ÉVANGILE « Le Puissant fit pour moi des merveilles : il élève les humbles » (Lc 1, 39-56)
En ces jours-là, Marie se mit en route et se rendit avec empressement vers la région montagneuse, dans une ville de Judée. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth. Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint, et s’écria d’une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? Car, lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en moi. Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. » Marie dit alors : « Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur ! Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse. Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom ! Sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent. Déployant la force de son bras, il disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides. Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour, de la promesse faite à nos pères, en faveur d’Abraham et sa descendance à jamais. » Marie resta avec Élisabeth environ trois mois, puis elle s’en retourna chez elle.
HOMELIE
15 aout 2022
L’écriture nous dit finalement peu de chose sur Marie et Joseph qui sont pourtant les piliers de l’incarnation de Dieu dans notre monde, ceux qui ont fait de lui un homme par la maternité et par l’éducation. Cette discrétion des évangélistes est sans doute voulue pour nous indiquer et souligner l’importance du personnage principal : Jésus le Christ vers qui doit converger tous nos regards et toute notre attention, ce que Marie elle-même souligne lors du premier signe de Jésus à Cana : « Faites tout ce qu’il vous dira » La première phrase et la dernière du passage d’évangile de cette messe résument bien toute l’attitude de Marie. « En ces jours là Marie se mit en route et se rendit avec empressement vers la région montagneuse dans une ville de Judée » le messager de Dieu vient de lui annoncer deux naissances, elle pense d’abord à la vieille cousine pour se réjouir avec elle et surtout pour lui apporter son aide.
Elle est l’exemple de cette Eglise ouverte aux autres, de cette Eglise en partance, en sortie, que le pape François appelle de ses vœux. « Tout chrétien, toute communauté discernera quel est le chemin que le Seigneur lui demande. Nous sommes tous invités à accepter cet appel à sortir de son propre confort et à avoir le courage de rejoindre toutes les périphéries qui ont besoin de la lumière de l’évangile » La réponse à l’appel de Dieu est toujours une mise en route, c’est une constante pour toutes les grandes figures de la bible, c’est l’expérience de tout croyant. On ne connait pas les détails du chemin, on le découvre à mesure qu’on avance mais on connait le but. Nous ne sommes pas des sédentaires dans la foi mais de nomades.
Puis le passage de l’évangile d’aujourd’hui se termine par ces mots : « Marie resta avec Elisabeth environ trois mois puis elle s’en retourna chez elle ». Elle a accompli son devoir, elle laisse Zacharie, Elisabeth et leur famille à la joie de la naissance de leur fils. Marie revient dans l’anonymat de son quotidien tout comme après l’ascension on la retrouve en prière avec la communauté, disciple parmi les disciples, « heureuse parce qu’elle a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur ».
Nous célébrons aujourd’hui sa mort terrestre et son entrée dans la gloire. Mais nous n’oublions pas qu’elle est l’une des nôtres, ce que monseigneur Oscar Roméro exprimait dans une homélie en 1978 avant d’être abattu à l’autel par une rafale d’arme automatique : « Marie n’est pas une idole. Le seul sauveur c’est Dieu Jésus-Christ. Marie n’est que l’instrument humain, fille d’Adam, fille d’Israël, incarnation d’un peuple, sœur de notre race. Par sa sainteté elle a été rendu capable d’incarner dans l’histoire la vie de Dieu. Le meilleur hommage qu’un chrétien puisse lui rendre, c’est de faire comme elle : incarner la vie de Dieu dans les vicissitudes de l’histoire mouvante de notre temps »
Oui elle a connu les différents âges de la vie et les vicissitudes de son temps, elle a connu des heures de joie et des heures de peine ; c’est pourquoi nous nous sentons proche d’elle, nous la sentons proche de nous et nous aimons nous confier à elle pour qu’elle prie avec nous, qu’elle prie pour nous. Après la salutation de l’ange : « je te salue Marie comblée de grâces » après la salutation de la cousine : « Tu es bénie entre toutes les femmes » nous continuons avec l’Eglise : « Sainte Marie mère de Dieu, prie pour nous maintenant et à l’heure de notre mort » Amen.