ÉVANGILE « D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? » (Lc 1, 39-45)
En ces jours-là, Marie se mit en route et se rendit avec empressement vers la région montagneuse, dans une ville de Judée. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth. Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint, et s’écria d’une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? Car, lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en moi. Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. »
Homélie
A quelques jours de la célébration de Noël, la liturgie du 4° dimanche de l’avent donne un coup de projecteur sur Marie, Marie la croyante qui aussitôt après la visite du messager du ciel « se met rapidement en route vers une ville de la montagne de Judée » .Décidément, ils ne tiennent pas en place ils ont la bougeotte ces hommes et ces femmes de la bible. Dès que Dieu intervient, dès qu’il se fait connaître, voilà qu’ils se mettent en route. Et c’est vrai de Marie comme de tous les autres depuis le célèbre ancêtre dans la foi : Abraham.
Marie enceinte de la bonne nouvelle, porteuse de la nouvelle alliance court vers sa vieille cousine. L’ancienne et la nouvelle alliance se rencontrent. « Tu es bénie entre toutes les femmes et Jésus ton enfant est béni » Voilà le bonjour, la salutation de la cousine que nous reprenons avec celle de l’ange, du messager du ciel dans la prière du « Je te salue Marie …. » Bonjour de la cousine Elisabeth qui se continue par la première béatitude de l’évangile « heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur ». Marie la servante, je suis la servante du Seigneur, est célébrée ici comme Marie la croyante, c’est là son titre de gloire ! Titre que Jésus mettra plusieurs fois en évidence comme un hommage à sa mère. Un jour il répondra à quelqu’un qui lui annonce que sa famille est là et voudrait bien le joindre : « Qui sont ma mère et mes frères ? Ceux qui écoutent la parole et la mettent en pratique » Un autre jour alors qu’une femme pleine d’admiration s’exclame : « heureuse la femme qui t’a porté dans son ventre et qui t’a nourri de son lait ! ». Il répliquera : « heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu et la garde » ! Deux hommages à la foi de Marie, cette foi plus importante, plus solide que les liens charnels qui peuvent unir la mère et le fils.
C’est parce qu’il s ‘est fait homme que Dieu rencontre et visite les hommes. Et c’est en visitant les hommes que les hommes rendent visite à Dieu, tant pis pour ceux qui le cherchent dans les nuages, dans le passé, dans des traditions ou dans les rêves …
Nous nous entendrons dire à la rencontre ultime : « Oui, quand tu visitais les pauvres , les malades , les étrangers , les prisonniers et tous les autres , c’est bien moi que tu visitais ! »
Vous savez sans doute aussi que ce passage d’évangile que nous méditons et prions aujourd’hui s’appelle le mystère de la visitation, mystère au sens moyenâgeux du terme : une scène de l’évangile…le mystère de la visitation, la rencontre de l’autre, l’ouverture, structurait toute la spiritualité de saint François de Sales qui a mis sous le signe de ce mystère la congrégation religieuse qu’il a fondée. Cette rencontre de l’autre se fait chez nous, car le monde vient jusqu’à nous : combien de pays, de civilisations, de religions viennent chez nous ! Rencontre qui se fait aussi dans les multiples voyages proches ou plus lointains. .Je relève cette phrase du pape Jean Paul 2, grand voyageur s’il en était, dans un message au congrès mondial de la pastorale du tourisme : « le voyage attentif et respectueux des uns et l’hospitalité ouverte des autres, peuvent transformer de simples visites touristiques en de véritables « visitations » .C’est vrai lorsque nos communautés paroissiales se visitent les unes les autres, notamment dans notre paroisse à l’occasion des fêtes patronales. C’est une source de joie, de partage et d’enrichissement. Et si nous avons parfois la chance de voyager, allons découvrir les communautés chrétiennes de ces pays. Communautés parfois minoritaires, en proie parfois à des difficultés pour exister qui attendent notre visite, qui ont besoin de se sentir reliées à nous, non pas pour exister mais pour que leur existence soit reconnue d’abord dans le pays où elles se trouvent. Comme responsable du service des pèlerinages j’ai eu la chance de vivre cette expérience en Chine, au Vietnam, au Cambodge mais aussi en Syrie, en Jordanie, en Egypte et bien sûr en Palestine. Lors de notre dernière visite avec un groupe de pèlerins à la paroisse de Taybeh, en Palestine, l’Ephraïm de l’évangile où Jésus s’est réfugié pour fuir la colère des responsables de Jérusalem, le curé nous a laissé ce message: Priez pour que nous ayons le courage de rester dans notre pays et puis : vous avez vu ce qui se passe chez nous, vous avez entendu eh bien en rentrant chez vous parlez !
« En ce temps là, Marie se mit en route rapidement …… D’où met-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? Heureuse celle qui a cru» et qui est sortie de chez elle.
Mystère de la visitation qui se renouvelle à Noël puisque Dieu est venu planté sa tente parmi nous ! »