ÉVANGILE « Jésus fut enlevé au ciel et s’assit à la droite de Dieu » (Mc 16, 15-20)
En ce temps-là, Jésus ressuscité se manifesta aux onze Apôtres et leur dit : « Allez dans le monde entier. Proclamez l’Évangile à toute la création. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé ; celui qui refusera de croire sera condamné. Voici les signes qui accompagneront ceux qui deviendront croyants : en mon nom, ils expulseront les démons ; ils parleront en langues nouvelles ; ils prendront des serpents dans leurs mains et, s’ils boivent un poison mortel, il ne leur fera pas de mal ; ils imposeront les mains aux malades, et les malades s’en trouveront bien. » Le Seigneur Jésus, après leur avoir parlé, fut enlevé au ciel et s’assit à la droite de Dieu. Quant à eux, ils s’en allèrent proclamer partout l’Évangile. Le Seigneur travaillait avec eux et confirmait la Parole par les signes qui l’accompagnaient.
HOMELIE
Ascension 2024
La première lecture nous a fait entendre le début du livre des actes des apôtres et le passage d’évangile les dernières lignes de l’évangile de saint Marc qui chacun à leur façon nous raconte la fin de la présence visible du Christ. Luc s’adresse à un interlocuteur qu’il appelle Théophile, ce qui signifie : celui qui aime Dieu, il s’adresse donc à chacun de nous réunis au nom du Christ.
Au soir de la résurrection, à sa première apparition aux disciples à l’abri derrière des portes bien fermées, Jésus avait soufflé sur eux pour que son Esprit agisse en eux. Mais à eux comme à nous, il faut du temps pour comprendre, pour nous convertir. Et au moment des adieux, on voit qu’ils n’ont encore rien compris, pas l’un ou l’autre plus lent que les autres, mais tout le groupe : « Réunis autour de lui les apôtres lui demandaient : est-ce maintenant que tu vas rétablir la royauté en Israël ? » alors que Jésus leur parle de témoignage à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie et jusqu’aux extrémités de la terre. Après qu’il fut enlevé à leurs yeux, ils restent là à scruter le ciel. Il faut une intervention divine pour les ramener à la réalité : « Galiléens pourquoi restez-vous là à regarder le ciel ? » mais cela ne suffit pas, il faudra que l’Esprit vienne les secouer, les bousculer au jour de la pentecôte pour qu’ils commencent l’annonce de l’évangile à la multitude des pèlerins réunis à Jérusalem, pèlerins venus de toutes les nations qui sont sous le ciel dit le livre des actes des apôtres. Symboliquement ce jour là l’évangile sera donc proclamé jusqu’au bout de la terre.
Et il faudra que peu à peu le peuple saint s’organise écrit saint Paul depuis sa prison pour que les tâches du ministère soient accomplies et que se construise le corps du Christ. Nous aurons beau lever les yeux vers le ciel, il ne fera pas le travail à notre place : Galiléens c’est à vous maintenant de prendre les choses en main et de vous mettre au travail. C’est le début de l’Eglise qui s’organise autour des apôtres d’abord, écrit toujours Paul, puis des prophètes, des missionnaires de l’évangile, des pasteurs et de ceux qui enseignent. L’Eglise s’organise autour du ministère ordonné où chacun a sa place, chacun a sa vocation qui est toujours une vocation de service.
C’est bien cette certitude ou au moins cette espérance qui 40 jours après Pâques nous rassemblent pour célébrer la fête de l’ascension, la fête de la prise de conscience de la responsabilité de chacun dans l’annonce de l’évangile. L’ascension est une fête typiquement chrétienne, une fête de l’alliance nouvelle en Christ. Vous savez sans doute que la date de Pâques est fixée selon le commandement de Moïse en fonction de la lune de printemps dont la date varie. Pentecôte est fixée 50 jours après, deux fêtes de l’ancienne alliance liées à des événements de la nouvelle alliance. Alors que l’ascension est une fête typiquement chrétienne. 40 jours après Pâques, 40, cela évoque bien des événements dans la symbolique biblique. Je n’en retiendrais qu’un : dans la tradition juive il faut 40 jours pour former un rabbin, souvenez vous des 40 jours de Jésus qui se forme au désert avant sa vie publique, si le sujet est moins doué, on prend 40 semaines ou encore 40 mois mais s’il le faut on prendra 40 ans… Respectant la tradition, après sa résurrection, Jésus à continué à former ses disciples pendant 40 jours avant de les quitter. Il les prépare à une autre forme de sa présence, il les assure de sa force et de son assistance : à eux maintenant de jouer, de prendre leurs responsabilités. Gardez bien les pieds sur terre, c’est là que l’Esprit vous rejoint. C’est maintenant le temps de la mission, le temps de l’Eglise, le temps de témoigner les yeux tournés vers l’avenir, vers le retour du Christ marquant notre accomplissement et l’accomplissement du monde en lui. C’est ce que nous affirmons dans chaque prière eucharistique, je cite la prière N°3 : « En faisant mémoire de ton fils, de sa passion qui nous sauve, de sa glorieuse résurrection et de son ascension dans le ciel, alors que nous attendons son dernier avènement, nous présentons cette offrande vivante et sainte pour te rendre grâce ».
La fête de l’ascension nous invite à deux mouvements : d’abord à lever les yeux pour regarder plus loin, pour regarder le but : l’humanité glorifiée en Dieu et puis ensuite elle nous invite à regarder la terre, à regarder notre monde et sa réalité, là où le ressuscité nous envoie en mission, là où il est avec nous tous les jours jusqu’à la fin du temps.
Après la résurrection Jésus a donc essayé de parfaire la formation de ses apôtres pendant 40 jours, il avait fallu 40 ans à Moïse pour transformer une bande d’esclave en fuite en partenaire de l’alliance. Combien de temps faudra-t-il pour que l’Esprit nous fasse comprendre que nous sommes tous, que tous les humains sont les enfants chéris du même Dieu ?
Il est venu………..Il est là………….Il reviendra…………..