Évangile « Ils étaient comme des brebis sans berger » (Mc 6, 30-34)
En ce temps-là, après leur première mission, les Apôtres se réunirent auprès de Jésus, et lui annoncèrent tout ce qu’ils avaient fait et enseigné. Il leur dit : « Venez à l’écart dans un endroit désert, et reposez-vous un peu. » De fait, ceux qui arrivaient et ceux qui partaient étaient nombreux, et l’on n’avait même pas le temps de manger. Alors, ils partirent en barque pour un endroit désert, à l’écart. Les gens les virent s’éloigner, et beaucoup comprirent leur intention. Alors, à pied, de toutes les villes, ils coururent là-bas et arrivèrent avant eux. En débarquant, Jésus vit une grande foule. Il fut saisi de compassion envers eux, parce qu’ils étaient comme des brebis sans berger. Alors, il se mit à les enseigner longuement.
Homélie
Le passage du livre du cantique des cantiques exprime bien le désarroi de Marie Madeleine devant le tombeau vide : « avez-vous vu celui que mon cœur aime ? ». Pierre et Jean constatent comme elle le tombeau vide puis ils s’en retournent chez eux, perplexes. Marie Madeleine reste, elle ne se résout pas à partir, elle veut comprendre…Alors lorsque Jésus l’appelle par son nom : Marie, elle reconnait son bien aimé et familièrement répond rabbouni, le diminutif affectueux de rabbi, maitre. Et voilà que se passe quelque chose d’extraordinaire, puisqu’elle est la première à reconnaitre le ressuscité, Jésus lui confie la mission de l’annoncer aux disciples. Ce n’est pas Pierre ni Jean qui reçoivent la mission mais Marie Madeleine qui va faire l’annonce la grande nouvelle, de l’évangile, de la nouvelle qui nous rassemble encore aujourd’hui : « j’ai vu le Seigneur et voilà ce qu’il m’adit »
Marie Madeleine est identifiée à la femme qui répand un parfum de grand prix sur les pieds de Jésus, un acte de vénération envers cet homme dans lequel elle reconnait le Christ ou messie. On l’identifie aussi à la sœur de Marthe et de Lazare, les amis de Béthanie chez qui Jésus et ses disciples aiment faire halte pour se reposer. On connait tous l’histoire de Marthe qui s’affaire pour bien recevoir ses amis alors que Marie reste assise à boire les paroles de Jésus. Marie Madeleine et Marthe, deux attitudes que l’on a tort d’opposer car dans nos vies nous avons tour à tour être et l’une et l’autre. « Que Marthe soit active mais qu’elle ne contrôle point Madeleine. Que Madeleine contemple mais qu’elle ne méprise point Marthe, car notre Seigneur prendra la cause de celle qui est critiquée » déclare saint François de Sales dans un entretien aux religieuses de la visitation. Plusieurs fois dans ses œuvres il parlera de ces deux sœurs. Dans une lettre à une de ses correspondante il lui conseille ceci : « Mêlez doucement dans votre vie l’office de Marthe à celui de Marie » Dans son homélie du 15 août 1618, il déclare : « Marthe et Marie représentent Notre Dame. Marthe quant aux soins qu’elle eut de son divin fils en sa vie mortelle. Marie qui écoutait et gardait dans son cœur et par la réception que lui fit son fils dans sa gloire. Notre Dame fit admirablement bien dans cette vie l’exercice de l’une et de l’autre de ces deux sœurs. » Et enfin en juillet 1622, quelques mois avant sa mort, se sentant fatigué, Saint François écrivait à son frère Jean François qui était son coadjuteur comme évêque de Genève : « Oh que je serai heureux si d’ici un an ou deux je pouvais tellement partager ma charge avec vous, que je puisse tenir la partie de Marie et vous celle de Marthe. Je ne désire pas celle de Marie parce qu’elle est meilleure mais parce que si je pouvais être un peu en repos aux pieds du Seigneur, il m’est avis que j’apprendrai certaines choses que je pourrai utilement laisser à la postérité par écrit ». Il avait bien conscience que dans la vie, il y avait des périodes où il nous faut être Marthe, il nous faut faire face et puis les années passant, l’âge de la retraite venant nous avons alors le temps d’être Marie Madeleine. Eh bien sur les conseils de saint François de Sales c’est personnellement le conseil que je retiens, que je vous invite à retenir en cette fête de sainte Marie Madeleine, apôtre de la résurrection.