ÉVANGILE « Dès que Jésus fut baptisé, il vit l’Esprit de Dieu venir sur lui » (Mt 3, 13-17)
Alors paraît Jésus. Il était venu de Galilée jusqu’au Jourdain auprès de Jean, pour être baptisé par lui. Jean voulait l’en empêcher et disait : « C’est moi qui ai besoin d’être baptisé par toi, et c’est toi qui viens à moi ! » Mais Jésus lui répondit : « Laisse faire pour le moment, car il convient que nous accomplissions ainsi toute justice. » Alors Jean le laisse faire. Dès que Jésus fut baptisé, il remonta de l’eau, et voici que les cieux s’ouvrirent : il vit l’Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui. Et des cieux, une voix disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui je trouve ma joie. »
HOMELIE
Dans la foule des pénitents qui se présentent à Jean pour recevoir le baptême, voici que se présente Jésus et lorsqu’il sort de l’eau une voix se fait entendre : « celui-ci est mon fils bien aimé, en lui j’ai mis tout mon amour ». Voici une nouvelle épiphanie, une nouvelle présentation, comme une authentification, une confirmation de sa vocation au début de son ministère publique.
Ce rite du plongeon, puisque baptême veut dire plongeon, n’est pas nouveau, c’est un rite qui exprime une volonté de conversion, un engagement, un passage vers quelque chose de nouveau, la mort à un ordre ancien pour une vie nouvelle. C’est ainsi qu’autrefois les Hébreux ont passé les eaux de la mer rouge pour que d’une bande d’esclaves en fuite naisse un peuple. Et après la longue marche dans le désert il a fallu traverser les eaux du Jourdain pour entrer dans une terre de liberté à construire. Aujourd’hui pour inaugurer l’alliance nouvelle, Jésus entre les eaux du Jourdain, il quitte les quelques 30 années d’enfouissement, d’incognito à Nazareth pour une nouvelle vie, celle de prédicateur itinérant.
Cette fête est l’occasion chaque année pour les vieux baptisés que nous sommes de nous réapproprier ce sacrement.
Dans l’ancienne alliance et y compris pour Jésus le baptême n’est pas un sacrement mais un rite de conversion comparable pour nous au rite des cendres au début du carême, rite non sacramentel mais qui signifie de notre part une volonté de conversion, par contre le baptême chrétien est un sacrement qui prend sa source non pas au Jourdain mais dans la mort et la résurrection de Jésus, c’est un sacrement pascal. C’est le plongeon, le plongeon dans la mort avec le Christ pour renaître pour ressusciter avec lui. Il ne fait pas de nous des enfants de Dieu, comme nous le disons parfois abusivement puisque tout être humain est enfant de Dieu, mais il nous rappelle, il nous signifie notre dignité d’enfant de Dieu, et nous fait entrer dans une famille : l’Eglise dont le rôle est de témoigner de l’amour de Dieu pour tous. L’Eglise, pas telle ou telle Eglise mais l’unique Eglise du Christ, celle qui est au-delà de toutes nos divisions, celle que nous proclamons dans le symbole des apôtres ; je crois en l’Eglise catholique, c’est-à-dire universelle, l’Eglise indivise. C’est si vrai que le baptême célébré dans l’une ou l’autre Eglise chrétienne est bien sacrement et si un chrétien passait d’une Eglise à une autre, il n’est pas rebaptisé, sinon ce serait un manque de foi dans l’Eglise du Christ qui est bien au-delà de nos divisions. Et ce symbole des apôtres que nous proclamons maintenant pratiquement chaque dimanche tout comme le symbole de Nicée-Constantinople, constituent le patrimoine commun à tous les chrétiens. Ce sont les mêmes symboles que nous proclamons et c’est l’adhésion à ces symboles qui fait que l’on est chrétien. Le mot symbole est un mot grec qui signifie ce qui rassemble, ce qui unit et son contraire, ce qui divise s’appelle le diable, le diviseur, celui qui dès la première page de la genèse sème la zizanie entre l’homme et la femme, entre l’homme et Dieu, entre l’homme et la création.
Le baptême nous tire, nous sort du mal avec le Christ.
Les gens de l’ancienne alliance ont peur des masses d’eau, des étendues d’eau qu’ils considèrent comme les repaires des forces du mal. Ainsi quand la bible nous dit que peuple traverse la mer rouge ou le Jourdain , c’est pour dire que les forces du mal sont obligées de s’écarter devant Dieu. Quand Jésus marche sur l’eau c’est pour affirmer bien fort que les forces du mal ne peuvent pas l’engloutir, il les écrase. Plongés dans l’eau du baptême nous affirmons que nous sommes vainqueurs du mal avec le Christ et tous nous sommes tous appelés à marcher sur l’eau avec lui.
Vous savez que le sacrement du baptême se célèbre à tout âge même si majoritairement il est célébré chez nous pour les bébés. C’est une pratique qui remonte aux origines où lorsqu’une famille devenait chrétienne on baptisait tous les membres, du plus grand au plus petit. C’est ce que fera Pierre à Césarée chez le centurion romain où il s’est rendu à son corps défendant. Cette pratique du baptême des enfants que certains contestent, mais que l’Eglise catholique a toujours conservée, affirme haut et fort que l’amour de Dieu pour chacun ne dépend pas de la connaissance que nous pouvons avoir de lui, ne dépend pas de nos dispositions ou de notre bon vouloir mais que Dieu nous précède toujours, il fait le premier pas et même si jamais nous nous tournons vers lui, il est là. Avant que je puisse le connaître, le nommer, il y a un amour qui me précède et me fait exister. Cet amour est acquis à chacun , même à celui qui ne peut pas le connaître, même au plus petit, au plus faible et même à ceux qui ne pourront jamais le reconnaître. « En vérité je le comprends, dit l’apôtre Pierre, Dieu ne fait pas de différence entre les hommes »
Merci au ciel de s’ouvrir pour nous révéler tout cela, en Jésus le Christ, le fils bien aimé !