ÉVANGILE « Je suis la porte des brebis » (Jn 10, 1-10)
En ce temps-là, Jésus déclara : « Amen, amen, je vous le dis : celui qui entre dans l’enclos des brebis sans passer par la porte, mais qui escalade par un autre endroit, celui-là est un voleur et un bandit. Celui qui entre par la porte, c’est le pasteur, le berger des brebis. Le portier lui ouvre, et les brebis écoutent sa voix. Ses brebis à lui, il les appelle chacune par son nom, et il les fait sortir. Quand il a poussé dehors toutes les siennes, il marche à leur tête, et les brebis le suivent, car elles connaissent sa voix. Jamais elles ne suivront un étranger, mais elles s’enfuiront loin de lui, car elles ne connaissent pas la voix des étrangers. » Jésus employa cette image pour s’adresser aux pharisiens, mais eux ne comprirent pas de quoi il leur parlait. C’est pourquoi Jésus reprit la parole : « Amen, amen, je vous le dis : Moi, je suis la porte des brebis. Tous ceux qui sont venus avant moi sont des voleurs et des bandits ; mais les brebis ne les ont pas écoutés. Moi, je suis la porte. Si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé ; il pourra entrer ; il pourra sortir et trouver un pâturage. Le voleur ne vient que pour voler, égorger, faire périr. Moi, je suis venu pour que les brebis aient la vie, la vie en abondance. »
Homélie
L’image du berger est une image classique et parlante pour tous les peuples du moyen orient. Elle est reprise dans toutes les civilisations pour parler du roi ou de Dieu, le berger suprême. On la retrouve ainsi tout au long de la bible, notamment dans ce psaume 22 que tout chrétien connait : « Le Seigneur est mon berger, rien ne saurait me manquer ». Et Jésus ne manque pas de s’appliquer à lui-même ce titre de berger, de bon berger, de celui qui est venu pour que les brebis aient la vie, la vie en abondance. Dans l’évangile de saint Jean, il se définit comme la porte par laquelle passent les brebis avant d’avancer sur un chemin de vie et bonheur. D’autres se présenteront en se parant du titre de berger, « des voleurs et des bandits », dit Jésus, pour exploiter le troupeau à leur profit, et non pour la joie et l’épanouissement de chacun
L’Eglise a fait de ce quatrième dimanche de Pâques, le dimanche des vocations. Dimanche de prière et de réflexion sur les vocations. La situation inquiétante, chez nous, du manque de prêtres, focalise la réflexion comme la prière sur la vocation sacerdotale mais comment peut-elle se comprendre sans une réflexion générale sur la vocation de chaque baptisé ? « Chrétien avec vous, prêtre pour vous » selon une formule de saint Augustin. Oui le prêtre est d’abord un chrétien, un homme qui doit réaliser comme tout un chacun sa vocation de chrétien, de baptisé, par sa vie, son travail, sa prière.
Baptisés, nous avons à témoigner de notre foi et de notre espérance dans l’amour, à témoigner par la parole sans doute dans certaines occasions mais toujours par notre vie, nos engagements, nos actes. Nous n’avons pas à faire de prosélytisme comme nous le rappelle le pape François mais à donner envie. Nous ne sommes pas des propagandistes ou des publicitaires mais des témoins. C’est notre vocation de prophète. Nous avons à rendre grâce pour la vie, pour la création, pour toutes les belles choses du cœur des hommes, c’est notre vocation de prêtre. Nous avons à prendre soin des autres comme de la création en la protégeant pour le bien de tous, c’est notre vocation de roi. « Prêtre, prophète et roi, » c’est ainsi que l’apôtre Pierre définit le baptisé, c’est ce qui est rappelé au cours de la célébration du baptême. Quelle que soit sa situation, chaque chrétien exerce pleinement ces trois fonctions.
Certains baptisés choisissent une voie particulière pour vivre leur baptême : ce sont les religieux et les religieuses, des laïcs dont le témoignage de vie rappelle à tous les valeurs évangéliques qui ne vont pas de soi dans la vie ordinaire. On a besoin que sans cesse quelqu’un nous les mette sous les yeux.
Et puis certains baptisés sont appelés à un ministère, un service particulier dans la communauté, service que l’on appelle le sacerdoce. Il faut insister sur le verbe : appeler, car c’est toujours l’Eglise qui appelle tout comme Jésus a appelé un groupe d’hommes à partager et à continuer son ministère d’annonce de la parole, de ministre des sacrements et de chef de communauté. Ce sont les apôtres et à leur suite les évêques. L’ensemble des évêques est successeur du groupe ou du collège des apôtres, c’est à ce titre que l’on parle de collégialité.
Répandues d’abord dans les milieux urbains, les communautés chrétiennes sont facilement en lien avec l’évêque tandis que les diacres gèrent matériellement les communautés avec un ministère particulier auprès des plus pauvres. C’est au moment de la multiplication des communautés et notamment de l’évangélisation de campagnes que les évêques, ne pouvant être partout, ont choisi des collaborateurs pour annoncer l’évangile, célébrer les sacrements et présider les communautés à leur place et en leur nom.
Le prêtre est donc un baptisé qui est appelé par l’Eglise et en dernier ressort par l’évêque pour un ministère particulier rempli au nom de l’évêque et donc forcément en lien avec lui et la mission des apôtres. Chaque prêtre est relié à une Eglise par son évêque, on dit qu’il est incardiné, c’est à dire attaché au service d’une Eglise. Le père Doche est incardiné au diocèse de Tarentaise, au service de l’Eglise qui est en tarentaise, le père Napou est incardiné au diocèse de Tamatave qu’il rejoindra bientôt, le contrat avec son Eglise et celle de Savoie arrivant à expiration, et moi-même je suis incardiné au diocèse de Chambéry. En lien avec l’évêque, le prêtre a trois fonctions : annoncer l’évangile, c’est sa première fonction, la mission ; puis célébrer les sacrements et présider la communauté au nom du Christ pasteur, « in personna Christ », tenant la place du Christ dit la formule latine.
Ces trois fonctions sont normalement, depuis le concile, clairement marquées dans le chœur de nos églises par trois lieux distincts et importants : l’ambon, lieu de la parole d’où sont proclamées l’évangile puis l’homélie, l’autel lieu de la célébration de l’eucharistie et enfin le siège du célébrant, lieu de présidence de l’assemblée.
Les diacres, les prêtres, les évêques ne tombent pas du ciel mais sont issus d’une communauté de foi. Alors finalement, ce qui est en cause chez nous dans le manque de vocations ministérielles, ne serait pas d’abord notre manque de foi ?
Définition du sacerdoce selon Saint François de Sales :
« Nous autres évêques, nous ne devons jamais nous refuser à personne si nous voulons faire notre devoir. Il faut que nous soyons comme ces grands abreuvoirs publics où tout le monde à le droit de puiser, ou non seulement les hommes mais les bêtes et même les serpents viennent se désaltérer »
( ST François à son frère, Jean François de Sales, son auxiliaire, titulaire de Chalcédoine d’après le recueil de la mère Greffier.)