous l’inquiétude qui provient de la peur de manquer, de la peur de ne pas tout maîtriser (ne cherchons pas à tout gérer !), peur de ne pas avoir tout en main. Car, il y a un risque majeur qui en découle : celui de ne plus être disponible pour les autres et d’être complètement tourné sur soi-même !
C’est là un danger qui guette tout autant les pauvres que les riches, les jeunes que les anciens !
Enfin, il y a une humble réalité : je ne peux pas toujours agir sur les événements extérieurs comme la guerre en Ukraine par exemple, ou la dissolution de notre assemblée (je ne peux en faire que le constat), mais je peux déjà agir en moi et un peu autour de moi !
Dans le quotidien de notre vie, retenons cette phrase de St Ignace de Loyola qui précisait : « il faut faire comme si tout dépendait de soi et compter sur le Seigneur sur tout ».
Pierre Goursat en 1977 à Paray-le-Monial (lors d’une retraite sur l’humilité) disait : « L’humble, c’est celui qui ne s’inquiète pas puisque c’est un enfant ; il sait qu’il a un Père, qui est tout puissant et qui l’aime ! Alors on est tranquille ! » Dieu veille sur moi !
En cette journée, nous sommes invités à faire confiance à l’Esprit-Saint, à lui demander son aide et sa force ! C’est bien cette invitation que nous recevons aujourd’hui ! Seigneur délivre-nous de toute inquiétude, de tout souci !
Donne-nous de nous concentrer sur Toi seul en restant attentifs au bien des personnes autour de nous, en étant attentifs à nos responsabilités !
C’est la grâce que nous pouvons demander pour chacun de nous, réunie en communauté et plus largement pour nos familles, nos paroisses et pour le monde !
Ainsi soit-il !