ÉVANGILE « Dieu a envoyé son Fils pour que, par lui, le monde soit sauvé » (Jn 3, 14-21)

En ce temps-là, Jésus disait à Nicodème : « De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin qu’en lui tout homme qui croit ait la vie éternelle. Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. Celui qui croit en lui échappe au Jugement, celui qui ne croit pas est déjà jugé, du fait qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu. Et le Jugement, le voici : la lumière est venue dans le monde, et les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises. Celui qui fait le mal déteste la lumière : il ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient dénoncées ; mais celui qui fait la vérité vient à la lumière, pour qu’il soit manifeste que ses œuvres ont été accomplies en union avec Dieu. »

HOMELIE

4° dimanche de carême – B

Regardons la croix, la croix glorieuse, la croix du lendemain de Pâques, l’arbre de la vie. Cet instrument de torture, cet arbre de mort  est devenu depuis pâques le signe du ressuscité, il est aujourd’hui le signe des chrétiens, le signe de l’alliance, le signe de cet amitié que Dieu ne cesse de nous proposer. Oui, la croix c’est d’abord un instrument de torture, d’une torture  horrible, il a fallu plusieurs siècles aux chrétiens pour  relire la croix à travers la résurrection , pour y voir le signe de Dieu né à notre monde, planté sur notre terre , le Dieu de l’incarnation , proche de chacun, le Dieu de l’accueil  aux bras et au cœur ouverts à chacun quelle que soit sa situation  .

Le serpent, symbole du mal, élevé au désert par Moïse signifiait que le mal ne pouvait pas être vainqueur, il était cloué sur un poteau, ainsi ceux qui le regardaient étaient sauvés après une morsure, après une atteinte du mal.  Sur la croix  c’est le bien par excellence  qui est cloué,  le fils de l’homme a été élevé pour que tout homme obtienne par lui la vie éternelle, nous dit l’évangile de saint Jean qui en quelques phrases résume le cœur de notre foi : « Dieu a envoyé son fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que par lui, le monde soit sauvé » Le fils de l’homme élevé un moment sur la croix,  est élevé  pour  toujours dans la gloire de Dieu. Cette vérité fondamentale de notre foi, je l’ai vue représentée pour la première fois dans la cathédrale maronite de Beyrouth. Le bâtiment est construit appuyé à une falaise qui forme le fond du chœur sur laquelle est taillée une immense croix et dans la coupole qui surplombe le chœur est peint le Christ ressuscité comme s’échappant de la croix. C’est bien le Christ qui a été crucifié mais c’est le Christ ressuscité que nous célébrons.

Renaître, faire notre pâque, notre passage entre les mains de Dieu, passer de la nuit à la lumière, de la mort à la vie : autant d’expression  qui nous rappellent notre baptême. Aussi avec les petits, les jeunes, les adultes en marche vers le baptême regardons la croix du ressuscité pour être ensemble filles et fils de la lumière, le peuple de l’alliance.

Et c’est bien de l’alliance que nous a parlé la première lecture, le livre des chroniques. C’est  la relecture d’une période douloureuse de l’histoire du  peuple Hébreux, une réflexion à long terme sur l’histoire qui aboutit toujours à  la même conclusion : malgré les infidélités de son peuple, malgré nos infidélités, Dieu reste fidèle. Malgré tous les avatars possibles, le cours de l’histoire ne peut aller que dans le sens de Dieu, ce monde ne peut que réussir pour notre bonheur, sinon Dieu serait mis en échec.

Dans le temple de Jérusalem, l’unique temple au monde pour bien affirmer que Dieu est l’unique, s’étaient peu à peu au fil des ans, infiltrés des coutumes et cultes païens. Le cœur des croyants tout comme le temple s’était encombré d’idoles, de dieux venus d’ailleurs, de prescriptions humaines, dira  Jésus. On peut tous se reconnaître dans cette histoire et mesurer combien notre foi a sans cesse besoin de se purifier!

Le livre des chroniques médite sur la douloureuse histoire de la grande déportation  des hébreux et il en arrive à la conclusion que Dieu n’abandonne jamais les siens  à un passé de péché, un passé de rejet. Il nous invite donc chacun à réfléchir sur notre vie pour y découvrir la même expérience. Aussi chaotique que puisse être notre histoire, aussi loin que nous croyons être, Dieu nous rejoint, Dieu ne nous abandonne pas à notre sort. Nous pensons être loin de lui mais c’est lui qui est proche de nous. C’est vrai pour les vieux baptisés que nous sommes  comme pour les personnes qui se préparent au baptême pour Pâques. Aussi différentes que soient nos histoires, aussi différents que soient nos chemins, tous peuvent nous conduire à répondre à l’offre d’alliance.

« C’est bien par grâce que nous sommes sauvés, écrit l’apôtre Paul, cela ne vient pas de nous, c’est le don de Dieu »

En regardant la croix du Christ, la croix du ressuscité  élevé dans la gloire, nous nous découvrons les enfants bien aimés de Dieu  et nous pouvons faire eucharistie, c’est-à-dire rendre grâce.

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