ÉVANGILE « Il rassemblera les élus des quatre coins du monde » (Mc 13, 24-32)

En ce temps-là, Jésus parlait à ses disciples de sa venue : « En ces jours-là, après une grande détresse, le soleil s’obscurcira et la lune ne donnera plus sa clarté ; les étoiles tomberont du ciel, et les puissances célestes seront ébranlées. Alors on verra le Fils de l’homme venir dans les nuées avec grande puissance et avec gloire. Il enverra les anges pour rassembler les élus des quatre coins du monde, depuis l’extrémité de la terre jusqu’à l’extrémité du ciel. Laissez-vous instruire par la comparaison du figuier : dès que ses branches deviennent tendres et que sortent les feuilles, vous savez que l’été est proche. De même, vous aussi, lorsque vous verrez arriver cela, sachez que le Fils de l’homme est proche, à votre porte. Amen, je vous le dis : cette génération ne passera pas avant que tout cela n’arrive. Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas. Quant à ce jour et à cette heure-là, nul ne les connaît, pas même les anges dans le ciel, pas même le Fils, mais seulement le Père. »

HOMELIE

« Sachez que le Fils de l’homme est proche »

Regarder les informations à la télévision et dans les journaux ou écouter les informations à la radio est souvent une expérience difficile et déprimante. Les drames de ce « village global » qu’est le monde entrent dans notre maison, s’assoient à notre table, s’emparent de notre existence, troublent notre tranquillité, assombrissent notre cœur. La guerre, l’oppression, l’injustice, la misère, l’esclavage, l’égoïsme, l’exploitation, le mépris de la dignité humaine nous affectent, même lorsqu’ils se produisent à des milliers de kilomètres du petit monde où nous nous déplaçons chaque jour. Les ombres qui marquent l’histoire actuelle de l’humanité deviennent des réalités proches et tangibles qui nous rendent mal à l’aise et désespérés. Blessés et humiliés, nous doutons de Dieu, de sa bonté, de son amour, de sa volonté de sauver l’homme, de ses promesses de vie en plénitude. La Parole de Dieu qui nous est servie aujourd’hui ouvre cependant la porte à l’espérance. Elle réaffirme une fois de plus que Dieu n’abandonne pas l’humanité et est déterminé à transformer l’ancien monde d’égoïsme et de péché en un nouveau monde de vie et de bonheur pour tous les hommes. L’humanité ne se dirige pas vers l’holocauste, vers la destruction, vers le non-sens, vers le néant ; mais elle marche vers une vie pleine, vers ce monde nouveau où l’homme, avec l’aide de Dieu, atteindra la plénitude de ses possibilités.

La liturgie de ce dimanche nous offre, au fond, une invitation à l’espérance. Elle nous invite à faire confiance à ce Dieu libérateur, Seigneur de l’histoire, qui a un projet de vie définitif pour les hommes. Il va – disent nos textes – changer la nuit du monde en une aube de vie sans fin.

La première lecture du Livre de Daniel annonce aux croyants persécutés et découragés l’arrivée imminente du temps de l’intervention libératrice de Dieu pour sauver le Peuple fidèle. C’est l’espérance qui doit soutenir les justes, appelés à rester fidèles à Dieu malgré les persécutions et les épreuves. Votre constance et votre fidélité seront récompensées par la vie éternelle.

La deuxième lecture nous rappelle que Jésus est venu dans le monde pour accomplir le dessein de Dieu de libérer l’homme du péché et de l’insérer dans une dynamique de vie éternelle. Par sa vie et son témoignage, il nous a appris à vaincre l’égoïsme et le péché et à faire de la vie un don d’amour pour Dieu et pour nos frères et sœurs. C’est le chemin vers le nouveau monde et la vie définitive.

L’Évangile nous montre que c’est Dieu, le Seigneur de l’histoire, qui fera naître un monde nouveau ; cependant, Il compte sur notre collaboration dans la réalisation de ce projet. La religion n’est pas l’opium qui endort les hommes et les empêche de s’engager dans l’histoire… Les chrétiens ne peuvent pas rester les bras croisés en attendant que le monde nouveau tombe du ciel ; mais ils sont appelés à annoncer et à construire, avec leur vie, avec leurs paroles, avec leurs actions, ce monde qui est dans les plans de Dieu. Cela implique avant tout un processus de conversion qui nous amène à supprimer ce qui, en nous et dans les autres, est l’égoïsme, l’orgueil, l’arrogance, l’exploitation, l’injustice (vieux monde) ; cela implique aussi de témoigner par des gestes concrets des valeurs du monde nouveau – partage, service, pardon, amour, fraternité, solidarité, paix.

Ce Dieu qui n’abandonne pas les hommes dans leur cheminement historique vient continuellement à notre rencontre pour nous présenter ses défis, nous faire comprendre ses projets, nous montrer les chemins qu’il nous appelle à emprunter. Pour notre part, nous devons être attentifs à sa proximité et le reconnaître dans les signes de l’histoire, dans les visages de nos frères et sœurs, dans les appels de ceux qui souffrent et qui cherchent la libération. Le chrétien ne peut s’enfermer dans son coin et ignorer Dieu, ses appels et ses projets ; mais il doit être attentif et remarquer les signes par lesquels Dieu s’adresse aux hommes et leur montre le chemin du monde nouveau.

Nous savons que ce monde est appelé à disparaître, parce que toute vie biologique sur terre s’arrête un jour ou l’autre. Nous pouvons donc comprendre que Jésus nous dise sans détour qu’il y aura une fin pour ce monde. Mais Il ajoute aussitôt : mes paroles ne passeront pas ! La Parole de Dieu, immortelle, nous convie à une Vie éternelle : elle se révèle dans une double lumière, au niveau humain et au niveau divin. Dès lors la terre peut disparaître absorbée par le soleil, l’amour de Dieu pour nous ne s’arretera jamais. Le Jour du Seigneur sera l’heure de la victoire remportée par le Christ sur la malice humaine, l’heure de l’amour vainqueur pour l’éternité.

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